Régionales en Pays-de-la-Loire : Un vrai suspense pour la succession de Christelle Morançais

POLITIQUE Repoussées à cause de la crise sanitaire liée au coronavirus, les élections régionales se tiendront les 13 et 20 juin 2021. En Pays-de-la-Loire, les candidatures se dévoilent progressivement pour prendre la place des Républicains, élus en 2015

Frédéric Brenon et Julie Urbach
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Elections régionales 2021: Un vrai suspense en Pays-de-la-Loire — 20 Minutes
  • La crise sanitaire a décalé de trois mois les élections régionales. L'Assemblée nationale a fixé les dates des  élections aux 13 et 20 juin.
  • A quatre mois du scrutin, 20 Minutes fait le point sur les prétendants à la succession de Christelle Morançais, présidente du conseil régional des Pays-de-la-Loire.
  • Dans cette région, le scrutin s'annonce particulièrement indécis. Il dépendra en grande partie d'une éventuelle liste commune à gauche.

Elle a déjà basculé deux fois (2004 et 2015) ces vingt dernières années. La région Pays-de-la-Loire changera-t-elle une nouvelle fois de majorité politique en juin prochain ? C’est l’enjeu d’une élection régionale qui, dans un contexte forcément inhabituel, s’annonce particulièrement indécise sur ce territoire attractif. Le point sur les enjeux et forces en présence.

Qui seront les candidats ?

A la tête du conseil régional depuis 2017 sans avoir fait campagne sur son nom (elle avait pris le relais de Bruno Retailleau en cours de mandat), Christelle Morançais (LR) n’a pas encore annoncé si elle briguerait sa propre succession. « Ce n’est pas le moment. Elle est concentrée sur la crise et la relance », explique son entourage. Sa candidature, largement encouragée par son camp, ne fait pourtant guère de doute. Elle devrait intervenir au début du printemps.

Au centre, François de Rugy a été désigné « chef de file » de La République en marche. Mais sa candidature en tant que tête de liste n’est pas encore officielle. « Le temps n’est pas venu de faire campagne donc des déclarations de candidature », justifie le député nantais, qui ne fait toutefois pas trop mystère de ses intentions. De nombreux élus LREM le soutiennent, malgré la polémique l’ayant contraint à démissionner du ministère de la Transition écologique en juillet 2019.

A gauche, le socialiste Guillaume Garot a été le tout premier à sortir du bois. Candidat depuis octobre, le député de Mayenne et ancien ministre mise sur son « expérience » et sur « l’armature territoriale, favorable après les dernières municipales ». Reste à savoir si (et quand ?) il arrivera à s’unir avec l’ambitieuse liste écologiste, sans aucun doute menée par Matthieu Orphelin, député (ex-LREM) du Maine-et-Loire et ancien vice-président de la région. Agé de 48 ans, il a dévoilé sa candidature vendredi mais attend l’officialisation de son mouvement. La France Insoumise, qui a désigné Sandrine Bataille et Matthias Tavel comme chefs de file, compte aussi être de la partie.

Enfin, à la droite de la droite, le Rassemblement national connaît déjà son candidat : Hervé Juvin, 65 ans, désigné fin janvier. Fondateur du mouvement Localistes, il est député européen du RN depuis 2019, sans avoir sa carte au parti. Après avoir grandi en Loire-Atlantique, cet essayiste et homme d’affaires vient de se réinstaller dans la région, en Mayenne. La Sarthoise Cécile Bayle de Jessé, elle, représentera le parti Debout la France fondé par Nicolas Dupont Aignan.

Quel est le bilan du dernier mandat ?

« Conservatrice », « absente », « inactive », « idéologue », les qualificatifs ne sont pas tendres dans l’opposition pour désigner Christelle Morançais. « Son équipe a mis un terme à la politique sociale élaborée sous les précédentes présidences », estime Christophe Clergeau, chef de file du groupe socialiste et écologiste à la région. « La majorité manque d’innovation tant sur le plan économique que sur la transition écologique », considère Aykel Garbaa, président du groupe LREM à la région. Les Républicains ne font évidemment pas la même lecture. Ils saluent le « pragmatisme » et le « jeu collectif » d’une présidente très peu connue du grand public lorsqu’elle fut propulsée sur le devant de la scène. « Elle a été la révélation politique des dernières années », estime Anthony Béraud, secrétaire départemental des Républicains 44, qui insiste sur « sa gestion remarquable de la crise » et sa « mobilisation des chefs d'entreprise ».

Quels thèmes feront l’élection ?

La campagne n’est pas encore lancée. Mais la transition écologique, la jeunesse et la relance économique s’imposent déjà comme les thèmes majeurs pour tous les partis. A gauche, les ateliers collaboratifs s’enchaînent pour élaborer les programmes. « Notre projet sera aussi social, proposera de nouvelles façons de faire, loin des postures partisanes », promet-on dans le clan Orphelin, dont l’appel réunit près de 2.000 signataires. Les déserts médicaux ou l’alimentation sont chers au candidat PS qui veut montrer « le rôle très concret de la région ». A droite, on veut notamment amplifier les « résultats obtenus sur l’apprentissage » et « l’accompagnement des territoires ». Du côté de LREM, on estime qu’il faudra mettre également l’accent sur la santé. « Travailler main dans la main avec l’Etat », constitue aussi une priorité pour François de Rugy.

Qui va donc l’emporter ?

De l’avis général, le scrutin s’annonce particulièrement ouvert. « Bien malin celui qui peut prévoir aujourd’hui qui émergera. Le niveau de l’abstention sera sans doute décisif », résume un conseiller régional. PS et Verts ont chacun lancé des appels au rassemblement de la gauche mais personne n’a encore saisi la main tendue par l’autre. Si les négociations semblent encore loin d’aboutir, une alliance devrait, quoi qu’il en soit, se profiler pour le deuxième tour s’ils espèrent faire basculer la région. « Un seul objectif : gagner », promet Matthieu Orphelin. Du côté de LREM, on mise sur la notoriété de François de Rugy et ses références écologistes pour rafler la mise. « Il a la carrure d’un président de région. On y va clairement pour gagner », lâche Aykel Garbaa.

Les Républicains expriment davantage de prudence à ce stade. « Je vois des signes positifs, l’équipe sortante est appréciée. Mais on a peu de repères. Le paysage politique a beaucoup changé depuis 2015 », analyse Anthony Béraud. Du côté du Rassemblement national, on compte faire mieux encore que les 21,5 % de voix obtenus au premier tour en 2015 et synonymes de troisième place. Hervé Juvin appelle les électeurs à se déplacer massivement aux urnes. « C’est comme ça que le pouvoir se prend », insiste-il.

Selon un premier sondage Opinionway commandé par EELV courant janvier, une liste commune des écologistes et de la gauche menée par Matthieu Orphelin arriverait en tête des intentions de vote au premier tour avec 29 %, devant La République en Marche (25 %) et Les Républicains (24 %).