Grand-Est : « Garçon très bien », « opportuniste »… Qui est le nouveau président de la région Franck Leroy ?

ÉLection Le maire d’Epernay depuis deux décennies, Franck Leroy, devrait être élu à la tête du Grand-Est ce vendredi à Metz. Il va succéder à Jean Rottner, démissionnaire fin décembre

Thibaut Gagnepain
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Franck Leroy a été élu président du Grand-Est le lendemain de ses 60 ans.
Franck Leroy a été élu président du Grand-Est le lendemain de ses 60 ans. — FREDERICK FLORIN /
  • Le Grand-Est a ce vendredi un nouveau président : Franck Leroy a été à sa tête à Metz.
  • Qui est ce jeune sexagénaire ? Il est notamment l’ancien directeur de cabinet de François Baroin à Troyes et maire d’Epernay (Marne) depuis une vingtaine d’années.
  • « Il est brillant car il sait toujours se placer dans le courant qui va aider à le faire élire », note un de ses détracteurs.

Et joyeux anniversaire ! Avec un petit jour de retard, les élus du Grand-Est (pas tous hein !) ont offert un joli cadeau à Franck Leroy. Le futur ex-maire d’Epernay (Marne), 60 ans depuis jeudi, est devenu ce vendredi à Metz président de la région. Il a succédé à Jean Rottner, dont il assurait l’intérim depuis le retrait pour « impératifs familiaux » fin décembre.

Qui est cette nouvelle tête presque inconnue à l’échelle d’un territoire qui compte un peu plus de 5,5 millions d’habitants ? « Il est connu dans la Marne », rétorque Charles de Courson, député Les Centristes de la 5e circonscription du département. Les deux ne sont pas très éloignés idéologiquement l’un de l’autre. « C’est un ami politique de longue date », confirme l’élu à l’Assemblée Nationale. « Il m’a dit récemment qu’il s’était mis en congé d’Horizons (le parti d’Edouard Philippe). C’est un homme de droite modérée. »



Visiblement non encarté donc, mais qui a connu plusieurs aventures. « Je l’ai connu à l’UDI avec Borloo, au Modem, chez les Républicains… Il est brillant car il sait toujours se placer dans le courant qui va aider à le faire élire », grince son ancien grand adversaire à Epernay, Jean-Paul Angers (Front de gauche). Les deux se sont affrontés à plusieurs reprises aux municipales, pour autant de succès de Franck Leroy.

La première fois en 2000, le natif de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) avait succédé à son ancien mentor Bernard Stasi. Il avait été le directeur de cabinet de cette figure locale au début des années 1990, avant d’être celui de François Baroin à Troyes. « Je le connais depuis presque 30 ans et je sais ses qualités. Franck Leroy est un élu profondément sincère dans ses convictions et son engagement. Il est à l’écoute des autres et a le pragmatisme adapté à la résolution des dossiers. C’est un maire estimé et respecté », explique ce dernier, qui a donc suivi de près le parcours de son ancien collaborateur.

Le nouveau président du Grand-Est a d'abord pris peu à peu des fonctions d’adjoint à Epernay, jusqu’aux finances de l’autoproclamée « capitale du champagne ». Dont il a pris les rênes depuis une vingtaine d’années donc, en résistant à quatre scrutins. Mieux, l’avocat de formation a régulièrement amélioré ses suffrages avec une réélection à plus de 61 % en 2020.

« Il habite Epernay comme moi, adore y faire son marché le samedi, on ne peut vraiment pas lui reprocher d’être parachuté », reprend son ancien opposant désormais retiré de la vie politique. Qui trouve même des qualités au nouveau président du Grand-Est… « C’est un excellent communicant, notamment sur les sujets qui lui tiennent à cœur comme le développement durable. On n’en fait pas énormément mais on surdimensionne la pub ! »

« Il saura apporter la stabilité nécessaire au Grand-Est »

Les véritables compliments viennent plutôt des personnes proches de ses idées. « Chacun connaît sa capacité de travail. C’est un gage de sérieux, allié à son sens de l’écoute qui lui vaut d’être un président apprécié des maires de la Marne », explique Arnaud Robinet, l’édile de Reims et membre du parti La France audacieuse (LFA). « C’est un élu local d’expérience qui est pleinement investi dans le fonctionnement de notre région en tant que premier vice-président avec des délégations structurantes pour le développement du territoire. Il a été un artisan majeur de la victoire de 2021 et était donc le candidat naturel pour succéder à Jean Rottner. »

Le maire d’Illkirch-Graffenstaden (Bas-Rhin) Thibaud Philipps le pense aussi. Lui aussi vice-président lors de la précédente mandature - et qui a été reconduit ce vendredi - parle de « quelqu’un avec qui il est simple de travailler, pragmatique et avec le souci d’aller au fond des dossiers. » Même son origine non alsacienne n’est pas un défaut dans une structure où il est souvent question de sécession ! « On a déjà eu la chance d’avoir deux premiers présidents de chez nous (avec Philippe Richert), c’est normal que ça change. Il y aura toujours des élus qui porteront la voix de notre territoire et puis ce n’est peut-être pas plus mal qu’il soit éloigné de ces considérations. »

« Il saura apporter la stabilité nécessaire au Grand-Est où son origine champardennaise sera selon moi, un atout pour dépassionner les débats quant au périmètre et au fonctionnement de la région », prolonge Arnaud Robinet, rejoint par Charles de Courson. « Il représente bien l’équilibre politique de la droite et du centre dans nos départements. C’est un garçon très bien avec du caractère, courageux et intègre. Son poste ne sera pas simple. » Bon anniversaire quand même !