«Dans l’enfer de Montretout»: Cinq anecdotes que vous ignoriez (peut-être) sur le clan Le Pen
Livre Le reporter du « Parisien » Olivier Beaumont publie mercredi un livre-enquête, qui nous plonge dans les arcanes du fief de Jean-Marie Le Pen…
Dans l’enfer de Montretout. Avec ce livre, le journaliste Olivier Beaumont s’intéresse à l’hôtel particulier du clan Le Pen. Il retrace l’histoire familiale, en nous racontant l’envers du décor. 20 Minutes revient avec l’auteur sur cinq anecdotes étonnantes révélées dans cette enquête.
L’odeur de la mort
« La famille Le Pen débarque à Montretout le 23 décembre 1976, raconte l’auteur. Jean-Marie Le Pen hérite du domaine d’Hubert Lambert [héritier des cimenteries éponymes], qui en avait fait son légataire universel quelques mois plus tôt. »
C’est dans un contexte pour le moins macabre que les Le Pen s’installent dans la propriété : Hubert Lambert est « décédé d’une varice œsophagienne, consécutive à son alcoolisme et aux médicaments qu’il ingurgitait en trop grande quantité », relate Jean-Marie Le Pen dans le livre. « Résultat, l’odeur est pestilentielle, les draps maculés de sang et les filles effrayées. » Pourtant, pas de quoi décourager le fondateur du Front national : « Cela ne nous a posé aucun problème. Nous étions même très à l’aise. » Un sentiment que ne partageaient pas tous les membres de son clan, et notamment sa fille Yann, qui se souvient d’une maison qui « sentait la mort ».
Fêtes en grande pompe
« Jean-Marie Le Pen adorait organiser des grandes réceptions, où se réunissaient des personnalités diverses et variées » explique Olivier Beaumont. Des personnalités aussi diverses que Dieudonné, dont la fille est la filleule de l’ancien président du Front national, le journaliste Yves Mourousi, l’acteur Alain Delon ou même le navigateur Olivier de Kersauson. « Des soirées toujours exceptionnelles, avec chapiteaux, traiteurs, orchestres professionnels et parfois même des feux d’artifice. Elles ont compté jusqu’à 500 participants dans les grandes années », se remémore Carl Lang, ancien dirigeant du Front national. Wallerand de Saint-Just, conseiller régional FN d’Ile-de-France nous apprend encore que « Marine aime la fête, chante très bien et a même de vraies qualités de danseuse ».
Visite surprise de Tapie
L’auteur revient également sur « les visiteurs secrets de Montretout ». Et notamment sur la visite de Bernard Tapie, alors ministre de la Ville du gouvernement Bérégovoy, qui s’invite chez Jean-Marie Le Pen en mars 1993. Une visite qui peut, aujourd’hui encore, paraître incongrue, lorsque l’on connaît les rapports pour le moins tendus qu’entretenaient les deux hommes (on se souvient notamment de leurs joutes télévisuelles). Mais Bernard Tapie est aussi le candidat de la gauche aux élections législatives à Gardanne, dans la dixième circonscription des Bouches-du-Rhône. Et bien qu’il soit arrivé en tête, son résultat trop juste ne lui garantit pas la victoire au second tour. « Tapie redoute une chose : que Le Pen ordonne à Damien Bariller [le candidat du FN] de se retirer. » Il vient donc s’assurer que Jean-Marie Le Pen maintiendra bel et bien son candidat au second tour. « Son souhait était exaucé avant même qu’il vienne à Montretout, puisque le bureau politique avait décidé de maintenir ses candidats partout », explique l’intéressé. Bernard Tapie niera toujours cette rencontre : « C’est un mensonge total, car j’ai toujours été un adversaire acharné de l’extrême droite. »
Echange « à la James Bond »
La rupture très médiatisée entre Pierrette et Jean-Marie Le Pen en 1985 ne s’est pas faite en douceur : « Dans sa fuite, Pierrette a emporté un objet dont Jean-Marie Le Pen a particulièrement besoin : son œil de verre de secours, qu’elle gardait au fond de son vanity-case. » De son côté, « Le Pen sait qu’il tient une monnaie d’échange non négligeable : l’urne funéraire de sa belle-mère, oubliée par Pierrette dans un placard de Montretout ». Ce qui va donner lieu à un échange, digne d’un film d’espions : « L’échange des cendres et de l’œil s’est passé à l’orée d’un bois, à l’initiative de Wagner [l’avocat de Jean-Marie Le Pen]. On se serait cru dans un film policier de l’après-guerre froide. C’était complètement irréel. »
Pourquoi Marine Le Pen a quitté Montretout
« Maman… ça y est. Cette fois-ci, c’est terminé. Dès qu’on rentre, je déménage. » Cette phrase, Marine Le Pen la prononce lors de l’été 2014, alors qu’elle est en vacances sur la Costa Blanca espagnole. Elle vient d’apprendre que son chat adoré, Artémis, a été dévoré par les bouledogues de Jean-Marie Le Pen, Sergent et Major. « Artémis a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Mais, de toute façon, Marine avait prévu de partir un jour ou l’autre de Montretout. » Une histoire qui s’est donc terminée aussi brutalement qu’elle avait commencé pour l’actuelle présidente du Front national.