Corruption au Parlement européen : Les députés ont refusé une commission d’enquête ?
Fake Off Certains sont soupçonnés de corruption en faveur de l’émirat du Qatar, mais une enquête va bel et bien être réalisée dès que la procédure judiciaire sera terminée
- L’Union européenne est plongée dans le scandale du « Qatargate », plusieurs députés du Parlement, notamment la vice-présidente, étant soupçonnés de corruption en faveur de l’émirat.
- Certains internautes affirment que les eurodéputés ont voté contre la commission d’enquête visant à tirer au clair cette affaire. Pour ces personnes, cela s’apparente à un aveu.
- En réalité, les politiciens ont rejeté un amendement qui visait à lancer cette commission immédiatement. 20 Minutes vous explique.
Les eurodéputés, tous malhonnêtes ? C’est ce que semblent penser certains internautes. « 436 députés contre 125 refusent de créer une commission d’enquête, sur la corruption au sein de l’institution, sont-ils tous corrompus ? », a publié l’une d’eux sur Twitter.
Les nombreuses publications de ce type font écho au scandale du « Qatargate » dans lequel est plongée l’Union européenne. Plusieurs députés du Parlement, notamment la vice-présidente, sont soupçonnés de corruption en faveur de l’émirat.
Le Qatar n’est d’ailleurs pas directement nommé par le parquet fédéral belge. Mais, il indique qu’est soupçonné un « pays du Golfe d’influencer les décisions économiques et politiques du Parlement européen, cela en versant des sommes d’argent conséquentes ou en offrant des cadeaux importants à des tiers ayant une position politique et/ou stratégique signification au sein du Parlement européen ».
« Qu’est-ce qui peut l’empêcher de se former si ce n’est qu’il y a une #corruption généralisée parmi eux tous ? », se questionne une autre internaute. Un argument qui vient renforcer le discours anti-europe ou encore du « Frexit » de certains convaincus de l’inutilité de l’institution. 20 Minutes fait le point sur cette commission d’enquête.
FAKE OFF
Contrairement à ce qu’affirment des internautes, le Parlement européen a bien voté une résolution, dans laquelle est prévue la mise en place future d’une commission d’enquête. Soutenue par la majorité des groupes parlementaires, cette résolution a toutefois été rejetée par le groupe d’extrême droite Idée et démocratie, dont fait partie le Rassemblement national.
Sur le document adopté le 15 décembre, il est clairement inscrit que le parlement « s’engage à créer une commission d’enquête, en vertu de l’article 226 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, à l’issue des enquêtes pénales et des éventuelles procédures judiciaires ».
Ces accusations font mauvaise presse à l’institution, qui tient donc à se protéger au maximum d’éventuels futurs scandales de ce type. Ainsi, le Parlement européen « préconise de charger une commission spéciale de détecter les lacunes potentielles du règlement intérieur du Parlement européen en matière de transparence, d’intégrité et de corruption ainsi que de formuler des propositions de réforme ». Egalement, « demande que le registre de transparence soit rendu obligatoire » et « étendu aux anciens députés ».
Aussi, sont suspendus « tous les travaux sur les dossiers législatifs relatifs au Qatar, notamment en ce qui concerne la libéralisation du régime des visas et l’accord UE-Qatar sur l’aviation ».
La confusion par les internautes vient du fait que le nombre de 436 députés ayant, selon les tweets, rejeté la commission d’enquête, est en réalité celui du nombre de députés européens ayant voté contre un amendement du groupe ID le 15 décembre. Celui-ci avait pour objectif de mettre en place cette fameuse commission d’enquête au plus vite, soit dès « la prochaine session plénière ».
Dès lors, différentes personnalités politiques se sont exprimées, comme le nouveau président du RN, sur le plateau de Quelle Epoque sur France 2, le 18 décembre. « En refusant la création d’une commission d’enquête parlementaire dès aujourd’hui sur le #QatarGate comme nous l’avons proposé, le Parlement européen cherche à enterrer l’affaire », a avancé Jordan Bardella. Il ne fallait pas manquer le terme « dès aujourd’hui », qui fait donc toute la différence. En réalité une commission d’enquête ne peut tout simplement pas être constituée tant que la procédure judiciaire n’est pas terminée.