Edouard Philippe démine le terrain fiscal, sans trop parler du code du travail

BUDGET Le Premier ministre a également reconnu que le coup de rabot sur les APL n'était «pas intelligent»...

20 Minutes avec AFP
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Le Premier ministre Edouard Philippe le 18 août 2017 à Roquelaure.
Le Premier ministre Edouard Philippe le 18 août 2017 à Roquelaure. — AFP
  • Le Premier ministre était l’invité de BFMTV et a précisé l’agenda des réformes à venir.
  • Notamment la baisse de la taxe d’habitation… mais en se mélangeant les pinceaux.
  • Les cotisations sociales devraient baisser de 2 points en janvier 2018 et d’un peu moins d’un point en septembre 2018.

Cotisations sociales, CSG, APL… le Premier ministre Edouard Philippe a tenté jeudi de déminer le terrain fiscal à l’approche de la rentrée, sans entrer dans le détail sur les questions sociales sensibles, dont la réforme du Code du travail.


Une baisse en deux temps en 2018

Interrogé sur BFMTV/RMC, le chef du gouvernement a précisé la trajectoire de la baisse des cotisations sociales promise par Emmanuel Macron, après l’annonce la veille par Bercy que cela se ferait en deux temps en 2018.

« Je vous ai dit qu’on allait baisser les cotisations sociales de 3,15 points » en 2018, a-t-il déclaré. « On va les baisser de plus de deux points au 1er janvier et à la rentrée de septembre-octobre, on va les baisser d’un peu moins d’un point », a-t-il détaillé, affirmant que cela occasionnerait « un gain de pouvoir d’achat considérable » pour les actifs.


A l’annonce mercredi de cette baisse en deux temps en 2018, et non en une seule fois, certains commentateurs ont estimé que l’effet en janvier sur la fiche de paie des salariés serait peu visible et que de fait, la réforme serait difficile à défendre.

Augmentation de la CSG

Car en parallèle, le gouvernement va augmenter dès le 1er janvier de 1,7 point la Contribution sociale généralisée (CSG) pour compenser cette baisse des cotisations sociales, une mesure qui va toucher aussi les retraités. Face aux reproches d’un auditeur sur cette décision, Edouard Philippe a fait valoir que la CSG était « perçue sur l’ensemble des recettes » et « pas simplement sur les plus petits contribuables ». « Elle est également perçue sur les revenus du capital », a-t-il souligné.

Et pour la taxe d’habitation ?

Edouard Philippe a par ailleurs réitéré l’engagement du gouvernement de supprimer la taxe d’habitation.


« Nous avons prévu une mesure qui va nous permettre de baisser le produit, le versement de la taxe d’habitation, à hauteur de 3 milliards » dès 2018, a-t-il indiqué, affirmant que « 30 % des Français » bénéficieraient de cette mesure l’an prochain. Matignon a ensuite rectifié les propos du Premier ministre et indiqué à l’AFP que ces 3 milliards correspondaient à une baisse de 30 % de la taxe d’habitation pour 17 millions de foyers.

La baisse des APL ? « Pas intelligent »

Interrogé sur la baisse de 5 euros des APL (Aides au logement) à partir d’octobre, Edouard Philippe a convenu que ce n’était « pas intelligent ». « Évidemment que c’est pas intelligent, c’est une mesure de rabot, les mesures de rabot ce ne sont jamais de bonnes mesures, jamais intelligent de faire du rabot », a-t-il poursuivi.

Mais pour le Premier ministre, « la baisse générale des APL est contenue dans le budget précédent, que je n’ai pas voté mais que j’exécute », a dit Edouard Philippe qui assure que le gouvernement précédent « n’a pas mis en œuvre » cette mesure. « C’est cité dans le rapport de la Cour des comptes qui dit : il y a une mesure qui aurait dû être prise et qui n’a pas été prise », a déclaré le Premier ministre.

Evasif sur la réforme du code du travail

Sur le front social, alors que le gouvernement et les partenaires sociaux ont entamé cette semaine leur ultime round de négociations autour des ordonnances réformant le code du travail, Edouard Philippe est resté plus évasif et a refusé d’entrer dans le détail des discussions.

Il s’est en revanche exprimé sur les contrats aidés, réévaluant à 320.000 le nombre de contrats aidés pour 2017. Mais il a laissé entendre que le tour de vis serait beaucoup plus fort en 2018, tout en assurant que le gouvernement ferait « en sorte que l’utilisation des contrats aidés dans l’éducation nationale et les outre-mer soit préservée ». Pour le reste, « on veut très fortement changer la logique », et les moyens seront utilisés pour « financer des formations individualisées qui permettent un retour durable à l’emploi », a-t-il dit.