Meurtre de Lola : Vifs débats à l’Assemblée, le gouvernement dénonce une récupération politique
Critiques La droite et l’extrême droite accusent le gouvernement de laxisme depuis les révélations sur la principale suspecte du meurtre de la jeune Lola
Parfois, le fait divers s’impose dans l’agenda politique. Alors que la journée aurait dû être marquée par la grève interprofessionnelle ou par les questions sur l’utilisation du 49.3, le gouvernement a été renvoyé en boucle au même sujet : le meurtre de Lola, une adolescente retrouvée dans une malle à Paris. L’émotion naturellement suscitée par ce crime a pris une autre tournure après des révélations sur la principale suspecte, Dhabia B., une SDF d’origine algérienne ciblée par une obligation de quitter le territoire français.
Il n’en fallait pas plus pour que l’extrême droite ouvre le feu des critiques : Nicolas Dupont-Aignan a critiqué un « silence abject de Macron », Marine Le Pen a souhaité un débat sur « l’immigration clandestine en France », et Eric Zemmour a ressorti le terme de « francocide ». « Il y a beaucoup d’indécence de la part de personnes qui transforment cette histoire en tract électoral », s’est défendu le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, ce mardi matin sur RTL.
Débats vifs à l’Assemblée
Il a notamment rappelé que la suspecte n’était « pas connue des services de police » et « arrivée régulièrement en tant qu’étudiante » en France en 2016. « Pendant un seul instant, il faut que les responsables politiques réfléchissent aux conséquences de leurs mots sur ne serait-ce que les familles qui voient les photos de leur fille partout circuler », alors que des militants d’extrême droite ont affiché le visage dessiné de Lola en photo de profil sur les réseaux sociaux. Emmanuel Macron, lui, a reçu la famille de Lola à l’Elysée.
Mais le débat s’est ensuite ouvert à l’Assemblée nationale. « L’expulsion des délinquants étrangers doit être automatique », a lancé Eric Pauget, député Les Républicains de la 7e circonscription des Alpes-Maritimes. « Cette enfant a été martyrisée, violée par une clandestine […] Le défaut d’exécution de ces décisions rend votre ministère responsable de ce drame », a-t-il lancé à Eric-Dupont-Moretti à propos de l’OQTF visant la suspecte.
Elisabeth Borne réclame de la « décence »
L’arrivée du garde des Sceaux au micro pour répondre a déclenché les huées. « Faire de la petite politique, se servir du cercueil d’une gamine de 12 ans comme d’un marchepied, c’est une honte Monsieur le député ! », a tonné l’ancien avocat. « Vous êtes toujours au rendez-vous du malheur dont vous faites depuis des années votre miel », a ajouté le ministre, précisant que l’OQTF n’avait pas de valeur immédiate. « C’est notre loi, il n’y avait aucune raison qu’il en fut autrement. »
Insuffisant, pour l’ancienne candidate à la présidentielle Marine Le Pen. « La suspecte de cet acte barbare n’aurait pas dû se retrouver sur notre territoire, et ce depuis plus de trois ans », selon elle. « Trop de crimes sont commis par des migrants en situation irrégulière qu’on n’a pas voulu ou pas su renvoyer chez eux », a ajouté la députée RN. « Un peu de décence », a réclamé la Première ministre Élisabeth Borne. « Respectons la douleur de la famille, laissons la police et la justice faire leur travail. »