Emmanuel Macron en première ligne à Rodez pour lancer le « grand débat » version retraites
ELYSEE Le chef de l’Etat se rend ce jeudi dans l’Aveyron pour participer à un débat sur le système des retraites avec des lecteurs de la presse régionale, alors qu’il compte faire voter sa réforme en 2020
- Emmanuel Macron se rend ce jeudi à Rodez pour donner le coup d’envoi de la concertation citoyenne sur les retraites. Il y débattra pendant au moins trois heures avec 500 lecteurs de la presse régionale.
- Le président reprend le format des débats organisés après la crise des « gilets jaunes » dans l’optique d’expliquer son projet de réforme qui suscite déjà des manifestations et des grèves.
- L’Elysée espère ainsi éviter une nouvelle contestation sociale.
Comme un air de déjà-vu. Emmanuel Macron se rend ce jeudi à Rodez (Aveyron) pour débattre du système des retraites. Pour faire passer cette réforme très délicate, le chef de l’Etat a décidé de reprendre la formule du grand débat national organisé entre janvier et mars pour répondre à la crise des « gilets jaunes ». Prévu le 26 septembre, ce débat avait été reporté en raison de la mort de Jacques Chirac. Le déplacement lancera officiellement une nouvelle phase de concertation centrée sur les retraites, alors que le gouvernement prévoit de faire voter le projet de loi de réforme d’ici à juillet 2020.
Le débat se déroulera, comme prévu, dans la salle des fêtes de la ville de Rodez, dès 18h30. Face au président et à Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire aux retraites, 500 lecteurs du groupe de presse régionale de La Dépêche du Midi. Les échanges devraient durer au moins trois heures, voire quelques-unes de plus, comme lors des rencontres-marathons entre Emmanuel Macron et les maires de France. Ils seront modérés par Olivier Biscaye, rédacteur en chef du Midi Libre.
Jouer la carte de la ruralité
L’Elysée met en avant la ruralité pour justifier le choix du lieu et du public. « Nous avons choisi l’Aveyron car c’est un territoire rural », indique la présidence. Idem pour la décision d’associer la presse régionale – « une petite innovation par rapport au grand débat » – « car c’est le premier média au contact des populations ».
Hormis cette nouveauté, l’Elysée assume de rejouer le grand débat national, version retraites. « Emmanuel Macron valorise ce format et en a déduit toute l’utilité au regard de ce qu’il a pu en faire au printemps », souligne-t-on à la présidence.
« Déminer » une réforme délicate
Si la recette a été de nouveau dégainée, c’est parce que l’exécutif sait la réforme délicate. « Il nous faut chercher à convaincre, en expliquant la réforme, pour ne pas la faire passer avec brutalité », reconnaît le député de la majorité Aurélien Taché. Le « déminage » de ce projet « crucial » doit selon l’élu du Val-d’Oise passer par le « dialogue, la discussion ».
Recul ou non de l’âge de départ à la retraite, durée de cotisation, suppression des régimes spéciaux… Le gouvernement compte modifier de nombreux paramètres. Syndicats, partis d’oppositions et associations ont déjà exprimé leurs inquiétudes et leurs critiques et la rentrée a été rythmée par plusieurs journées de grèves et manifestations, notamment les 13 et 24 septembre. Une nouvelle grève illimitée est prévue à partir du 5 décembre dans le secteur des transports. « Beaucoup de Français ont manifesté de l’inquiétude, le président en a conscience et il veut pouvoir en débattre directement avec eux », répond l’Elysée.
Refaire un « grand débat » pour illustrer le changement de méthode
« Cela sera différent du grand débat », pointe Matignon, qui anticipe une participation moins importante des citoyens. « Le sujet est technique, et les classes d’âges susceptibles de participer sont plus réduites. » D’où l’intérêt d’une implication du chef de l’Etat, souligne l’entourage du Premier ministre : « Le président crée de l’intérêt pour ce débat. » Edouard Philippe se déplacera lui aussi en France pour participer à plusieurs débats sur les retraites.
A Rodez, Emmanuel Macron inaugurera aussi une concertation qui doit être la vitrine de « l’acte 2 » du quinquennat : « C’est une manière de montrer qu’il est vraiment dans cette dynamique de construire avec les Français », insiste la présidence. Les opposants à la réforme des retraites ont eux aussi prévu de se faire entendre dans les rues de Rodez. La CGT, La France insoumise, FSU, l’Union des « gilets jaunes », le Parti de gauche, le PCF et SUD notamment organisent un rassemblement à 17h30.