Lyon : Pourquoi le projet de salle arena d’Aulas et Parker sème-t-il la zizanie chez les écologistes ?
GROGNE Le projet d’immense salle à Décines, porté par les patrons du foot et du basket à Lyon, est loin de faire l’unanimité chez les écologistes. Plusieurs membres de l’exécutif de la Métropole ont voté contre ou se sont abstenus ce mardi
- Une nouvelle salle de 15.000 places est prévue sur une friche industrielle proche du Groupama stadium, l’enceinte où joue l’OL d’Aulas à Décines-Charpieu.
- D’un coût estimé de 100 millions d’euros, elle doit accueillir 80 à 120 manifestations par an : une majorité de concerts, des spectacles jeune public et des séminaires d’entreprises, ainsi que des rencontres sportives, dont les matchs d’Euroligue de l’Asvel.
Voilà un dossier qui pourrait bien mettre à mal l’unité de la majorité écologiste et gauche à Lyon. Pour construire leur « arena », Jean-Michel Aulas et Tony Parker, patrons du foot à Lyon et du basket à Villeurbanne, avaient besoin d’un vote positif à la Métropole. Ils l'ont obtenu ce mardi lors du conseil métropolitain mais le projet divise la majorité écologiste.
La délibération devait être examinée par les élus lundi soir mais la séance du conseil a été suspendue tardivement en raison d’un problème technique, et reportée à ce mardi matin. Cette nouvelle salle de 15.000 places est prévue sur une friche industrielle proche du Groupama stadium, l’enceinte où joue l’OL d’Aulas à Décines-Charpieu dans l’agglomération.
Un projet à 100 millions d’euros
D’un coût estimé de 100 millions d’euros, elle doit accueillir 80 à 120 manifestations par an : une majorité de concerts, des spectacles jeune public et des séminaires d’entreprises, ainsi que des rencontres sportives, dont les matchs d’Euroligue de l’Asvel, club que préside Parker et dont l’OL est actionnaire.
La mise en œuvre du projet nécessite de modifier le plan local d’urbanisme et de l’habitat, ce qui impliquait pour la métropole de Lyon d’organiser une concertation préalable, qui a eu lieu entre juillet et octobre. L’objet du vote est de permettre la poursuite de la procédure. Celle-ci avait été engagée fin 2019 sous l’ancienne mandature de David Kimelfeld et le président de la métropole Bruno Bernard (EELV), élu en juillet, a hérité d’un projet loin de faire l’unanimité parmi ses troupes, dont certains membres se sont abstenus ou ont voté contre la délibération ce mardi.
Du trafic en plus et une concurrence pour les lieux culturels
Jeudi dernier, Génération Écologie avait appelé à retirer la délibération soumise à l’approbation des élus, faute de quoi son représentant à la métropole voterait contre. « À l’heure de l’urgence climatique et environnementale », le parti « refuse que des dizaines de milliers de mètres cubes de béton soient coulées » pour un projet qui « correspond au monde de développement du sport et de la culture d’une autre époque ».
Des militants d’EELV de l’est lyonnais s’opposent aussi à un projet synonyme, pour eux, de pollution accrue – par le trafic routier induit – et de concurrence pour les lieux culturels existants. Les débats ont été animés lors de la dernière commission urbanisme, où la vice-présidente EELV chargée du dossier, Béatrice Vessiller, a dû le défendre face aux mécontents de son bord – sous le regard amusé de Gérard Collomb, qui s’opposa jadis aux Verts sur le dossier du Grand Stade de l’OL.
Une majorité de non chez les écolos ?
Lundi devant la presse, Bruno Bernard a souligné que la métropole ne finançait pas le projet et s’attacherait à le rendre « le plus écoresponsable possible », des enseignements ayant été tirés de la concertation en dépit d’une participation faible. Dans sa délibération, la collectivité demande notamment à l’OL de promouvoir le covoiturage pour l’accès à l’arena, de réduire l’empreinte carbone des spectacles et d’éviter leur concomitance avec des matchs de foot dans l’enceinte voisine, pour éviter une trop grande affluence locale. Des engagements insuffisants pour les adversaires du projet.
« Je vous laisse regarder quel sera le résultat du vote dans la soirée », a conclu Bruno Bernard avant le report du scrutin et le vote de ce mardi matin.