Congrès PS : Qui est sur la ligne de départ pour diriger le parti ?
COURSE Le congrès du Parti socialiste aura lieu fin janvier à Marseille et les candidats fourbissent déjà leurs armes
- Le Parti socialiste entre dans sa campagne pour le congrès, qui se tiendra fin janvier 2023 à Marseille.
- Olivier Faure, le premier secrétaire sortant, pourrait être challengé par deux autres motions.
- La principale ligne de fracture : le rapport à la Nupes.
Les socialistes ont fixé leur rendez-vous : à Marseille, du 27 au 29 janvier 2023. C’est là que se tiendra le prochain congrès du Parti socialiste. Olivier Faure, le premier secrétaire depuis 2018, tentera de décrocher un nouveau mandat à la tête du parti. Mais ça sera peut-être un peu moins facile que lors du dernier congrès, à Villeurbanne, en 2021. A l’époque, le député de Seine-et-Marne avait été réélu avec 72 % des voix face à la maire de Vaulx-en-Velin, Hélène Geoffroy. « Si c’est comme en 2021, avec deux motions, il n’y aura aucun problème pour Olivier Faure, s’il y en a trois, ça sera différent », exposait, mi-septembre, un député pro-Faure. Le congrès est encore loin, mais c’est bien vers un scénario avec trois grands courants qu’on pourrait se diriger.
Dimanche, environ 150 cadres du Parti socialiste ont signé une tribune dans Le Journal du dimanche pour créer une « troisième voie » entre la direction actuelle et son opposition. A la tête de « Refondation » (un mot qu’on retrouve dans à peu près tous les congrès socialistes) on trouve trois élus locaux : Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen, Lamia El Araaje, conseillère de Paris, ancienne députée, et Claire Fitta, élue d’Occitanie, proche de Carole Delga. La veille, c’est Hélène Geoffroy qui a remis le couvert dans une tribune baptisée (surprise) « Refonder, rassembler, gouverner ».
La Nupes au cœur du débat
Si cet été tout le monde s’en défendait encore, la principale question de la campagne interne sera bien stratégique : que faire de la Nupes ? Chez Olivier Faure, on veut continuer, les autres veulent bien l’union, mais sans LFI. « Le rassemblement de la gauche, on le fait vivre tous les jours, estime Nicolas Mayer-Rossignol, le maire de Rouen qui gouverne localement avec les écolos, notamment. Mais pour rassembler, il faut être clair sur ce que l’on est. » Et ce qu’on n’est pas. Dans la 3e voie on n’est vraiment pas insoumis. « J’en ai marre d’être associé à Danièle Obono ou Sandrine Rousseau », souffle un signataire, cadre local du PS.
Ce malaise vis-à-vis de LFI ou des figures les plus radicales de la Nupes, la majorité sortante ne le balaye pas : « Leur figure est cristallisante dans l’opinion comme chez les militants socialistes, décrit un pro-Faure. Il y a une volonté d’instrumentaliser le rejet des insoumis pour en faire une ligne politique. Mais c’est suffisant. L’union de la gauche sans LFI, ça n’a aucun sens politique, c’est suicidaire. » D’ailleurs, les tenants de la 3e voie ne veulent pas faire de cet enjeu le plus important, prétextant qu’un congrès, c’est avant tout une ligne politique et du fond. « Un congrès politique c’est toujours du fond et de la stratégie ! », rétorque-t-on chez les pro-Faure.
Sur le fond, peu de différences
Sur le fond, donc, on ne connaît pas encore ce que proposera Olivier Faure, mais les opposants n’ont rien avancé de très nouveau. « Est-ce qu’on se satisfait du monde tel qu’il ne va pas ?, demande Nicolas Mayer-Rossignol. La France n’arrive pas à répondre aux défis de ce siècle en matière sociale et écologique. » Le maire de Rouen veut se baser sur la « crédibilité » des élus locaux socialistes pour rebâtir la crédibilité du PS au niveau national… Globalement ce que le PS dit depuis déjà quelques années. « Franchement la tribune pourrait être reprise à 80 % par Olivier Faure », ironise un proche député. « Peut-être, mais au bout de cinq ans on nous dit que le PS est dans un état léthargique », répond Mayer-Rossignol.
C’est clairement le point faible d’Olivier Faure : pour beaucoup, le Parti socialiste n’a pas assez travaillé ces dernières années. Côté direction, où on rappelle que le parti n’a plus que 20 permanents contre 150 il y a dix ans, on trouve que c’est un peu fort de café : « Moi j’aimerais que ces gens-là mettent un peu plus les mains dans le cambouis, s’agace le député pro-Faure déjà cité. Quand on a fait les auditions pour le projet mené par Boris Vallaud et d’ailleurs presque entièrement repris par Hidalgo, on ne les a pas beaucoup vus. » Aussi, le malaise face à un sentiment de va-et-vient plus ou moins à gauche pourrait en faire tomber certains dans l’opposition.
Le congrès est dans trois mois et demi, et les lignes ne sont pas figées. Côté Faure, on se demande si la 3e voie, qu’ils jugent très parisienne, arrivera « à tenir tout le monde dans ce déni stratégique que les militants voient bien ». On ne peut pas totalement exclure que ceux-là s’entendent in fine avec Olivier Faure. Et Hélène Geoffroy, dans tout ça ? Si en « on » personne n’en dit du mal, elle passe - et le mot est faible - pour le repoussoir de ce congrès. « Elle est nulle et autour d’elle, il n’y a que des gros nuls », cingle un haut cadre du parti, encore non-aligné. Même côté 3e voie, une alliance avec elle passe pour le baiser de la mort : « Ah non ! On ne veut pas des pro-Le Foll ! Certainement pas ! Si on fait alliance, moi je repars chez Faure », expliquait en début de semaine à 20 Minutes le cadre local cité plus haut. La bataille ne fait que commencer.