Budget 2021 : Le volet recette approuvé par l’Assemblée, le budget de la Sécu désormais au programme
ARGENT Droite et gauche ont voté contre, seule la majorité et ses alliés ont voté pour
D’un budget de crise à l’autre : l’Assemblée nationale a adopté largement mardi le premier volet du projet de budget 2021 et ses baisses d’impôts pour les entreprises, avant de se plonger dans les comptes de la Sécu, plombés par la crise du coronavirus. Consacrée aux recettes de l’Etat, la première partie du projet de loi de finances (PLF) prévoit la baisse de 10 milliards d’euros des impôts de production des entreprises pour relancer l’économie. Elle a été votée par 349 voix contre 199, et 10 abstentions, en première lecture.
Le texte, qui doit être adopté définitivement avant fin décembre, a recueilli le soutien de la majorité (LREM, MoDem et Agir) et d’une partie des UDI. Gauche et LR ont voté contre. Chez LREM, Alexandre Holroyd a défendu un « budget de mobilisation générale » face à « la dépression économique quasi généralisée ». Débattue durant une semaine, la baisse des impôts de production a agité l’hémicycle. La gauche a reproché à la majorité sa « vieille lubie » de la politique de « l’offre », avec ce « nouveau cadeau » aux entreprises. Et a réclamé, soutenue par quelques voix LREM, des contreparties sociales ou écologiques aux grandes entreprises.
Les engagements écolos pour plus tard
Le ministre des Comptes publics Olivier Dussopt renvoie la question des « engagements » écologiques ou sociaux des entreprises à la deuxième partie du budget consacrée aux dépenses. Le moment clé sera l’examen du plan de relance de 100 milliards d’euros, lundi prochain. Favorable à la baisse des impôts de production, la droite a cependant critiqué le « mur de la dette » dressé et le « durcissement brutal du malus automobile » pour l’achat de véhicules polluants, une « fiscalité punitive ».
Globalement, ce PLF table sur un rebond de 8 % du PIB en 2021, un déficit de 6,7 % du PIB et un endettement toujours vertigineux à 116,2 % du PIB. Mais ce budget est déjà « mort-né » selon Eric Woerth (LR), car il repose sur des hypothèses économiques établies avant la deuxième vague de Covid. « Winter is coming » (l’hiver arrive), reconnaît un responsable LREM.
« On se soigne avec la dette ! »
Après ce vote solennel, les députés ont entamé l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2021 et ses 2.000 amendements. Face à la nouvelle vague de l’épidémie, Olivier Véran a annoncé 2,5 milliards d’euros supplémentaires pour les établissements de santé. Cela doit notamment financer pour les personnels l’avancement à décembre de hausses de salaires du « Ségur » et une « survalorisation des heures supplémentaires ».
« On se soigne avec la dette ! », s’est indigné Jean-Pierre Door, défendant en vain pour LR une motion de rejet. Pour sa part, la gauche a dit craindre que ce budget ne soit qu'« une parenthèse avant le retour de l’austérité », et regretté de devoir « se prononcer à l’aveugle », sans anticipation notamment de l’impact sur les comptes sociaux des couvre-feux depuis le week-end. Particulièrement mal en point, la branche de l’assurance maladie (-19 milliards en 2021) a prévu de provisionner 4,3 milliards pour les masques, les tests et les arrêts de travail, dont 1,5 milliard pour une campagne de vaccination.