Emmanuel Macron sur l’Afghanistan : « On ne peut pas imposer la démocratie, un gouvernement depuis l’extérieur »

JT Le chef de l’Etat s’exprimait depuis l’Irak au « 20 Heures » de TF1 sur la situation en Afghanistan

A.L. avec AFP
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Emmanuel Macron sur TF1 le dimanche 29 août 2021.
Emmanuel Macron sur TF1 le dimanche 29 août 2021. — Capture

« On ne peut pas imposer la démocratie, un gouvernement depuis l’extérieur » a déclaré Emmanuel Macron ce dimanche à propos de l’Afghanistan dans le journal télévisé de 20 Heures présenté par Anne-Claire Coudray, estimant par ailleurs qu’une discussion avec les talibans ne préjugeait pas d’une reconnaissance extérieure.

« On ne peut pas imposer la démocratie, un gouvernement depuis l’extérieur. Quand nous intervenons, nous devons le faire aux côtés d’un Etat souverain. Ce n’est pas par la force des armes qu’on crée un état souverain », a expliqué Emmanuel Macron, écartant ainsi toute action extérieure de la France.

Pas de reconnaissance automatique

Le chef de l’Etat a par ailleurs estimé que les discussions avec les talibans ne préjugeaient pas d’une reconnaissance ultérieure. « Celles et ceux qui ont le contrôle ce sont les talibans, de manière très pratique nous devons avoir ces discussions, cela ne préjuge pas d’une reconnaissance », a expliqué le chef de l’Etat, tout en fixant une ligne rouge : « S’ils pactisent avec les mouvements terroristes, ce sera inacceptable pour nous tous. »

Emmanuel Macron a aussi promis que la présence des forces françaises n’était pas dépendante de la présence américaine : « Nos forces spéciales sont engagées
dans un combat courageux, nous les maintiendrons aussi longtemps que les forces terroristes seront là. Si les Américains décidaient de se retirer nous ne serions pas dépendants de cette décision », a déclaré le président de la République.

Un mouvement migratoire comparable à celui de 2015 ?

Les arrivées de migrants afghans attendues en Europe après la prise de pouvoir des talibans ne seront pas aussi nombreuses que les arrivées massives de 2015 liées à la guerre en Syrie, selon Emmanuel Macron.

« Je ne pense pas que la situation que nous allons vivre soit comparable à 2015 parce que l’Afghanistan n’est pas la Syrie, et parce qu’il y a déjà eu de très forts mouvements » de migrants afghans au fil des ans. « Ce qui est sûr, c’est qu’il y aura plus de monde qui essaiera de venir en Europe et donc cela créera une pression sur nos capacités à accueillir », a-t-il déclaré, en référence aux flux migratoires illégaux, et après avoir répété que la France allait par ailleurs accueillir les Afghans menacés par les talibans.

Solutions au fil de l’eau pour les migrants

Concernant les Afghans que la France veut mettre à l’abri des talibans en raison de leur engagement aux côtés de la France par le passé ou leur engagement pour les droits humains, il reste « plusieurs milliers de femmes et d’hommes qui sont à protéger », a déclaré le Président.

« On a fait le maximum de ce que nous pouvions faire (…) nous allons construire avec nos partenaires, par une négociation aussi avec les talibans qui maintenant s’impose, les solutions pour au fil de l’eau, au maximum, leur permettre de quitter Kaboul et l’Afghanistan, et d’être protégés », a-t-il dit, alors que la France a fermé son pont aérien vendredi et que les Etats-Unis sont sur le point de fermer le leur.

Depuis Erbil

Emmanuel Macron accordait un entretien à la journaliste Alison Tassin sur la situation en Afghanistan et dans la région, et sur ses répercussions en France. L’entretien du chef de l’Etat se déroulait depuis Erbil, la capitale de la région autonome du Kurdistan irakien.

« Dans le cadre de son déplacement ce week-end en Irak pour un sommet régional coorganisé par la France autour de la stabilité et du terrorisme, le président de la République Emmanuel Macron accordera sur place un entretien exclusif à TF1 », avait annoncé la chaîne dans un communiqué.