Municipales 2020: Comment la lutte pour Paris parasite le lancement de la campagne LREM
INVESTITURES Le parti d'Emmanuel Macron lançait ce lundi sa campagne pour les municipales de 2020 et présentait 19 candidats investis dans des villes de France, mais pas à Paris, où la question doit être tranchée en juillet
- Le parti d'Emmanuel Macron lançait ce lundi sa campagne pour les municipales de 2020.
- 19 candidats sont officiellement investis dans des villes de France, et la prochaine vague d'investitures aura lieu à la mi-juillet, notamment pour Paris.
- La capitale est le théâtre de tensions entre les nombreux candidats macronistes à l'investiture.
La dernière fois que La République en marche avait présenté des candidats, l’estrade s’était écroulée sous leurs pieds (sans provoquer de dégâts). Après les européennes, le parti d’Emmanuel Macron met le cap sur les élections municipales de 2020.
Ce lundi, il n’y a pas eu de problème technique, mais un parasitage politique. La veille du lancement de la campagne pour les municipales, des macronistes briguant la mairie de Paris ont publié une tribune encombrante.
« Colère froide » du patron des marcheurs
Depuis plusieurs mois déjà, la concurrence est rude entre plusieurs marcheurs qui lorgnent sur la mairie de Paris. Dimanche, la tension est montée d’un cran avec un appel signé dans le Journal du dimanche par les députés Cédric Villani, Mounir Mahjoubi, Hugues Renson et l’élue municipale Anne Lebreton, pour réclamer « une consultation citoyenne » afin de désigner le candidat LREM à Paris, à l’automne. Ces adversaires de Benjamin Griveaux, favori pour obtenir l’investiture dans la capitale, ont mis le placide patron du parti, Stanislas Guerini, dans « une colère froide », nous glisse un membre du bureau exécutif. « Il a dit qu’il allait envisager des sanctions ».
En attendant, le parti a soigné sa conférence de presse ce lundi pour mettre en avant ses ambitions d’ancrage local. Les marcheurs revendiquent environ 2.000 élus locaux. Ils voudraient en compter au moins 10.000 après le scrutin de 2020. « Nous avons besoin de ce relais local, qui parfois nous a fait défaut, pour réussir le dernier kilomètre de la réforme », admet Stanislas Guerini. Pour y parvenir, le parti présidentiel compte investir de nouvelles têtes, faire des alliances avec d’autres partis et présenter des listes paritaires (même si sur les 19 candidats officialisés ce lundi, seuls sept sont des femmes).
Critiques sur le processus d’investiture
Après ce préambule, les 19 candidats officiellement investis sont présentés, façon catalogue : il y a les profils « société civile » (une entrepreneuse et un pompier professionnel), les symboles ruraux (une investiture dans un village de 360 habitants, Saint-Maurice-Le-Vieil), les prises de guerre d’autres partis (deux maires sortants venus du centre-droit UDI, et deux socialistes) et le match face au Rassemblement national (LREM investit un entrepreneur à Cavaillon, dans le Vaucluse, où le parti de Marine Le Pen est en position de force).
Mais dès la séance des questions, c’est Paris qui a pris toute la place. Sur la « consultation citoyenne » réclamée par certains marcheurs, le délégué général de LREM réplique que « le bureau exécutif a voté pour créer une commission nationale de 16 membres chargée d’investir les candidats » et confirme qu’il n’y aura donc pas de primaire, prêtant le flanc aux critiques sur le manque de démocratie interne au sein du mouvement.
Le sujet d’une primaire divise en interne : contrairement aux quatre rivaux de Griveaux, les référents parisiens du parti ont pris position contre ce mode de désignation dans une tribune publiée samedi sur le site d’information du Huffington Post. « C’est la voix des marcheurs parisiens », insiste-t-on dans l’entourage de Benjamin Griveaux.
Une décision à la mi-juillet
« Dire que ce processus est verrouillé, c’est mettre en cause la commission et donc nuire à l’image de notre mouvement. Personne ne peut attaquer la commission sur sa composition », répond, à distance, Stanislas Guerini aux frondeurs signataires de la tribune. « Tous doivent s’engager à soutenir le candidat qui sera investi », lance-t-il comme un avertissement. Puis il finit par couper court, un peu agacé : « je vais prendre une dernière question sur Paris ».
S’il n’y aura pas de primaire, la commission « étudiera » la popularité des prétendants à l’investiture, sans donner plus de précisions. « Le soutien des militants est crucial, ce sont eux qui feront campagne », rappelle un membre du bureau exécutif. Le parti espère trancher cet épineux dossier le 10 juillet, après un grand oral de tous les candidats parisiens la veille.