Municipales 2020 : Malgré les « fronts anti-écologie » et les tensions avec le PS, EELV espère confirmer sa dynamique

ELECTIONS Au premier tour des municipales, les écologistes ont effectué une poussée significative, mais la tâche pourrait s’avérer plus compliquée au second tour le 28 juin

Thibaut Le Gal
Yannick Jadot
Yannick Jadot — Tristan Reynaud/SIPA
  • Au premier tour des municipales, les écologistes ont effectué une poussée significative, confirmant leurs résultats positifs des européennes.
  • Arrivés en première position dans plusieurs grandes villes, EELV espère emporter plusieurs mairies le 28 juin prochain.
  • Mais les « fronts anti-écologie » de la droite et de LREM, tout comme les difficultés d’alliance avec le PS, pourraient compliquer la tâche.

Une vague verte à venir ? Au premier tour des municipales, les écologistes ont effectué une poussée significative, confirmant leurs bons résultats aux européennes de 2019. Arrivés en première position dans plusieurs grandes villes, EELV espère emporter plusieurs mairies le 28 juin prochain. Mais les « fronts anti-écologie » et les tensions avec le PS pourraient lui compliquer la tâche.

Confirmer la dynamique malgré les « fronts anti-écologie »

« Au premier tour, on a déposé un nombre record de 121 listes dans les communes de plus de 30.000 habitants, soit près du double de 2014 », remarque l’eurodéputé EELV David Cormand. « Cette montée en puissance s’est confirmée dans les résultats, puisqu’on a presque toujours battu nos scores dans les villes ou on s’est présentées, en arrivant premiers à Lyon, Besançon, Strasbourg et Grenoble, et en étant en position de challengers à Toulouse ou Bordeaux », poursuit l’ancien patron du parti.

Mais face à cette poussée verte, réalisée parfois sans le soutien du PS, des tractations locales entre la droite et La République en marche ont eu lieux dans l’entre-deux tours. « Il y a un front anti-écolo qui se crée », s’est agacé mardi l’actuel secrétaire national d’EELV Julien Bayou sur Sud Radio. « LR et LREM organisent une coalition anti-climat pour bloquer les écologistes à Lyon et Bordeaux. »

Dans le chef-lieu du Rhône, le candidat écolo Grégory Doucet (28,46 %) devra ainsi faire face à l’alliance entre Etienne Blanc (LR, 17,01 %) et le poulain de Gérard Collomb Yann Cucherat (LREM, 14,92 %). Même type d’union à la métropole lyonnaise, mais aussi à Bordeaux, Strasbourg, ou Clermont-Ferrand (EELV est ici dans une liste d'union menée par le PS). A Toulouse, le maire LR sortant Jean-Luc Moudenc, soutenu par LREM, a aussi appelé à faire « barrage aux gilets rouges », dénonçant l’alliance entre les écologistes et les insoumis. « Ces fusions LR-LREM se font sur un substrat anti-écolo, mais elles clarifient dans ces villes l’enjeu du second tour : une offre politique de droite ou une proposition écologique de la gauche rassemblée », confie David Cormand.

Des alliances parfois difficiles avec les anciens alliés socialistes

Dans plusieurs des villes où ils n’étaient pas alliés avec le PS dès le premier tour, les écologistes ont noué des accords avec les socialistes en vue du second, comme à Paris, Nantes, Le Mans, Rouen ou encore Nancy. Mais la poussée verte a aussi parfois créé des tensions avec leurs traditionnels alliés, faisant échouer les discussions comme à Lille, Dijon, Grenoble, Le Havre, ou Strasbourg.

Dans la capitale du Grand-Est, Jeanne Barseghian, candidate EELV arrivée en tête le 15 mars (près de 28 %), se confrontera à l'alliance entre Alain Fontanel (LREM) et Jean-Philippe Vetter (LR) le 28 juin, mais aussi à la candidate socialiste Catherine Trautmann (19.8 %), faute d’accord. « On a travaillé pendant des semaines pour l’obtenir, mais il y a eu deux points d’achoppements : sur des projets routiers et sur la répartition des postes pour la métropole », indique Jeanne Barseghian. « La liste que j’ai conduite est arrivée en tête avec près de 9 points d’avance, donc nous souhaitions des listes à la proportionnelle. Car les rapports de force se sont inversés, la question écologique est désormais au cœur des préoccupations. »

L’ancienne ministre socialiste accuse, elle, les écologistes d’avoir « joué la montre » pour faire capoter l’accord,  dénonçant des pratiques dignes... « du vieux PS ». Olivier Faure a également dénoncé à sa manière l’hubris des verts pour expliquer l’échec des tractations entre les deux partis dans certaines communes. « Il y a des écologistes qui veulent prendre leur revanche sur l’histoire et cherchent maintenant à avoir une attitude qui correspond à celle que nous avons, nous, pu avoir à d’autres époques en cherchant à nous imposer à la coalition », a déploré mardi sur France 2 le patron des socialistes.

« Certains socialistes n’ont pas voulu renoncer à une forme d’hégémonie, et si les écologistes étaient tolérables pour eux à 15 %, ils sont devenus infréquentables à 25 % », réplique David Cormand. La dynamique verte devrait dépendre également de la mobilisation le 28 juin. La participation avait atteint un record historiquement faible au premier tour (44 %). Et selon une enquête de l'Ifop, l’abstention était bien plus importante chez les électeurs qui avaient voté EELV aux européennes de 2019 (à 60 %) que chez ceux qui avaient opté pour les autres partis (42 % pour le PS ou 40 % pour LR).