PMA, retraites, «gilets jaunes»... Comment l'exécutif se prépare à la rentrée explosive
POLITIQUE Des dossiers difficiles attendent le gouvernement à la rentrée, alors que des manifestations contre certaines réformes sont déjà prévues
- Un séminaire gouvernemental est prévu mercredi .
- PMA, retraites... Plusieurs dossiers explosifs attendent l'exécutif pour la rentrée.
- Des mobilisations contre des réformes du gouvernement sont déjà annoncées pour septembre.
Une rentrée sous tension. Emmanuel Macron et le gouvernement ont déjà effectué leur premier conseil des ministres le 21 août. Mais le calendrier devrait s’accélérer un peu plus cette semaine. Un séminaire gouvernemental aura lieu mercredi pour « aborder en profondeur le calendrier des réformes », alors que plusieurs dossiers potentiellement explosifs attendent l’exécutif. Emmanuel Macron a déjà prévenu, fin juillet, qu’il ne croyait « pas du tout que ce qui, à un moment, crée la colère sincère d’une partie de la population soit derrière nous ».
« Est-ce que vous connaissez une rentrée politique qui ne soit pas à risques ?, ironise François Patriat, patron des sénateurs La République en marche. Le boulot de l’exécutif, c’est de faire en sorte d’éviter qu’il y ait des débordements, que la contestation devienne totale et frontale, ce qu’elle n’est pas aujourd’hui. Les mots d’ordre de la rentrée sont donc lucidité, vigilance, pédagogie et action », résume ce proche du président.
« Il faut être plus prudent »
Deux dossiers concentrent l’attention des membres de la majorité : la réforme des retraites et celle de la loi bioéthique. « Ce sont les deux gros chantiers de la rentrée. Il y a un risque de contestation, car ce sont des sujets sensibles. Mais il ne faut pas que ça fasse reculer l’envie de réforme de la majorité des Français », indique Valérie Gomez-Bassac, députée LREM du Var.
Le chef de l’Etat a demandé à ses ministres de garder « beaucoup de détermination » à réformer le pays tout en ayant « le souci constant de la concertation et du respect des différentes parties prenantes ». Une « nouvelle méthode » censée illustrer l’acte II du quinquennat esquissé par Edouard Philippe lors de son discours de politique générale du 12 juin. « On est allé vite au départ, peut-être au détriment d’un certain dialogue. Je n’ai pas impression que les syndicats aient été occultés, mais il faut être plus prudent, montrer qu’on veut travailler avec les Français et pas contre eux », ajoute la porte-parole du groupe LREM à l’Assemblée.
« Depuis les "gilets jaunes", on est dans une phase d’écoute et de prise en compte de l’opinion. La caractéristique de cette rentrée, ça va être d’arrêter de jouer défensif, de continuer à faire de la pédagogie car dire "c’était dans le programme présidentiel", ça ne suffit plus », abonde Bruno Bonnell, député LREM du Rhône.
Dans cette perspective, les partenaires sociaux seront reçus à Matignon jeudi et vendredi pour déminer la controversée réforme des retraites, tandis qu’un processus de « concertation citoyenne » doit être lancé à l’automne. Mais FO et la CGT ont déjà appelé à descendre dans la rue, respectivement le 21 et le 24 septembre.
Un retour massif des « gilets jaunes » dans les rues ?
Le projet de loi sur la bioéthique, dont la mesure phare, l’extension de la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes, doit être examinée fin septembre par les députés, pourrait aussi entraîner une mobilisation sociale. Plusieurs associations appellent déjà à manifester le 6 octobre. « La Manif pour tous, Sens communs et les autres associations vont essayer de mobiliser, nous les avons entendues et nous les auditionnerons encore. Ces sujets nécessitent calme et attention, mais je crois que la société est de manière générale en faveur du projet de loi », assure le député macroniste Didier Baichère, membre de la commission spéciale. « Je ne crois pas à une opposition si forte que ça. Et la PMA est importante pour nous en cette rentrée, car c’est un marqueur de gauche, qui permet de nous repositionner dans ce en même temps », avance un député de la majorité. Agriculteurs, urgentistes, fonctionnaires… D’autres foyers de contestation pourraient également empoisonner la rentrée du gouvernement. Après des grèves au début de l’été, la réforme du lycée reste un dossier brûlant pour le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer.
Moins actifs pendant l’été, les « gilets jaunes » ont aussi promis un «septembre noir» au gouvernement avec une nouvelle journée d'action déjà prévue dès le 7 septembre à Montpeller (Hérault) pour « l’acte 43 » du mouvement. « Les "gilets jaunes", ça ne finira jamais, c’est rentré dans l’ADN politique en France, admet Bruno Bonnell. Aujourd’hui, il y a cette nouvelle composante. Dans un premier temps, on a été surpris et dans la réaction, désormais il faudra être plus pédago et dans l’action ».
Face aux difficultés, François Patriat insiste sur les signes positifs de l’été : la baisse du chômage et le regain de popularité d’Emmanuel Macron. « Je ne doute pas de sa capacité, non pas à rebondir, mais à convaincre les Français. Son G7 réussi est un bon exemple de ce qu’il va produire pour l’acte II du quinquennat ».