L'étrange Monsieur Rocard, socialiste nommé quatre fois par Sarkozy

POLITIQUE L'ancien Premier ministre s'est fait une spécialité de prendre à contre-pied son parti...

20minutes.fr
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Michel Rocard a présidé, ce jeudi, la table ronde d'experts réunis pour plancher sur la taxe carbone. Une mission que lui a confiée, il y a quelques mois, Nicolas Sarkozy.


Michel Rocard a toujours eu plus de succès hors du PS qu'à l'intérieur. Déjà, en 1980, c'était lui le favori des sondages pour affronter Valéry Giscard d'Estaing à l'élection présidentielle. Las, il comprend qu'il ne peut lutter face à François Mitterrand, et retire sa candidature lorsque le futur vainqueur déclare la sienne. 


Pas si étonnant, alors, à ce qu'il ait plus de travail sous Sarkozy, que sous Jospin. Elu en 1994 au Parlement européen, il ne sera guère sollicité par le Premier ministre socialiste entre 1997 et 2002. Avec Ségolène Royal, en 2007, c'est un peu mieux. Pas rancunière, alors qu'il lui a demandé de lui céder sa place de candidate début 2007, elle lui confie une mission sur le numérique. 


En 2007, avec l'élection de Nicolas Sarkozy, tout s'accélère . En rupture de ban avec son parti, étiqueté «moderne», il constitue une proie de choix pour Nicolas Sarkozy. Michel Rocard va accepter quatre propositions de siéger dans des commissions créées par le chef de l'Etat.


En 2007, il prend accepte de siéger dans la commission Pochard, chargée de réfléchir à la condition enseignante. Après un propos interprété par Le Figaro comme une volonté de payer les enseignants au mérite, il préfère démissionner.


En mars 2009, il est nommé par Nicolas Sarkozy ambassadeur de France chargé des négociations internationales relatives aux pôles Arctique et Antarctique. «Ne riez pas de l'Arctique, c'est le concentré de tous les drames planétaires à la fois», précise-t-il à l'époque. «C'est une zone de non droit où n'importe qui peut faire n'importe quoi.»


En juin 2009, il est chargé de présider la Conférence d'experts sur la Contribution climat énergie, qui aboutit ce jeudi à un accord de principe sur la taxe carbone.


Dernier épisode, en juillet 2009, sa nomination aux côtés d'un autre ancien Premier ministre, Alain Juppé, à la tête d'une commission chargée de réfléchir au grand emprunt national. 


Il ne franchit cependant pas le Rubicon consistant à accepter un ministère, et marque à chaque fois sa différence avec Nicolas Sarkozy, au contraire d'un Bernard Kouchner. Ou d'un Claude Allègre, toujours annoncé... mais jamais nommé.