VIDEO. Agriculture, SNCF… Nicolas Hulot , en plein «doute», (gentiment) chahuté dans le Var

UN AN DE PRESIDENCE MACRON Des cheminots en colère ont accueilli le ministre de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot...

Mathilde Ceilles
Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique, le 18 avril 2018.
Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique, le 18 avril 2018. — SEBASTIEN SALOM GOMIS/SIPA
  • Nicolas Hulot est allé à la rencontre des Varois
  • Il a été interpellé sur la réforme SNCF et l’agriculture
  • Il est revenu sur son éventuelle démission, disant ne pas avoir d’états d’âme

Il fallait s’attendre à ce que la question de la SNCF s’invite au débat. La salle municipale où était attendu Nicolas Hulot jouxte la gare des Arcs-sur-Argens, petite commune de l’arrière-pays varois. Un comité d’accueil composé de dizaines de cheminots, militants CGT, a ainsi souhaité avec un certain mécontentement la bienvenue au ministre de la Transition écologique et solidaire, qui participait à l’opération Rencontres avec le gouvernement.

Nicolas Hulot s’y attendait sûrement d’ailleurs. Au moment de répondre à ce qui fut la première question de la soirée, le ministre jette régulièrement des coups d’œil à ses fiches sur la réforme ferroviaire en cours. On est loin de la décontraction de son propos liminaire, où il s’adressait aux 200 personnes avec un ton pédagogue rappelant ses interventions sur Ushuaïa, le tout debout, sans note, et micro à la main, façon stand-up. C’est d’ailleurs la seule fois de la soirée où il ouvrira sa chemise en carton pour y consulter ses fiches.

« Est-ce que vous aimez les agriculteurs ? »

« Sauf à être de mauvaise foi, force est de constater que le service s’est dégradé, expose-t-il au cheminot en colère. L’ouverture à la concurrence peut bénéficier aux usagers, comme en Allemagne, où il y a deux fois plus de trains depuis la concurrence. » Une réponse qui reprend les grands arguments du gouvernement sur ce dossier. « Non non, je ne lisais pas, se défendra-t-il plus tard, il m’est arrivé de regarder pour quelques chiffres. »


Peu de temps après, le ministre est pris à partie par un agriculteur. « Est-ce que vous aimez les agriculteurs, lui lance-t-il agacé. Il y a ce que vous faites pour le loup, l’ours… Et dites au président de renverser la table de l’Europe concernant la PAC ! » « On a le sentiment que le gouvernement défend plus la biodiversité que l’agriculture », dira même plus tard un représentant des Jeunes Agriculteurs. « Dans ce ministère, le loup fait partie de ses sujets qui perturbent mes nuits, confie le ministre. Je ne dis pas que le plan de l’Etat ne suffit, je le sais, mais je ne me fiche pas de la détresse des éleveurs, croyez-moi. »

La démission de Nicolas Hulot, un « non-sujet » selon lui

Dans une salle assez attentive, où quelques éclats de voix surgissent ci et là, le ministre est interpellé sur plusieurs problématiques locales. Un Varois lui expose notamment la situation polémique du projet de carrière de Mazaugues, lui demandant d’intervenir. Nicolas Hulot l’invite à transférer le dossier à ses collaborateurs présents. C’est alors qu’une députée LREM,  Valérie Gomez-Bassac, prend la parole, un brin exaspérée.

Nicolas Hulot dans le Var
Nicolas Hulot dans le Var - Mathilde Ceilles / 20 Minutes

« Vous demandez le dossier, mais je l’ai transmis à vos équipes, j’ai rencontré votre cabinet à ce propos il y a six jours. Je suis comme vous, je n’ai pas fait de politique avant, donnez-nous les moyens d’expliquer, venez m’aider sur ce dossier, je me sens très seule ! » Aïe, aïe. La députée est chaudement applaudie par la salle. « Madame, combien de sollicitations recevez-vous vous en tant que députée ?, se défend Nicolas Hulot. Imaginez alors du côté de Paris. J’entends votre colère, mardi, on va regarder ce qu’il en est. »

Se disant satisfait d’avoir « pris le pouls des citoyens », le ministre est toutefois revenu devant les journalistes sur une éventuelle démission à venir. Un « non-sujet » selon lui, même s’il reconnaît avoir « des doutes, comme tout le monde ». « Je n’ai pas d’états d’âme, c’est une espèce de grammaire parisienne qu’on reprend », dit-il. Plusieurs articles publiés quelques heures avant cette rencontre titraient sur ces mêmes états d’âme, notamment Paris Match et Le Monde. Le ministre continue sa visite en région Paca par un détour à Marseille ce vendredi.