VIDEO. Edouard Philippe déménage Matignon trois jours dans le Cher pour draguer les terroirs
DÉMÉNAGEMENT Le Premier ministre s’installe dès ce mercredi dans le Cher pendant trois jours pour soigner la relation du gouvernement avec les terroirs…
- Edouard Philippe va s'installer dans le Cher jusqu'à vendredi.
- Il sera rejoint par des membres de son cabinet et des conseillers.
- Avec ce déménagement symbolique, l'exécutif cherche notamment à apaiser les relations avec les élus locaux.
Matignon fait ses valises (à nouveau). Le Premier ministre Edouard Philippe s’installe ce mercredi dans le Cher, qu’il sillonnera jusqu’à vendredi, afin de «se confronter aux Français et aux questions qu’ils se posent dans les politiques gouvernementales», explique son entourage. Il y a cinq mois, Matignon avait déjà opéré un déménagement express, et hautement symbolique, dans le Lot. Voici l’article que 20 Minutes avait publié à cette occasion le 12 décembre 2017.
Edouard Philippe va s’installer dès ce mercredi soir à Cahors dans le Lot, où il passera deux nuits. Accompagné d’une dizaine de membres du gouvernement, de la quasi-totalité de son cabinet, il y présidera la deuxième Conférence nationale des territoires jeudi avant de rentrer à Paris vendredi.
Un déménagement hautement symbolique pour le chef d’une majorité présidentielle qui cherche à renforcer ses liens avec les élus locaux.
Un coup de com' et en même temps…
« Le Premier ministre souhaitait changer des déplacements habituels, où il arrive quelque part le matin et repart le jour même. Il trouvait que ça manquait de contact. Ça fait un moment qu’il voulait prendre le temps », explique-t-on à Matignon. Le temps d’Edouard Philippe passera très vite dans le Lot. Après un « dîner républicain » mercredi et un autre jeudi avec des chefs d’entreprise à Cahors, le chef du gouvernement fera la tournée du département vendredi : Gourdon, Figeac, Rocamadour, Biars-sur-Cère.
Cette « installation provisoire », qui coûtera autour de 30.000 euros selon Matignon, reste limitée : les réunions interministérielles se dérouleront à Paris, et la cinquantaine de conseillers d’Edouard Philippe ne le rejoindra pas pour la totalité du séjour lotois, mais par « roulement », explique Matignon. De plus, le personnel administratif restera dans la capitale.
En passant deux nuits dans le Lot, le chef du gouvernement s’assure « des photos, des images de lui et de membres du gouvernement dans des restaurants, les hôtels locaux », note Bruno Cautrès, chercheur au CNRS et au Cevipof et enseignant à Sciences Po. L’idée n’est pas inédite : Valéry Giscard d’Estaing avait déjà délocalisé des Conseils des ministres, une initiative reprise par Nicolas Sarkozy plus tard. « Les gouvernements font cela régulièrement, pour montrer qu’ils ne dirigent pas le pays de façon hors-sol », rappelle le politologue.
… une occasion de soigner les terroirs
Au-delà de la com', l’entourage du Premier ministre tient à insister sur l’utilité de cette opération. « Il y a du symbole, mais il y a plus. Edouard Philippe considère que c’est une démarche utile, il s’agit d’inverser les logiques qui prévalaient jusqu’ici : c’est Matignon qui vient aux acteurs locaux ».
L’exécutif veut soigner ses relations avec les acteurs locaux après un été houleux. Pour Emmanuel Macron et ses ministres, pas question de laisser s’installer l’image d’un « président des métropoles », alimentée après la coupe de 300 millions d’euros dans les crédits de l’Etat destinés aux collectivités territoriales. L’ensemble du gouvernement s’efforce de sillonner la France. Fraîchement nommé porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux a dit vouloir « porter la parole au-delà du périphérique» parisien. Depuis, il a lancé le 7 décembre dernier à Tours les « rencontres du porte-parole » pour répondre aux questions des citoyens sur la politique menée par le gouvernement.
… pour donner un ancrage local à La République en marche
L’intérêt est double pour l’exécutif : « ce déplacement s’inscrit dans une séquence où Emmanuel Macron semble vouloir passer à la vitesse locale, après les tensions rencontrées avec les maires, et alors que le président veut lancer des réformes difficiles sur le découpage territorial », souligne Bruno Cautrès.
Par ailleurs, il s’agit aussi de « territorialiser ou localiser La République en marche, qui peine à obtenir des résultats à l’échelle locale, et d’infuser dans le terrain dans la perspective des élections municipales de 2020 ». La mission est difficile, car le parti créé au printemps 2016 pêche au niveau local. « Le parti de Macron est centré sur l’Europe et l’international, il s’agit de montrer que cela ne se fait pas au détriment des territoires », poursuit le chercheur.
Pour servir cette stratégie, le chercheur juge habile la mise en avant d’Edouard Philippe dans ce dispositif de communication politique. L’ex-maire du Havre a « un meilleur profil que Macron » pour mener cette mission selon Bruno Cautrès : « il peut dire aux élus locaux qu’il est l’un des leurs ». Ce séjour lotois de trois jours servira aussi de test pour Edouard Philippe, au moment où l’exécutif remonte dans les sondages après un mauvais été.