Coronavirus : Le gouvernement serre la vis aux Antilles et tente de convaincre sur la vaccination

EPIDEMIE Le gouvernement a lancé un appel à la vaccination en Guadeloupe et en Martinique, deux territoires sévèrement touchés par des rebonds épidémiques

T.L.G.
Emmanuel Macron et Olivier Véran en Conseil de Défense.
Emmanuel Macron et Olivier Véran en Conseil de Défense. — ERIC GAILLARD/POOL/SIPA
  • Emmanuel Macron s’est particulièrement inquiété ce mercredi de la situation « dramatique » en Outre-mer, et notamment des flambées de cas dans les Antilles.
  • Le chef de l’Etat a lancé un appel à la vaccination, encore trop faible en Martinique et en Guadeloupe.
  • Plusieurs membres du gouvernement sont en déplacement cette semaine sur les deux îles pour apporter leur soutien et convaincre des bienfaits de la vaccination.

« La crise sanitaire n’est pas derrière nous, très clairement, nous allons vivre pendant encore plusieurs mois avec le virus ». Emmanuel Macron a prévenu ce mercredi que le pays était loin d’en avoir fini avec le coronavirus, lors d’un Conseil de défense en visioconférence depuis le Fort de Brégançon (Var). Le chef de l’Etat s’est particulièrement inquiété de la situation « dramatique » en Outre-mer, et notamment des flambées de cas dans les Antilles.

« Un scénario d’urgence est aujourd’hui devant nous », cela « implique la solidarité inconditionnelle de la Nation » et offre « la démonstration cruelle » que « la vaccination est le moyen le plus efficace » face au virus, a ajouté le président de la République. Le gouvernement a décidé de serrer la vis, en durcissant les mesures de confinement en Martinique et en Guadeloupe.

Des ministres sur le terrain, des soignants en renfort

Car les chiffres épidémiques dans les Antilles donnent le tournis : en Martinique, le taux d’incidence s’est envolé à 1.162 cas pour 100.000 habitants, bien au-delà de la moyenne nationale à 232.53 et très loin du seuil d’alerte fixé à 50. En Guadeloupe, ce chiffre s’élève à 1.769, contre 876 la semaine précédente. Une situation « complètement inédite », avec des « taux d’incidence que l’on n’a jamais connus » en France, a insisté Sébastien Lecornu, arrivé mardi soir en Guadeloupe. En pleine période estivale, le gouvernement souhaite montrer qu’il est au chevet des Antilles.

Le ministre des Outre-mer n’est d’ailleurs pas arrivé seul sur l’île, mais avec un renfort de 274 soignants et 60 pompiers de la métropole pour alléger la pression dans les hôpitaux. Le ministre de la Santé Olivier Véran, qui avait appelé la semaine dernière « à la solidarité nationale pour venir en soutien aux équipes médicales sur place », sera en Martinique jeudi. « C’est le rôle des ministres d’être sur place, de montrer le soutien de la métropole pour ces populations touchées de manière forte par le virus, relève Jean Terlier, député du Tarn et porte-parole du groupe LREM. C’est important aussi d’être au front quand ça ne va pas bien, quand il y a des contestations, pour faire passer le message du président sur la vaccination », dit-il, alors que des tensions ont émaillé les dernières manifestations contre le pass sanitaire.

Faire de la pédagogie sur la vaccination

C’est l’inquiétude de l’exécutif : le taux de vaccination est très en dessous de la moyenne nationale. Seuls 21,47 % des Martiniquais et 21,13 % des Guadeloupéens ont ainsi reçu une première dose (contre 66,66 % de la population française totale). Et déjà, la hausse des contaminations se répercute dans les hôpitaux et les services de soins intensifs. « Comme l’a dit le Premier ministre, la situation aux Antilles, c’est la preuve par l’exemple du bienfait de la vaccination. Les taux très bas de vaccinés entraînent des situations catastrophiques dans les hôpitaux », assure Jean Terlier.

« Si la situation est si grave aux Antilles alors que nous tenons en métropole, c’est que la vaccination est bien trop faible. Alors je lance un appel : Vaccinez-vous ! », a plaidé Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement ce mercredi. Mais la tâche s’annonce peut-être plus délicate qu’ailleurs. Car selon des spécialistes des Antilles ou le personnel médical local, la défiance vaccinale s’explique aussi par une méfiance des pouvoirs publics et de précédents scandales sanitaires, comme celui du chlordécone (un pesticide toxique utilisé pour les bananes entre 1972 et 1993). « Nous devons continuer la pédagogie sur la vaccination et lutter contre les désinformations, réplique Jean Terlier. Si vous avez des doutes, allez voir les données, qui sont publiques. Il n’y a aujourd’hui aucune raison objective de ne pas se faire vacciner. »