Vers un «pôle écologie» LREM à l'Assemblée: «Il faut se rassembler pour peser face aux députés tournés vers Bercy»

INTERVIEW Le député LREM François-Michel Lambert va créer un pôle écologie au sein de la majorité à l’Assemblée nationale pour peser sur l’action du gouvernement…

Propos recueillis par Thibaut Le Gal
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Francois-Michel Lambert, député LREM des Bouches-du-Rhone
Francois-Michel Lambert, député LREM des Bouches-du-Rhone — IBO/SIPA

Chacun cherche son pôle. Il y a deux semaines, une trentaine de députés de La République en marche constituait un sous-groupe social pour peser sur l’action du gouvernement. Bis repetita ces jours-ci, avec la création d’un pôle écologiste chez les marcheurs, initié par François-Michel Lambert. Le député LREM des Bouches-du-Rhône réunira pour la première fois la semaine prochaine « 10-20 députés » afin que la voix écologique soit plus entendue au sein de la majorité.

Pourquoi créer un pôle écologique ?

Au mois de juin, après avoir été réélu à l’Assemblée nationale, j’ai exprimé publiquement le fait qu’il n’y avait pas d’expression structurée d’une écologie politique. J’avais demandé que ça puisse émerger mais je m’étais heurté à une fin de non-recevoir. On me dit : « l’ensemble de la majorité est écologique ». Mais quand l’écologie est partout, elle est nulle part. Aujourd’hui, il n’existe pas de puissance d’expression capable d’accompagner l’action du gouvernement sur ces enjeux ou de peser face à des groupes plus structurés, notamment à tendance libérale.


D’après vous, la voix écologiste n’a pas été assez entendue ?

En étant plus structuré, on aurait pu se retrouver, discuter, et mieux transmettre collectivement notre vision. Notamment sur la mobilité, ou pour les Etats généraux de l’alimentation. Il y a eu des avancées, mais l’urgence est là. On doit pouvoir faire plus. Je suis conforté car la semaine dernière, Emmanuel Macron a reçu une trentaine de parlementaires de la majorité issue de la commission du Développement durable et de l’Aménagement du territoire. Il nous a bousculés en nous disant : « vous devez travailler à un changement en profondeur ».

Comment effectuer ce changement ? Cela ne peut pas passer par un individu, Lambert seul ou Orphelin seul [député proche de Nicolas Hulot]. Depuis six mois, je me suis heurté au fait d’avoir une expression seule. Il faut se rassembler pour peser face aux autres députés tournés davantage vers Bercy ou concernés par les sujets de société. Se rassembler, loin de toute fronde. Avec ce pôle de dix-vingts personnes, on ne risque pas de renverser un parti comme En Marche. D’ailleurs, je ne fais que mettre en dynamique la pensée du président.


Vous citez Matthieu Orphelin… Mais d’après lui, « le meilleur pôle écologiste au sein du groupe LREM, c’est le groupe lui-même »…

C’est son approche, je ne préempte rien. Mais quel regard a-t-il sur les échecs que nous avons connus ? Regardons-nous en face, qu’est-ce qui s’est passé en six mois ? Notre-Dames-Des-Landes ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt. Nous avons reculé sur le nucléaire, nous rebâtissons la question du glyphosate, nous ne sommes pas allés assez loin sur les Etats généraux de l’alimentation, le ministre l’a dit lui-même. Concernant la mobilité, il y a des inquiétudes sur la place du vélo. Je pourrais continuer sur l’économie circulaire, où nous espérons apporter notre vision. Il y a des avancés, mais nous sommes fautifs, nous qui portons la vision des enjeux écologiques. Fautifs car, mieux organisés, nous aurions pu aller encore plus loin.