Traiter un politique de pédophile à la télé, est-ce que ça paye?

Frédéric Mitterrand est pédophile et doit démissionner. Lundi soir, dans l'émission Mots croisés, Marine Le Pen s'en est violemment pris au ministre de la Culture, lisant des passages de l'ouvrage La Mauvaise Vie dans lequel celui-ci, selon elle, raconte le «tourisme sexuel» auquel il se serait livré. Lancer de telles accusations à la télévision, la méthode a déjà été éprouvée, sans succès, par François Bayrou mais aussi par la vice-présidente du FN elle-même.

A quelques jours des élections européennes, en juin dernier, le patron du MoDem est allé au clash avec Daniel Cohn-Bendit lors de l'émission A vous de juger. «Je trouve ignoble, moi, d'avoir poussé et justifié des actes à l'égard des enfants que je ne peux pas accepter», a lancé François Bayrou au leader d'Europe écologie en référence à son livre Le Grand Bazar évoquant la sexualité des enfants.

Quelques jours plus tard, Europe écologie triomphe, avec un score historique de 16,3% des voix quand le MoDem se traîne avec 8,5%. Pas de quoi inquiéter Marine Le Pen, cependant, tant la stratégie de la provocation est dans l'ADN du Front national. C'est donc sans sourciller que la vice-présidente du FN s'est lancée dans sa diatribe. Et ce, malgré les protestations du présentateur Yves Calvi qui estime que le ministre décrit de simples «fantasmes».

«Le poisson pourrit toujours par la tête», conclut Marine Le Pen, citant un obscur dicton breton. Un discours bien rodé de l'héritière de Jean-Marie Le Pen, qu'elle avait déjà servi en 2004 à... Daniel Cohn-Bendit. «Jean-Marie Le Pen, lui, ne se fait pas tripoter la braguette par des gamins», avait-elle lancé à l'époque sur le plateau de France Europe Express.