PMA pour toutes : Le Sénat entame l'examen de la loi bioéthique dans un climat apaisé, la droite partagée
POLITIQUE Le Sénat, à majorité de droite, entamait mardi l'examen du projet de loi bioéthique alors que la mobilisation contre l'ouverture de la PMA aux femmes lesbiennes et célibataires se poursuit dans la rue
- Le Sénat, à majorité de droite, débutait ce mardi l'examen du projet de loi bioéthique.
- Après l'Assemblée nationale, qui l'a adopté en première lecture mi-octobre, le Sénat va débattre jusqu'au 4 février du texte.
- Dimanche, des dizaines de milliers d'opposants ont défilé à Paris contre l'ouverture de la PMA à toutes les femmes.
Le Sénat va-t-il voter la loi bioéthique du gouvernement ? Tenue par une majorité de droite, la Haute-Chambre entamait ce mardi l’examen du texte, qui doit durer jusqu’au 4 février. Deux jours plus tôt, plusieurs dizaines de milliers de personne ont manifesté à Paris contre l’élargissement de la PMA à toutes les femmes, mesure phare du projet.
« Pas d’hystérisation du débat »
Avant la séance, les rares élus présents en salle des conférences louent pourtant un climat apaisé au sein du Sénat. « Nous avons eu des échanges enrichissants en commission spéciale. Il n’y a pas d’hystérisation du débat, même si beaucoup de votes se joueront à peu de voix », résume Hervé Marseille, élu des Hauts-de-Seine. Le chef de file des centristes se félicite ainsi de la sérénité entourant le texte. « L’exécutif n’est pas dans la posture, contrairement au gouvernement socialiste et à Christiane Taubira [alors ministre de la Justice] lors du projet de loi sur le mariage pour tous [en 2013], qui voulaient en faire un marqueur politique », dit-il.
Devant un hémicycle à moitié vide, Agnès Buzyn tente ainsi de rassurer l’aile droite du Sénat dès le début de sa prise de parole. « Il n’y a pas, il n’y a jamais eu et il n’y aura jamais de droit à l’enfant. [Il s’agit de] reconnaître la famille dans ce qu’elle a de divers, de pluriel et de riche », lance la ministre de la Santé, déclenchant quelques remous dans les travées.
Une opposition à droite, mais…
L’opposition au texte prend une voix plus concrète lorsque Bruno Retailleau, patron du groupe LR, met en garde ses collègues. « Quelque chose de fondamental se joue. Ce n’est pas un affrontement entre la droite et la gauche. C’est un choc entre deux modèles, le modèle anglo-saxon ultra libéral, et l’approche française, [qui donne] la première place à la dignité ». Le sénateur de Vendée fustige notamment l'ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux femmes célibataires. « Ce désir d’enfant ne peut s’exonérer des devoirs que nous avons envers les plus faibles, les plus fragiles. Dans ce texte, celui qui prend tous les risques, c’est l’enfant ! », tonne-t-il, dénonçant également « le risque de marchandisation » lié à la possibilité de « congélation des ovocytes ».
Pourtant, à droite, plusieurs élus ont déjà indiqué être favorables à l’extension de la PMA, à l’image d’Alain Milon, le président de la commission spéciale constituée pour examiner le texte. Le président du Sénat, Gérard Larcher, s’est dit quant à lui «assez ouvert» à cette promesse de campagne d'Emmanuel Macron, mais sous conditions.
Au terme d’un long débat en commission, les sénateurs ont d’ailleurs donné un premier feu vert à la mesure, tout en réservant sa prise en charge par l’assurance maladie aux couples hétérosexuels sur critère médical.
Un débat feutré, des opposants au texte manifestent à l’extérieur du Sénat
Sur cette question comme sur d’autres (réforme de la filiation et de l’accès aux origines, autoconservation des ovocytes, ou encore recherche sur les cellules-souches embryonnaires), l’issue des échanges s’annonce indécise. « Est-ce que la commission spéciale sera une photographie parfaite des débats en séance ? Personne ne le sait, mais je l’espère, car c’est un texte abouti », répond le co-rapporteur, Olivier Henno.
Le sénateur centriste du Nord, comme l’ensemble des parlementaires, se félicite du respect des différentes opinions. « Ce sont des sujets complexes, il est légitime de se poser des questions. Mais personne ne veut revivre la dramatisation qu’on a connue lors du mariage pour tous ».
Les critiques sont moins feutrées à l’extérieur du Palais du Luxembourg. Vers 19 heures, des opposants à l’ouverture de la PMA à toutes les femmes, dont la Manif pour tous, font entendre leur voix, au moment où l’article premier est examiné en séance.