Migrants : Les propos de Gérard Collomb sur l’accueil de l’Ocean Viking régalent l’extrême droite

REACTIONS Ce week-end, l’ancien ministre de l’Intérieur s’en est vertement pris à la politique migratoire d’Emmanuel Macron tout en se défendant de faire le jeu de l’extrême droite

Caroline Girardon
Gérard Collomb a vertement critiqué la politique migratoire menée par Emmanuel Macron.
Gérard Collomb a vertement critiqué la politique migratoire menée par Emmanuel Macron. — Konrad K. / Sipa
  • L’ex-premier flic de France Gérard Collomb s’est insurgé vendredi contre l’accueil de l’Ocean Viking à Toulon, réitérant ses propos dimanche dans une interview au Point.
  • Opposé à la création de « centres contrôlés » destinés à accueillir les migrants en France, il estime qu’Emmanuel Macron « ouvre une brèche » au risque de créer un appel d’air.
  • Si ses propos n’ont pas manqué d’être repris par l’extrême droite, l’ancien maire de Lyon se défend de vouloir faire le jeu du Rassemblement national ou de Reconquête.

En retrait de la vie politique depuis l’annonce de son cancer, l’ex-premier flic de France Gérard Collomb est sorti de sa réserve. De manière fracassante. Par le biais d’un tweet publié vendredi, l’ancien maire de Lyon s’est insurgé contre l’accueil à Toulon de 230 migrants ayant embarqué à bord de l’Ocean Viking, affrété par l’association SOS Méditerranée qui s’était chargée de les sauver en mer au large des côtes maltaises et libyennes.

« L’accueil en France de l’Océan Viking marque un tournant dans la politique d’immigration en France, critique-t-il. Lorsqu’en 2018 avait été envisagée la création d’un hot spot à Toulon je m’y étais opposé de toutes mes forces. » C’est d’ailleurs pour cette raison que l’ancien ministre de l’Intérieur aurait rendu son tablier, argumente-t-il alors que dans les milieux lyonnais, son retour a toujours été perçu comme la volonté de garder la mainmise sur la politique locale à l’approche des élections municipales.



« On ouvre une brèche en créant un précédent »

La construction de « centres contrôlés » destinés à accueillir les migrants en France, « c’est ce qui m’avait poussé à la démission du ministère de l’Intérieur, en 2018, même si je n’en ai pas parlé jusqu’à présent », confirme l’élu dans une interview accordée au Point. Et d’argumenter : « Toutes mes équipes [à l’époque] me démontrent, en effet, que compte tenu des législations françaises et européennes, si l’on accueille des migrants dans ce type de centre, on ne pourra pas les faire repartir, et que l’on se retrouvera dans la même situation que l’Italie, Malte, la Grèce ».



Selon Gérard Collomb, Emmanuel Macron « ouvre une brèche, en créant un précédent ». « Pour moi, cela ne peut qu’encourager les réseaux de passeurs pour qui les migrants sont une source de gains considérables (…) Dans les semaines qui viennent, on n’aura plus de bateaux qui pourraient venir en France du fait du mauvais temps, mais dès le printemps prochain, quand la mer sera redevenue calme, vous aurez 10, 20 ou 30 allées et venues de bateaux qui souhaiteront accoster en France », justifie-t-il.

« Mener une politique plus ferme »

Si ses propos ont été vertement critiqués par les élus de gauche, ils ont été tout aussi largement relayés par le Rassemblement national. « Le témoignage de Gérard Collomb confirme la vision immigrationniste qu’Emmanuel Macron n’a en réalité jamais cessée d’avoir », estime Marine Le Pen qui appelle à en « finir avec cette immigration anarchique et massive qui crée le chaos » en France. Pour Jordan Bardella, les « aveux » de l’ancien ministre de l’Intérieur sont « lourds ». « Il confirme que, pour Emmanuel Macron, l’immigration n’est pas un problème mais un projet », a-t-il argumenté lundi matin sur l’antenne de CNews.

« Il va être de plus en plus difficile au pouvoir et aux médias de faire croire que dénoncer l’invasion migratoire est "d’extrême droite" », réagit de son côté Eric Zemmour. Mais Gérard Collomb se défend de faire ainsi le lit de l’extrême droite. « C’est à force de ne pas prendre de décision en matière migratoire que l’on fait le jeu de l’extrême droite », répond-il, conseillant à Emmanuel Macron de « mener une politique plus ferme ». « Ce n’est pas massivement qu’il faut accueillir, mais qualitativement, pour donner une chance de vie à celles et ceux qui arrivent dans notre pays », conclut-il.