Réforme des retraites, alopécie, ambitions… Pourquoi Edouard Philippe est-il sorti du bois ?

MISE AU POINT L’ancien Premier ministre a (enfin) apporté un soutien fort à la réforme des retraites du gouvernement jeudi soir

Thibaut Le Gal
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Edouard Philippe, ancien Premier ministre d'Emmanuel Macron.
Edouard Philippe, ancien Premier ministre d'Emmanuel Macron. — Juliette Avot
  • Très discret ces dernières semaines, Edouard Philippe a pris la parole jeudi soir pour indiquer qu’il soutenait « sans ambiguïté » la réforme des retraites voulue par le gouvernement.
  • L’ancien Premier ministre s’est confié sur ses changements physiques liés à l’alopécie, une maladie auto-immune qui affecte son système pileux.
  • Dans la lignée de ses dernières sorties, il a aussi pris un malin plaisir à prendre quelques distances avec Emmanuel Macron.

Un aide bienvenue pour les macronistes. Édouard Philippe a assuré jeudi qu’il soutenait « sans ambiguïté, sans bémol, sans je ne sais quelle petite circonvolution » la réforme des retraites voulue par le gouvernement. « Si nous voulons garantir à notre pays […] une prospérité constante [et] financer des mesures de justice sociale, alors nous devons travailler plus », a déclaré l’ancien Premier ministre lors d’un long entretien à BFMTV.

Plutôt rare dans les médias ces derniers mois, Le maire du Havre est donc sorti du bois pour offrir un coup de main à l’exécutif, mais aussi pour évoquer sa maladie et rappeler ses ambitions pour la présidentielle de 2027.



Soutenir le gouvernement sur les retraites

La discrétion d’Edouard Philippe ces dernières semaines sur la réforme des retraites commençait à faire jaser au sein de la majorité. « Il se tient à l’écart de tout. Il ne se mouille sur rien. Il était pour les 67 ans. Vous l’entendez aujourd’hui ? », pestait cette semaine un fervent soutien du président auprès de l’AFP. Six mois avant la dernière présidentielle, pourtant, le maire du Havre assurait que la « première réforme à faire » était celle des retraites. Sa proposition de repousser l’âge de départ « à 65, 66 ou 67 ans » avait d'ailleurs bien agacé le camp présidentiel. 

Dans la panade, Elisabeth Borne l'aurait donc personnellement appelé pour lui demander de « faire le job », en défendant publiquement la réforme qu'il appelait de ses voeux l'année passée. Deux heures avant son passage sur France 2, jeudi soir, la Première ministre a pu se réjouir d'entendre son prédécesseur lui apporter un franc soutien : « La réforme des retraites est importante, difficile, contestée mais nécessaire ». Dans un contexte de forte mobilisation sociale, la macronie pouvait difficilement se passer de cet appui de la personnalité politique préférée des Français

Balayer les rumeurs sur sa maladie

C’était moins attendu, mais Edouard Philippe a également évoqué ses changements physiques liés à l’alopécie, une maladie auto-immune qui affecte son système pileux. « Voilà ce qui m’arrive : j’ai perdu mes sourcils, et je crois qu’ils ne reviendront plus […] Ma barbe est devenue blanche, elle tombe un peu, les cheveux aussi. La moustache est partie », a-t-il estimé. « J’aurais aimé (..) peut-être espéré que ça ne soit pas un sujet. Mais je suis bien obligé de constater qu’il y a beaucoup de gens de bonne foi qui me regardent, qui voient ça, qui se posent des questions », a-t-il ajouté.




Son apparence faisait ces derniers mois l’objet d’interrogations, de spéculations, voire d’attaques sous la ceinture de la part de ses opposants. « Il n’a pas l’air en forme. Je ne suis pas médecin, mais s’il a cette tête-là, je ne suis pas sûr qu’il inspire confiance aux Français. C’est dur à dire, mais c’est la vie politique », se moquait ces dernières semaines, en privé, un député du Rassemblement national. 

L’intéressé a donc tenu à balayer les rumeurs. « Vous trouverez toujours des gens un peu misérables pour expliquer que derrière ça, il y doit y avoir quelque chose d’un peu plus sérieux. C’est la vie [mais] ça n’est ni douloureux, ni dangereux, ni contagieux, ni grave ».

Rester dans le jeu pour 2027

A l’issue de cette séquence, Edouard Philippe a d’ailleurs pris soin de préciser que l’alopécie « ne [l]'empêche pas d’être extrêmement ambitieux pour [son] pays ». Retiré sur ses terres normandes, l'édile n'a en effet pas tiré le rideau de la scène nationale, puisqu'il réfléchit « à ce que doit être un projet stratégique pour la France ». Dans la continuité de ses dernières sorties, l’ancien juppéiste garde ses distances avec Emmanuel Macron, évoquant des relations « cordiales » mais « lointaines ». Et si l'ex-Premier ministre soutient la réforme actuelle, il la juge « plus limitée dans son ambition » que celle qu'il portait, lui-même, en 2019.

Une critique voilée qui fait écho aux doutes de plusieurs élus Horizons à l’Assemblée nationale. « Ce n’est pas notre réforme. Avec Edouard Philippe on l’aurait fait différemment. On aurait fait quelque chose de plus global, et pas seulement paramétrique sur l’âge de départ. Il aurait fallu faire du travail le cœur du projet, parler de l’assurance chômage, des seniors, de l’apprentissage… », souffle une élue proche du maire du Havre. Edouard Philippe continue donc de tracer son sillon pour la présidentielle de 2027. Et il n'est pas certain, désormais, que les macronistes attendent avec tant d'impatience ses prochaines sorties.