Gouvernement Castex : Promue ministre déléguée, que va apporter Marlène Schiappa à la Citoyenneté ?

REMANIEMENT Marlène Schiappa quitte son poste de secrétaire d’Etat à l’Egalité entre les femmes et les hommes pour prendre ses nouvelles fonctions de ministre déléguée à la Citoyenneté

A.B.
Marlène Schiappa, nommée ministre déléguée à la Citoyenneté, sous la tutelle de Gérald Darmanin, nouveau ministre de l'Intérieur.
Marlène Schiappa, nommée ministre déléguée à la Citoyenneté, sous la tutelle de Gérald Darmanin, nouveau ministre de l'Intérieur. — Thibault Camus/AP/SIPA
  • Marcheuse de la première heure, Marlène Schiappa a été promue au rang de ministre déléguée à la Citoyenneté dans le gouvernement de Jean Castex, dévoilé ce lundi.
  • Celle qui a œuvré pour l’égalité entre les femmes et les hommes veut continuer à défendre cette cause dans son tout nouveau ministère. Mais que va-t-elle apporter à la gestion des questions liées à la citoyenneté ?
  • A peine a-t-elle été nommée que déjà des critiques s’élèvent et pointent une collaboration polémique avec son nouveau ministre de tutelle, Gérald Darmanin, accusé de viol.

Elle a été entendue. Et promue. La médiatique Marlène Schiappa accède au poste de ministre déléguée à la Citoyenneté, une récompense pour cette femme de 37 ans issue de la société civile qui a su profiter de l’émergence du sujet de l’Égalité dans la société pour révéler un sens politique aigu.

« Je veux faire plus, porter davantage de choses », disait début juin, dans les colonnes du Parisien, celle qui était alors la secrétaire d’Etat à l’Egalité femmes-hommes et à la lutte contre les discriminations, sentant le remaniement proche.

« Protéger la veuve et l’orphelin au nom de la République »

Aujourd’hui ministre déléguée, cette marcheuse de la première heure a d’abord été référente du candidat Macron sur les questions d’égalité avant d’être promue secrétaire d’État après son élection. Elle témoigne un soutien sans faille au président et se révèle commentatrice politique pugnace sur les plateaux télés. Malgré un portefeuille réduit et le plus petit budget du gouvernement, elle réussit en quelques mois à se faire un nom. Portée par l’émergence du mouvement mondial #Metoo, elle fait voter en 2018 une loi à son nom qui créé notamment l'outrage sexiste, pour pénaliser le harcèlement de rue, mène un « Tour de France de l’Egalité » et lance, un an plus tard, un «  Grenelle des violences conjugales » pour « mobiliser la société », notamment sur la question des féminicides.

« Chouchoute » de Brigitte Macron, l’ambitieuse Marlène Schiappa ne faisait pas mystère de ses envies de monter en grade. C’est désormais chose faite à la Citoyenneté. Un nouveau ministère créé à l’occasion du remaniement annoncé lundi. Mais que va apporter l’ex-première porte-voix de l’égalité femmes-hommes sur ces questions ? « A 17 ans, je rêvais de devenir gendarme pour protéger "la veuve et l’orphelin" au nom de la République », a déclaré (puis tweeté) Marlène Schiappa durant sa prise de fonction lundi, à l’occasion de la passation de pouvoir entre Christophe Castaner et Gérald Darmanin place Beauvau, où est rattaché son nouveau ministère.

En pratique, elle compte s’emparer des questions liées à la laïcité – elle a publié en 2017 Laïcité, point (éd. de l’Aube) – et continuer à défendre la place des femmes dans la société. « Au ministère de l’Intérieur, nous serons pleinement mobilisés pour protéger les femmes, pour que l’égalité femmes-hommes soit partie intégrante de la citoyenneté, de la laïcité », a-t-elle déclaré lors de la passation de pouvoir avec Elisabeth Moreno, qui lui succède au secrétariat d’Etat à l’Egalité femmes-hommes. « Le président de la République et le Premier ministre ont souhaité que tu t’occupes particulièrement des questions de citoyenneté », lui a indiqué ce mardi le nouveau ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. D’ailleurs, « il y a énormément à faire sur les sujets de citoyenneté, de laïcité », confie à BFMTV l’entourage de Marlène Schiappa. « On nous dit souvent "la laïcité de Manuel Valls", "la laïcité de telle ou telle personnalité ou de tel ou tel intellectuel". Je pense que c’est important pour nous de sortir de l’affrontement (…), de se dire "voilà la ligne qui est celle de la laïcité, point". Pas la laïcité ouverte, pas la laïcité bienveillante, pas la laïcité stricte, pas la laïcité offensive », expliquait-elle en 2017 sur LCP.

Un ministre de tutelle polémique

Sur les réseaux sociaux, l’annonce de sa nomination fait grincer des dents, et de nombreux internautes pointent l’hypocrisie de l’ancienne secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, qui a œuvré à en faire une grande cause du quinquennat. Et qui se retrouve aujourd’hui sous la tutelle du nouveau locataire de la place Beauvau, Gérald Darmanin, lequel fait l’objet d’accusations de « viol », « harcèlement sexuel » et « abus de confiance ». Une plainte pour viol qui n’a pas fait obstacle à sa nomination au ministère de l’Intérieur, a confié l’entourage du chef de l’Etat, puisque Gérald Darmanin bénéficie aujourd’hui, comme tout justiciable, de la présomption d’innocence.

« Honorée vingt ans après de devenir Ministre déléguée Place Beauvau auprès du Ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin », a-t-elle tweeté mardi.


De quoi s’attirer les foudres de nombreux internautes.




Et ils ne sont pas les seuls. La sénatrice socialiste Laurence Rossignol a dénoncé mardi la « formidable claque qu' Emmanuel Macron lance au visage de toutes celles et ceux qui se sont mobilisés contre les violences sexuelles » avec les nominations de Gérald Darmanin à l’Intérieur et Eric Dupond-Moretti à la Justice.

L’ancienne ministre des Droits des femmes s’est dite « perplexe » sur franceinfo sur leur « capacité » à « faire de la lutte contre les violences sexuelles une de leurs priorités », alors qu'« aucun de ces deux hommes n’a manifesté jusqu’à présent le moindre intérêt pour ces sujets ». Le collectif Osez le féminisme ! a de son côté lancé une pétition pour réclamer leur démission.