Remaniement: Emmanuel Macron «prend le temps» pour remanier plusieurs ministères

SUSPENSE L’annonce du remaniement ministériel devra encore attendre quelques jours…

C. Ape. avec AFP
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Edouard Philippe et Emmanuel Macron à la sortie du Conseil des ministres le 5 septembre 2018, à l'Elysée.
Edouard Philippe et Emmanuel Macron à la sortie du Conseil des ministres le 5 septembre 2018, à l'Elysée. — Jacques Witt/SIPA

Le changement, c’est pas pour maintenant. Le remaniement du gouvernement « n’aura pas lieu avant le départ du président de la République en Arménie ni tant qu’il sera à Erevan » d’où il revient vendredi soir, a annoncé mercredi l’Élysée.

Emmanuel Macron « souhaite prendre tout le temps nécessaire, dans le calme, le professionnalisme et le respect des personnes, à la composition d’une équipe cohérente et de qualité au service des Français », ajoute la présidence.

Emmanuel Macron, de plus en plus assailli par l’opposition au fur et à mesure que le remaniement s’éternise, a démenti toute dissension au sommet de l’Etat.

Chaises musicales et suspenses haletant

L’entourage du président a ainsi expliqué que le retour à Lyon de Gérard Collomb avait créé « une opportunité pour retailler l’équipe ». « Il y aura des entrants, des sortants, certains changeront de job à l’intérieur du gouvernement » avec aussi de possibles « changements de périmètre » et « redécoupages de portefeuilles », a indiqué l’Élysée, précisant que l’annonce pourrait même « peut-être » avoir lieu après le week-end.

Plus tôt dans la journée, le palais présidentiel avait indiqué que le conseil des ministres se tiendrait ce mercredi avec le gouvernement actuel.

Avant de s’envoler pour le Sommet de la Francophonie à Erevan, Emmanuel Macron a souligné au Conseil des ministres qu’il « assumait totalement de prendre le temps de faire ce fameux remaniement », a dit le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux.

Les ministres ne sont « pas des objets sur des étagères »

Il a plaidé qu’un remaniement, « ce ne sont pas simplement des mouvements liés à des équilibres politiques. (…) Nous souhaitons des personnalités compétentes, reconnues dans leur secteur ».

Le président, a-t-il ajouté, « assume de rompre avec les pratiques habituelles qui voulaient qu’on change en quelques heures tel ou tel ministre, en le passant d’un portefeuille ministériel à l’autre. (…) Il a dit que ça n’étaient pas des objets sur des étagères, les ministres, mais des personnes avec lesquelles il fallait avoir un dialogue nourri avant de décider de leur confier la mission importante de transformation du pays dans laquelle nous sommes engagés ».

Une attente pointée du doigt par l’opposition

Pas convaincue par ce discours managérial, l’opposition voit dans le long délai écoulé depuis la démission de Gérard Collomb, le 2 octobre, le signe de dissensions et d’un manque de maîtrise de la part de l’exécutif.

« Tout ça symbolise une immense fébrilité au sommet de l’État, avec une succession de couacs et une incapacité à tracer un cap. On se demande si la France a toujours un capitaine », a ainsi accusé le n°3 des Républicains Guillaume Peltier. L’ancien ministre sarkozyste Brice Hortefeux juge, pour sa part, l’épisode révélateur d’un « total isolement » et de la « solitude » du président.

A gauche, l’Insoumis Jean-Luc Mélenchon évoque un « bazar » privé de « pilote et d’équipage », quand le socialiste Stéphane Le Foll assure que si « on peut comprendre quelques jours de flottement (…), une semaine de flou, cela devient une crise au sommet de l’Etat ».

Des rumeurs, relayées notamment par le Canard enchaîné, attribuent la longue attente du remaniement à un désaccord entre Emmanuel Macron et Edouard Philippe sur le choix du futur ministre de l’Intérieur. « Le fait nouveau, c’est la mésentente entre le président et le Premier ministre », a aussi estimé mercredi le centriste Jean-Christophe Lagarde.

Hypothèse balayée à l’Assemblée par le chef du gouvernement, qui a démenti qu’il y ait « le début du commencement de la moitié d’une feuille de papier à cigarette » entre le président et lui.