Réforme des retraites : « On entend enfin la droite »… En plein conflit social, les Républicains tentent de sortir la tête de l’eau

POLITIQUE En pleine contestation contre la réforme des retraites, Les Républicains tentent de faire entendre leurs propositions

Thibaut Le Gal
Les responsables LR espèrent profiter de la crise sociale.
Les responsables LR espèrent profiter de la crise sociale. — Olivier Coret/SIPA
  • Depuis 2017, Les Républicains peinent à se démarquer de la politique menée par l’exécutif.
  • La droite espère profiter de l’enlisement du conflit social et des errements de la majorité sur la réforme des retraites.
  • LR a récemment exposé son contre-projet pour réformer le système des retraites.

La fin de l’hibernation ? Depuis l’élection d'Emmanuel Macron, la droite peine à se faire entendre. Les Républicains ont eu du mal à se démarquer de la politique menée par l’exécutif, ne pouvant que constater la fuite de leur électorat vers La République en marche. Jusqu’à la réforme des retraites ? Inaudible lors du mouvement des  «gilets jaunes», la droite espère cette fois tirer profit de l’enlisement du conflit social et des errements de la majorité.

« Il n’y a pas de colonne vertébrale dans cette réforme. Emmanuel Macron a d’ailleurs déjà reculé car le projet de loi sera voté après les municipales. Et l'âge pivot a explosé en plein vol », lance le député du Lot Aurélien Pradié, secrétaire général du parti.

LR a choisi de cibler la crédibilité économique du projet gouvernemental

Mais l’exercice n’est pas aisé. Spectatrice du bras de fer entre grévistes et majorité, la droite compte s’opposer à la réforme… sans heurter son électorat, qui y est favorable. Dans le dernier sondage Ifop publié dimanche, 74 % des sympathisants LR souhaitent la mise en place d’un système universel « mettant fin aux régimes spéciaux », et 62 % approuvent le système « par points » du gouvernement. Une grande majorité espère d’ailleurs que le gouvernement ira au bout de sa réforme.


La droite a donc choisi d’attaquer en biais, sur un angle précis : le manque de sérieux budgétaire de l’exécutif. Le « retrait » provisoire de l’âge pivot,​ annoncé par Edouard Philippe samedi, tombe à pic. « Le gouvernement a cédé aux sirènes des syndicats. Il renonce donc à équilibrer financièrement le futur système », tacle Damien Abad, président du groupe LR à l’Assemblée.

La promesse d’équilibre, pourtant martelée par le Premier ministre, est balayée par le député. « Il a déjà eu du mal à mettre un âge pivot dans le texte, il lui sera encore plus difficile de le remettre, sous la pression des syndicats. Par manque de courage et de volonté, Edouard Philippe a pris le risque de devoir baisser les pensions des retraités. C’est un reniement de plus après les exceptions déjà faites au régime universel ».

LR prône un départ à la retraite à 65 ans et un « un régime universel de pénibilité »

Pour mieux se démarquer du texte gouvernemental, la droite a présenté un contre-projet fin décembre, affiné mercredi dernier. Parmi les propositions : la préservation des caisses complémentaires, la suppression en douze ans de tous les régimes spéciaux, la création d'« un régime universel de pénibilité »… Le tout, budgété au centime près, par un recul progressif à 65 ans de l’âge légal de départ.

« Il faut une mesure d’âge pour financer, on le dit depuis le début. On entend enfin la droite car on a gardé notre cohérence », résume Abad. Et LR se reprend à rêver. « Les confusions d’Emmanuel Macron ont déboussolé l’électeur de droite, qui voit bien que le président s’éloigne de plus en plus de l’audace réformatrice des débuts. A nous d’incarner l’alternance », ajoute-t-il.

« Ce procès en sérieux budgétaire n’est pas audible. Et on verra ce que les Français pensent de leur retraite à 65 ans… », ironise le député MoDem Erwan Balanant. Eric Woerth, ancien ministre de Budget de Nicolas Sarkozy, le dit à sa manière. « Je ne suis pas sûr que ce que nous proposons mette moins de monde dans la rue, ça en mettra peut-être un peu plus, mais ce sera pour de bonnes raisons: nettes, claires, précises. Alors qu’aujourd’hui, on n’y comprend plus rien».