Réforme des retraites : Jean-Luc Mélenchon et François Ruffin s’affichent ensemble à Amiens contre le projet du gouvernement
REPORTAGE Les députés insoumis Jean-Luc Mélenchon et François Ruffin ont tenu un meeting commun contre les retraites ce jeudi soir à Amiens (Somme)
- Jean-Luc Mélenchon et François Ruffin étaient en meeting commun ce jeudi soir à Amiens, au 43e jour de mobilisation contre le projet du gouvernement.
- Les deux députés insoumis ont demande le retrait du texte sur les retraites.
- Le patron de LFI a accusé le gouvernement de favoriser la mise en place d’une retraite par capitalisation.
De notre journaliste à Amiens (Somme),
Une étonnante reprise d' «I will survive» en picard est entonnée par une salle déjà bien chaude. Vers 19 heures, plusieurs centaines de personnes sont rassemblées salle Valentin-Hauy, à Amiens, pour entendre Jean-Luc Mélenchon et François Ruffin. Le patron de La France insoumise et le député de la Somme ont passé la journée côte à côte dans la « petite Venise du Nord », au 43e jour de mobilisation contre la réforme des retraites.
Après avoir harangué les cheminots en grève lors d’une assemblée sur le parvis de la gare puis participé à la manifestation dans les rues de la ville contre le projet du gouvernement, les deux élus tenaient un meeting commun. Arrivé dans la salle, François Ruffin esquive les questions. « J’peux pas là, j’ai pas le temps », dit-il, en fuyant.
« Ruffin est inscrit dans l’avenir de la gauche de ce pays »
L’élu local est plus loquace sur scène, quelques minutes plus tard, saluant la présence du chef de file des insoumis. « Merci Jean-Luc car dès que je lui ai demandé de venir à Amiens contre la réforme des retraites et soutenir la liste [d’union de la gauche pour les municipales] "Amiens, c’est l’tien !", il a répondu présent ». Le rédacteur en chef de Fakir poursuit : « Jean-Luc est l’un des hommes qui rend la politique moins aride. Il y a beaucoup de choses qu’on peut dire sur le tempérament de Jean-Luc, mais il rend la politique vivifiante ».
Dans la foulée, l’intéressé lui rend la pareille. « Il y avait un bandeau aujourd’hui sur BFM, les frères ennemis… Frères, c’est pas mal, mais ennemis, pourquoi faire ? ». Le tribun fait rire la salle sur la supposée rivalité entre les deux insoumis. « Vous autres les gens d’ici, vous avez de la chance d’avoir cet homme pour député […] La chose dont ils [l’exécutif, les médias ?] pensaient qu’ils pourraient peut-être venir à bout avec moi, du fait de mes erreurs, ou du fait de mon âge. Cette chose-là, elle ne s’arrêtera jamais. Parce que la génération suivante, elle est là […] Ruffin est inscrit dans l’avenir de la gauche de ce pays ».
Les insoumis dénoncent « un passage en force » du gouvernement
Après les amabilités, la mobilisation contre la réforme des retraites. Debout sur la scène, feuilles en main, François Ruffin dénonce « un passage en force » du gouvernement. « Qui dirige le pays et pour qui on dirige le pays ? Est-ce normal que Black Rock s'installe au coeur du pouvoir ? » L’insoumis vise particulièrement Emmanuel Macron, natif d’Amiens, un « homme seul aux mains des puissances financières », et ajoute : « Ce n’est donc pas qu’une lutte sociale c’est aussi une lutte démocratique : est ce qu’un homme, seul, élu, peut faire ce qu’il veut pendant cinq ans ? »
Jean-Luc Mélenchon, se lève de sa chaise, prend la suite, ciblant aussi le chef de l’Etat. « Désormais, le choix est le suivant : chacun pour soi ou tous ensemble. C’est cette question qui est posée dans le débat sur les retraites ». Visiblement en forme, malgré une voix éraillée, le tribun amuse la salle. « Ils ont inventé le système à points. Les points donnent les mêmes droits à tout le monde, et blablabla (…) Ils ont pensé qu’ils nous tromperaient, mais nous l’avons vu », lance-t-il, accusant le gouvernement de favoriser la mise en place d’une retraite par capitalisation.
Les deux élus demandent une nouvelle fois le retrait du texte
« Dans cette loi il y a un article sur comment ils vont encourager les fonds de pensions un peu partout. Vous perdrez tous, tous vous perdrez ! Vous saurez combien vous achèterez les points, mais vous ne saurez pas combien vous les vendrez », ajoute-t-il, demandant une fois encore le retrait du texte. Malgré une mobilisation en baisse, après six semaines de conflit social, Jean-Luc Mélenchon garde bon espoir. « On me dit est ce qu’il peut céder, je réponds "bah oui, il a bien cédé 10 milliards aux “gilets jaunes”" ».
A la fin, la salle est évidemment conquise. Romane, 18 ans, gilet jaune sur le dos, résume. « Mélenchon, on ne le voit pas toujours les jours ici à Amiens. C’est un super soutien pour les retraites, mais aussi pour les municipales. Si on peut gagner dans la ville d’Emmanuel Macron, ce sera symbolique ».