Retraites, salaires : Une trêve de Noël avant la tempête sociale en janvier ?

PAS DE CADEAU Dans différents secteurs, les syndicats espèrent déjà de larges mobilisations en janvier prochain pour contester notamment la réforme des retraites du gouvernement

20 Minutes avec AFP
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Mobilisation de la CGT,  illustration.
Mobilisation de la CGT, illustration. — FRED SCHEIBER/SIPA

Un peu de répit pour le gouvernement. La perspective d’un mouvement social d’ampleur est écartée pour la fin de l’année. Mais, dans de multiples secteurs, les syndicats se préparent à répliquer fermement à la réforme des retraites que l’exécutif prévoit de présenter le 10 janvier. « Il y a déjà des préavis qui sont déposés pour le mois de janvier dans les professions où c’est obligatoire », a prévenu sur France Info le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez. On fait le point sur quelques secteurs emblématiques.



Transports : « durcir le mouvement » en 2023

Le ministre délégué aux Transports, Clément Beaune, s’est voulu « rassurant » jeudi, affirmant que « l’essentiel du service sera assuré » pour les trains et les avions à Noël. Du côté du transport aérien, Air France a affirmé la semaine dernière ne pas envisager « d’annulations à ce stade », malgré un préavis de grève des syndicats Unac et Sngaf du personnel navigant commercial pour la période du 22 décembre au 2 janvier. Des conflits sociaux ont par ailleurs été désamorcés chez Air Antilles, Air Guyane, Corsair et Easyjet.

A la SNCF, le premier week-end des vacances a été légèrement perturbé. Pour les week-ends de Noël et du Nouvel An, la CGT-Cheminots et SUD-Rail n’appellent pas à la grève des contrôleurs, même si les deux syndicats laissent courir leur préavis afin de laisser à chacun la possibilité de se joindre ou non au mouvement né en dehors de tout cadre syndical.

Le mouvement social devrait s’élargir à la rentrée, l’ensemble des syndicats de la RATP ayant appelé mercredi à « poursuivre et durcir le mouvement de grève dès janvier 2023 », autour de la question salariale mais aussi des retraites.

Energie : « la réforme des retraites inquiète »

Dans le secteur, la fin de l’année semble se détendre sur le front social, mais les syndicats pourraient sonner à nouveau la mobilisation début janvier, contre le projet de réforme des retraites qui prévoit de s’attaquer aux régimes spéciaux des électriciens et gaziers.

« Pour être prêts à se mobiliser si besoin, j’ai déposé un préavis de grève du 19 décembre jusqu’au 31 janvier, visant à mettre la pression sur le gouvernement. Ce serait totalement irresponsable de leur part de créer les conditions d’une mobilisation dans un contexte de crise énergétique, économique et géopolitique », a affirmé à l’AFP Amélie Henri, secrétaire nationale CFE-Unsa énergies pour EDF, deuxième syndicat du secteur des industries électriques et gazières.

Pour Fabrice Coudour, secrétaire fédéral de la FNME-CGT, « la réforme des retraites inquiète beaucoup, et c’est un gros sujet de conversation. Très clairement, s’il y a le projet de réforme des retraites, la CGT dans l’énergie sera en face ».

Fonction publique : « des mobilisations massives »

Pour les fonctionnaires, des raisons multiples de mécontentement « devraient permettre des mobilisations massives », veut croire Céline Verzeletti, secrétaire générale de la CGT des fonctionnaires d’Etat : des salaires au recul de l’âge de départ à la retraite des agents de la « catégorie active » (policiers, sapeurs-pompiers, infirmiers spécialisés…).

La Fédération hospitalière de France (FHF) redoute que la réforme ne ranime les ardeurs des bataillons d’aides-soignantes, qui bénéficient actuellement de la retraite à 57 ans.

Du côté de l’Education nationale, le premier syndicat des enseignants, la FSU, appelle à une journée de mobilisations et de manifestations le 17 janvier, pour les salaires, les retraites et le retrait de la réforme de la voie professionnelle.

Distribution : mobilisation dès le 22 décembre ?

Les mouvements se multiplient : sur les mois de novembre et décembre, des débrayages ont émaillé l’actualité de Conforama, Castorama, Cultura, les Galeries Lafayette à Lyon et Paris, a rappelé à l’AFP Audrey Ricci, secrétaire adjointe de la section fédérale Commerce de la FEC-FO. Go Sport, Pimkie et C & A pourraient aussi bientôt être concernés.

Les syndicats planchent sur une éventuelle mobilisation le 22 décembre à Paris, sans vouloir en dévoiler les contours. Aux côtés de salariés d’Aldi en grève pour les salaires, Amar Lagha, secrétaire général de la Fédération CGT commerces et services, était remonté jeudi : avec l’inflation, « il y a des mères de famille qui ne mangent plus, des travailleurs qui sautent des repas ».

« Il y aura aussi du monde dans la rue » au moment de la réforme des retraites, prédit Audrey Ricci. « On ne peut pas accepter d’avoir des salariés à bout de souffle, qui ont tout donné pendant la pandémie et qu’on veut faire travailler plus longtemps, c’est intolérable ».