Des réactions à la sanction… Le point sur l’incident raciste à l’Assemblée nationale
RACISME « 20 Minutes » fait le point, ce vendredi, au lendemain d’un incident grave à l’Assemblée nationale qui a provoqué une interruption de séance et la condamnation unanime de la classe politique
- Grégoire de Fournas, un député RN a hurlé « qu’il retourne en Afrique » en pleine séance au Parlement, alors que Carlos Martens Bilongo, un député insoumis noir, posait une question au gouvernement sur l’immigration clandestine.
- L’incident a provoqué une interruption de séance. L’ensemble de la classe politique a condamné les propos du député, alors que le RN dénonce une « manipulation ».
- 20 Minutes revient sur l’incident alors que le bureau de l’Assemblée nationale, convoqué ce vendredi à 14h30, va décider du sort du député RN. Grégoire de Fournas pourrait écoper d’une sanction disciplinaire.
EDIT du 4 novembre à 16h45 : L'Assemblée nationale a exclu le député RN Grégoire de Fournas pour quinze jours
Un rassemblement de soutien à Carlos Martens Bilongo est organisé ce vendredi à 13 heures devant l’Assemblée nationale par La France insoumise. Alors que l’Insoumis posait une question au gouvernement jeudi dans l’hémicycle, Grégoire de Fournas, un député du Rassemblement national (RN) l’a interrompu en se fendant d’une remarque raciste : « qu’il retourne en Afrique ». L’incident a entraîné une interruption de séance. 20 Minutes revient sur cette séquence houleuse alors que le bureau de l’Assemblée nationale, convoqué ce vendredi à 14h30, va décider du sort du député RN.
Que s’est-il passé ce jeudi à l’Assemblée nationale ?
Face à la violence de l’invective, la bronca est montée des bancs de l’Assemblée, tous groupes politiques confondus. Jeudi, Carlos Martens Bilongo, député insoumis noir du Val-d’Oise, a posé une question au gouvernement sur l’immigration clandestine. « Qu’il retourne en Afrique », a alors clamé Grégoire de Fournas, député RN, selon le compte rendu écrit des débats de l’Assemblée.
« Compte tenu de la gravité des faits », la présidente de l’Assemblée nationale Yael Braun Pivet a suspendu la séance de questions. Un fait rarissime au Palais-Bourbon.
Quelles ont été les réactions de Carlos Martens Bilongo et de Grégoire de Fournas ?
« J’entends "retourne en Afrique", je réponds du tac au tac "pas du tout". Je me dis : "Qu’est-ce que je fais là ? On est en 2022" (…). Vous vous rendez compte de la violence ? On renvoie des Français à leur couleur de peau », s’est indigné ce vendredi sur RMC Carlos Martens Bilongo. La veille, le député avait dénoncé sur France info des propos « extrêmement choquants ». « Ma question est interrompue par un député qui me renvoie vers un continent que je ne connais pas (…) Je ne connais pas l’Afrique, je suis un Français comme tout le monde et aujourd’hui dans l’hémicycle, on insulte ma personne, on insulte des millions de Français qui me ressemblent », a-t-il assuré.
De son côté, Grégoire de Fournas a d’emblée dit « assumer » et a indiqué ne pas vouloir s’excuser. Depuis l’incident, le député de Gironde reproche « une manipulation » de ses propos et affirme ne pas s’être adressé à son collègue député, mais au bateau de migrants clandestins évoqué dans la question posée. « J’ai exprimé une phrase parfaitement légitime, qui n’est pas diabolique », argumente celui qui est également viticulteur.
Reste que Grégoire de Fournas a supprimé des tweets racistes de son compte Twitter peu de temps après sa saillie dans l’Hémicycle. Des internautes ont néanmoins fait des captures écran de ces déclarations. Parmi elles, celle de ce message dans lequel Grégoire de Fournas invite un internaute à « aller en Afrique » s’il « veut être avec des noirs ».
Que dit la classe politique ?
Les politiques de tous bords confondus soutiennent unanimement Carlos Martens Bilongo. L’onde de choc s’est propagée de l’Assemblée à l’Elysée. Jeudi soir, le président de la République Emmanuel Macron s’est dit « heurté » par des « mots intolérables », selon son entourage cité par l’AFP. « Le racisme n’a pas sa place dans notre démocratie », a pour sa part commenté la Première ministre. Elisabeth Borne a d’emblée assuré que le bureau de l’Assemblée nationale devrait prendre des sanctions.
« J’espère que le bureau de l’Assemblée nationale prendra la décision la plus forte pour sanctionner ce député. Je pense que la question de sa démission se pose pour lui », a indiqué ce vendredi sur BFMTV le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. « Ils ont beau mettre des cravates (…) C’est un mouvement profondément raciste », s’est exclamé Sylvain Maillard, vice-président du groupe Renaissance, qui assure que la majorité présidentielle ne siégera pas tant qu’une sanction lourde n’aura pas été prononcée. « L’extrême a montré son vrai visage », a commenté Mathilde Panot, cheffe du groupe LFI à la sortie de l’hémicycle.
La stratégie de « normalisation » du RN a, quant à elle, pris un sacré coup dans l’aile, un mois après l’anniversaire des 50 ans du parti d’extrême droite. Reste que, sur Twitter, face au tollé, Marine Le Pen a défendu le député de son groupe, estimant que « la polémique créée par nos adversaires politiques est grossière et ne trompera pas les Français ». Et la cheffe de file du RN d’estimer que « Grégoire de Fournas a évidemment parlé des migrants transportés en bateaux par les ONG qu’évoquait notre collègue dans sa question au gouvernement ». « C’est plutôt une manipulation pas très classe de LFI », a tranché Sébastien Chenu, député RN, vice-président de l’Assemblée nationale… Et qui siégera tout à l’heure au bureau de l’Assemblée.
Que risque le député Grégoire de Fournas ?
Exceptionnellement avancé, le bureau de l’Assemblée se réunit, en effet, ce vendredi à 14h30 pour décider du « sort » de Grégoire de Fournas. L’homme politique d’extrême droite s’expose potentiellement à quatre sanctions disciplinaires. Dans l’éventail des sanctions possibles, le bureau de l’Assemblée pourrait prononcer une censure avec exclusion temporaire.
C’est la sanction disciplinaire la plus élevée. Elle entraîne la privation de la moitié de l’indemnité parlementaire du député durant deux mois et l’interdiction de paraître au Palais Bourbon pendant quinze jours de séance. Les autres sanctions possibles, plus légères, sont le rappel à l’ordre, le rappel à l’ordre avec inscription au procès-verbal et la censure dite « simple », soit le retrait de la moitié de son indemnité parlementaire pendant un mois.
Alors que Nupes et camp présidentiel plaident pour la sanction « la plus lourde », la proposition du bureau doit être approuvée par un vote assis-debout de l’Assemblée qui aurait lieu à 15h30, ce vendredi.