Gouvernement Castex: Les grands chantiers qui attendent Gérald Darmanin, nouveau ministre de l'Intérieur
REMANIEMENT Gérald Darmanin remplace Christophe Castaner au ministère de l’Intérieur dans le nouveau gouvernement de Jean Castex dévoilé ce lundi
- Gérald Darmanin a été nommé ministre de l’Intérieur du gouvernement de Jean Castex, en remplacement de Christophe Castaner désigné le 16 octobre 2018.
- A 37 ans, l’ex-ministre de l’Action et des Comptes publics dans le gouvernement Édouard Philippe, réélu maire de Tourcoing dès le premier tour, se voit récompensé par Emmanuel Macron.
- Trois grands chantiers attendent le nouveau locataire de la place Beauvau : la question des violences policières, restaurer la confiance des policiers envers leur ministre et le livre blanc de la sécurité intérieure.
Scandale des policiers de la CSI 93 visés par de multiples enquêtes pour des violences, vols, falsifications de PV, retour sur le devant de la scène médiatique de l’ affaire Adama Traoré en écho à la mort de George Floyd aux Etats-Unis, manifestations quasiment quotidiennes de policiers pendant plusieurs semaines… C’est peu dire que l’arrivée de Gérald Darmanin pour remplacer Christophe Castaner au ministère de l’Intérieur ne se fait pas dans un climat apaisé. Passage en revue des grands chantiers qui attendent le nouveau locataire de la place Beauvau.
La clé d’étranglement et la question des violences policières
C’est probablement le sujet le plus explosif auquel sera confronté le nouveau ministre. Celui qui a valu à Christophe Castaner de se mettre à dos une partie de l’opinion publique et des policiers. Début juin, alors que les manifestations contre les violences policières se multiplient en France, le ministre de l’Intérieur annonce que la clé d’étranglement – qui permet d’interpeller un individu opposant de la résistance en exerçant une pression au niveau du cou – est abandonnée. Une semaine plus tard, le directeur général de la police nationale informe ses équipes que cette technique est finalement maintenue jusqu’au 1er septembre, en attendant la définition d’une méthode alternative.
Un groupe d’une quinzaine d’experts travaille actuellement sur le sujet. « La difficulté, c’est de trouver une technique de substitution qui soit acceptable pour tout le monde », explique Patrice Ribeiro, secrétaire général de Synergie Officiers. La piste d’une généralisation du taser a été envisagée sans pour autant faire l’unanimité. « Cela reste une arme intermédiaire », insiste le syndicaliste.
Restaurer la confiance
Tout au long du mois de juin, le ministre de l’Intérieur a été confronté à la colère des policiers qui lui ont reproché son manque de soutien face aux accusations de violences et de racisme. Christophe Castaner a lui-même reconnu des maladresses de communication. « La priorité du nouveau ministre sera de restaurer le lien qui est distendu, il faut quelqu’un qui incarne la fonction », insiste le syndicaliste.
La visite surprise de Jean Castex, dimanche soir, dans un commissariat de La Courneuve, en Seine-Saint-Denis, illustre cette volonté de restaurer la confiance en interne. Le nouveau chef du gouvernement a souligné être venu « montrer le soutien du gouvernement de la République. Je sais que vous attendez de nous des actes. Ils viendront. Vous attendez de nous de la reconnaissance et du soutien. Ils seront sans faille. »
Le livre blanc de la sécurité intérieure
C’est devenu un serpent de mer : le livre blanc de la sécurité intérieure, qui devait à l’origine être dévoilé début 2020, sera vraisemblablement présenté dans les semaines à venir. Objectif : adapter les usages aux nouvelles pratiques délinquantielles, aux dangers émergents à l’instar du terrorisme ou aux évolutions technologiques. Des concertations menées auprès des professionnels mais également lors de conventions citoyennes qui pourraient aboutir à des évolutions structurelles importantes, à l’instar de la redéfinition des zones de compétence entre la police et la gendarmerie, et des évolutions pratiques, à l’image de l’utilisation des caméras-piétons.
Christophe Castaner a annoncé en juin son intention de généraliser ce dispositif et souhaitait que les images « puissent être communiquées, transmises, montrées pour établir ou rétablir les faits ». En les diffusant, par exemple, sur les réseaux sociaux ? « Actuellement, ce n’est pas possible. Toute exploitation de ces vidéos est interdite hors cadre judiciaire. Il y a donc une réflexion, dans le cadre du livre blanc, sur la nécessité de faire évoluer la loi. Il faut voir jusqu’où on peut aller, que tout soit bien cadré », confiait alors à 20 Minutes l’entourage du locataire de la place Beauvau.