Russie : Un opposant face à deux candidats « sosies » lors d’un scrutin régional

QUI EST QUI ? Selon l'opposant, il s'agit d'un subterfuge dans le but de déboussoler les électeurs et lui faire perdre des suffrages. Mais ce n'est pas illégal

20 Minutes avec agences
Un drapeau de la Russie (illustration).
Un drapeau de la Russie (illustration). — Pixabay / EvgeniT

Un Boris Vichnevski face à deux Boris Vichnevski. Même nom, même barbe et même coupe de cheveux : un opposant russe a découvert que deux concurrents lors d’un scrutin régional prévu le 19 septembre lui ressemblaient étrangement, un subterfuge du pouvoir visant, selon lui, à déboussoler les électeurs. Candidat à l’ élection du Parlement de Saint-Pétersbourg, Boris Vichnevski, militant bien connu du petit parti d’opposition Iabloko, sera opposé à deux autres Boris Vichnevski qui, comme lui, ont une courte barbe poivre et sel et une calvitie.

« C’est de la fraude. Ces gens participent à l’élection non pas pour être élus ou pour présenter leurs programmes mais pour embrouiller les électeurs », a affirmé lundi l’opposant de 65 ans. Il dit avoir appris l’existence de ces « sosies » après avoir reçu dimanche la maquette d’une future affiche électorale officielle. Celle-ci montre les photos d’identité des trois candidats côte à côte. Et la ressemblance est frappante.


Une réclamation à la Commission électorale

Selon l’opposant, ces deux homonymes auraient même spécialement changé de nom et d’apparence pour l’affronter, et fait retoucher leur photo pour accentuer la ressemblance sur les affiches. « Je connaissais un peu l’un de ces homonymes. C’est Viktor Bykov, membre du parti Russie unie (au pouvoir). Avant de devenir Boris Vichnevski, il n’avait pas de barbe, on peut retrouver sa photo sur le site du parti », soutient-il. Selon une enquête du journal Novaïa Gazeta, le deuxième homme, un certain Alexeï Chmelev, a également changé de nom pour l’élection.

Contactés lundi, le premier sosie présumé et l’antenne locale de Russie Unie n’ont pas répondu aux demandes de commentaires. Le deuxième homonyme était, lui, injoignable. Interrogée lundi sur le sujet à l’antenne de la radio Kommersant FM, la directrice de la Commission électorale russe, Ella Pamfilova, a déclaré réprouver ces pratiques. « C’est se moquer des électeurs », a-t-elle observé, tout en relevant que ce n’était pas illégal dans l’état actuel de la législation.

Sur Twitter, l’opposant Boris Vichnevski a néanmoins annoncé avoir adressé une réclamation à la Commission électorale pour qu’elle vérifie la légalité de la manœuvre et qu’elle indique clairement les anciens noms de ses « sosies » dans sa documentation officielle. Lors de précédentes élections, l’opposition avait déjà dénoncé la présence de candidats « homonymes » cherchant selon elle à parasiter ses candidatures. Elle s’est également plainte de la création de mouvements politiques créés pour l’occasion afin de diviser le vote contestataire.

Le scrutin pour le renouvellement du Parlement régional de Saint-Pétersbourg se déroulera du 17 au 19 septembre, en même temps que les législatives. Entre stagnation économique et scandales de corruption, le parti du Kremlin Russie unie recueille, selon l’institut de sondage proche des autorités Vtsiom, seulement 27,3 % d’opinions favorables. Il devrait néanmoins l’emporter sans difficultés, les voix critiques du Kremlin, qui auraient pu profiter du mécontentement, ayant été soumises à une campagne de pressions policières et judiciaires sans précédent à l’approche des élections. Les autorités ont notamment déclaré « extrémiste » et démantelé le mouvement de l’opposant emprisonné Alexeï Navalny.