Coronavirus à Marseille : « Deux poids, deux mesures »… Rubirola et Vassal font bloc avec Raoult contre le gouvernement
EPIDEMIE Aux côtés de Didier Raoult à l’IHU de Marseille, Martine Vassal et Michèle Rubirola ont vivement critiqué la gestion de l’épidémie de coronavirus dans les Bouches-du-Rhônes par le gouvernement
- Ennemies politiques, Michèle Rubirola et Martine Vassal ont décidé de s’allier contre le gouvernement.
- Les deux élues marseillaises critiquent en effet l’intervention de l’Etat dans la gestion de la crise sanitaire à Marseille, sans aucune concertation selon elles.
- Un message délivré avec l’appui de Didier Raoult, qui appelle le gouvernement à « ne pas devenir fou ».
Mais qu’est-ce qui a donc poussé Michèle Rubirola, toute nouvelle maire de Marseille, et Martine Vassal, présidente du conseil départemental et candidate malheureuse lors des dernières municipales, à enterrer la hache de guerre, pour tenir un point presse commun ce jeudi à l’IHU ? L’invitation presse, envoyée tard ce mercredi dans la soirée, promettait la mise en œuvre de « nouvelles actions conjointes » contre le coronavirus à Marseille par deux anciennes ennemies politiques, au côté de Didier Raoult.
Mais la distribution annoncée de masques à Marseille, dans les collèges du département et aux bénéficiaires du RSA semblait plutôt être un prétexte pour mieux déclarer la guerre devant un parterre de journalistes. Autour du célèbre professeur Raoult, caution scientifique de leur nouveau combat, les deux rivales politiques ont décidé de faire, un temps, front commun, contre un même ennemi. Dans leur ligne de mire : le gouvernement, dont elles étrillent en chœur la gestion de la crise sanitaire à Marseille, particulièrement touchée par l’épidémie.
« Deux poids, deux mesures »
« Le gouvernement a décidé depuis Paris de ce qui serait bon pour notre ville, sans engager le dialogue nécessaire avec les élus, et surtout sans nous donner les moyens de faire respecter les décisions qui sont les siennes, critique Michèle Rubirola. Nous avons besoin que les décisions se prennent dans la concertation. »
« A Marseille, on est toujours montré comme les mauvais petits canards, abonde Martine Vassal. Mais ce qu’on demande c’est tout simplement de la concertation. » La présidente du conseil départemental et la maire de Marseille dénoncent en chœur le manque de soutien de l’Etat, notamment pour faire respecter le port du masque à Marseille.
Un gouvernement qui, pourtant, souhaitait imposer à Marseille un reconfinement, selon, Michèle Rubirola, « si la situation continuait à se dégrader ». Une possibilité « inenvisageable » pour la toute nouvelle édile. « A Paris, par contre, ils n’ont pas envisagé le reconfinement, s’agace Michèle Rubirola. C’est du deux poids deux mesures, je l’ai dit à Castex au téléphone, et je suis prête à le redire ». « Il ne faut pas devenir fou, même si je sais que c’est difficile à l’heure actuelle », lâche Didier Raoult, après avoir rappelé que sept personnes seulement étaient en réanimation à la Timone pour cause de coronavirus.
Olivier Véran en visite à Marseille
Dans cette guerre désormais ouverte, la fermeture des bars et des restaurants la nuit de 23 heures à 6 heures du matin dans les Bouches-du-Rhône cristallise ces tensions entre Paris et Marseille. Confirmant que le gouvernement avait initialement envisagé une fermeture dès 20 heures, la nouvelle maire de Marseille a ouvertement regretté que le cap de minuit négocié avec le préfet de région, Christophe Mirmand, n’ait pas été accepté.
« Le préfet a été à l’écoute et a essayé de porter la parole de maintenir deux services dans les restaurants, parce que c’est important, quand même de penser à l’économie locale, soupire Michèle Rubirola. Mais ce soir, on va voir le gouvernement et on va voir comment on peut travailler ensemble… »
« C’est facile de faire de la politique »
Le ministre de la Santé s’est en effet rendu à Marseille ce jeudi pour visiter un laboratoire de dépistage du coronavirus. Interrogé sur les critiques des deux élues locaux vis-à-vis du gouvernement, Olivier Véran a affirmé « qu’aucune décision n’est prise sans concertation avec les élus ». « Vous savez, j’aime la politique, tacle le ministre. Avant d’être ministre, j’étais député. Et avant d’être député, j’étais médecin. Et aujourd’hui, je viens vous parler comme ministre de la Santé. Je pourrais faire de la politique. C’est très facile de faire de la politique. Je ne suis pas venu pour ça. »
Et de lancer sur un ton acerbe : « La dernière fois que j’ai eu Madame Rubirola au téléphone, avec laquelle d’ailleurs je travaille très bien, donc je m’étonne de ces déclarations, je devais être en Lozère, il y a quatre ou cinq jours de cela, Elle me disait justement de sortir d’une réunion de concertation. Donc elle est parfaitement au fait, parfaitement au courant et croyez-moi, je lui rappellerai tout à l’heure, s’il y a des trous de mémoire, je les lèverai. Nous travaillons bien ensemble. » Une réunion, qu’on parie légèrement mouvementée, est organisée ce jeudi dans la soirée entre le ministre et les élus locaux.