Audiovisuel public : Les députés votent en première lecture la suppression de la redevance
LEGISLATION Cette suppression suscite des inquiétudes sur la garantie d’indépendance des médias concernés
Lors de l’examen du projet de loi de finances rectificative 2022 au Parlement, les députés ont voté, en première lecture, la suppression de la redevance de l’audiovisuel public, ce samedi matin.
Les députés ont adopté par 170 voix contre 57 – principalement de gauche – cet article figurant parmi les mesures de soutien au pouvoir d’achat.La suppression de la redevance de 138 euros, payée par les ménages possédant un téléviseur et qui rapporte plus de 3 milliards d’euros nets par an, était l’une des promesses de campagne d’Emmanuel Macron.
Un « outil obsolète » selon le gouvernement
Des amendements venus de la majorité et de LR ont été adoptés pour affecter à l’audiovisuel public « une fraction » de la TVA, pour un montant d’environ 3,7 milliards d’euros, dans le but de répondre aux inquiétudes sur son financement. Lors de cette séance souvent agitée le ministre chargé des Comptes publics, Gabriel Attal, a exprimé son attachement à « un audiovisuel public fort », tout en qualifiant la redevance actuelle « d’outil obsolète ».
« Nous assumons de supprimer des impôts qui pèsent sur les Français », a-t-il poursuivi. Les principales objections sont venues des rangs de l’alliance de gauche Nupes, où de nombreux orateurs ont notamment mis en exergue les risques pour l’indépendance du service public.
L’indépendance de l’audiovisuel public, « une condition de la démocratie »
Pour Inaki Echeniz (PS), cette suppression est une « mauvaise idée », tandis qu’Alexis Corbière (LFI) a souligné que garantir « l’indépendance de l’audiovisuel public est une condition de la démocratie ».
Le RN a de son côté appelé à aller plus loin que la suppression de la redevance, en privatisant l’audiovisuel public. « Une grande démocratie comme la nôtre n’a plus besoin d’un service public », a affirmé Caroline Parmentier. La ministre de la Culture Rima Abdul Malak a fait valoir que « ce n’est pas la redevance qui garantit l’indépendance » mais l’Arcom (ex-CSA), l’instance qui nomme les dirigeants de sociétés de l’audiovisuel public.