Primaire à gauche: Salaire des profs, mixité sociale, universités… Quels sont les programmes éducation des candidats?

COMPARATIF « 20 Minutes » passe au crible les propositions des sept candidats de la primaire de gauche…

Delphine Bancaud
Les 7 candidats à la primaire de gauche au débat de jeudi 12 janvier 2017.
Les 7 candidats à la primaire de gauche au débat de jeudi 12 janvier 2017. — bertrand GUAY / AFP

Comment séduire l’électorat enseignant, réputé plutôt à gauche, et s’attirer les bonnes grâces des parents d’élèves ? C’est l’exercice périlleux auquel s’adonne ces dernières semaines, les sept candidats dela primaire de gauche, dont le premier tour a lieu ce week-end. Et si l’éducation est un thème important lors des débats, c’est aussi que deux des candidats Benoît Hamon et Vincent Peillon, sont d’anciens locataires de la rue de Grenelle. 20 Minutes a décortiqué leurs projets dans ce domaine.

Ils veulent baisser les effectifs dans les classes

Benoît Hamon propose la création de 37.000 postes dans l’Éducation nationale, principalement des enseignants. L’ancien ministre de l’Éducation chiffre à 20.000 le nombre d’enseignants supplémentaires nécessaires pour ramener à 25 maximum le nombre d’élèves dans toutes les classes des trois premières années de l’école élémentaire. Le seuil maximal d’élèves en classe de CP, CE1 et CE2 serait même de 20 pour les écoles des départements d’Outre-mer, les territoires ruraux en difficulté et les établissements appartenant à des réseaux d’éducation prioritaire (REP ou REP +).  De son côté, Sylvia Pinel veut aussi « réduire les effectifs des élèves dans toutes les classes » en poursuivant la hausse des recrutements d’enseignants engagée sous François Hollande.


Continuer à mettre le paquet sur le primaire, un consensus

Arnaud Montebourg veut instaurer un maître des savoirs fondamentaux, qui suive les élèves pendant trois ans du CP au CE2. « Il faut commencer par dédoubler les classes afin de travailler en plus petits groupes, avec des heures supplémentaires payées aux maîtres », poursuit-il dans une interview au Parisien dimanche. Outre ses propositions pour alléger les effectifs en primaire, Benoît Hamon souhaite donner plus de moyens à la réforme des rythmes scolaires : « J’augmenterai de 25 % sur le quinquennat le budget de l’Etat consacré à l’accompagnement des communes dans la mise en œuvre de la réforme des rythmes scolaires et du développement des activités périscolaires », indique-t-il dans son programme.


Améliorer la mixité sociale des établissements, une priorité

Benoît Hamon souhaite revoir la sectorisation, afin que les bassins de recrutement des établissements soient plus mixtes qu’actuellement, et veut que le système d’affectation soit effectué par les rectorats. Il souhaite aussi impliquer l’enseignement privé dans cet effort de mixité sociale. L’autre ancien ministre de l’Education, Vincent Peillon est sur la même ligne : « Nous devons élargir les secteurs de recrutement à plusieurs collèges et demander à l’enseignement privé, par contractualisation, de prendre sa part dans le développement de la mixité scolaire », détaille-t-il dans ses Propositions pour la France. « Je veux l’associer davantage, en modulant les dotations aux établissements qui font un effort en matière de mixité sociale », a complété le candidat dans Le Parisien de dimanche.

Epauler l’éducation prioritaire, l’axe commun

Manuel Valls souhaite poursuivre la scolarisation des élèves de moins de trois ans dans l’éducation prioritaire, tout comme Vincent Peillon. Mais le premier va plus loin en termes d’objectif en visant les 50 % d’enfants de moins de trois ans scolarisés « car on sait que la scolarisation précoce favorise la réussite scolaire des enfants dont les familles sont éloignées de l’école », précise-t-il dans son programme. Dans la même ligne, Sylvia Pinel souhaite imposer la scolarisation obligatoire dès la maternelle.

Manuel Valls prône aussi une affectation des professeurs en REP ou REP +, uniquement si ceux-ci ont déjà 5 ans d’expérience. Une idée partagée par Sylvia Pinel. En cela ils suivent les recommandations de l’OCDE qui fustige régulièrement la pratique française d’envoyer de jeunes professeurs inexpérimentés en éducation prioritaire alors qu’il faudrait y affecter au contraire des profs ayant un peu « de bouteille ».


De son côté, Benoît Hamon se prononce aussi envers d’une extension au lycée de la réforme de l’éducation prioritaire. Il propose la création d’un indice social pour les lycées, basé sur la catégorie socioprofessionnelle des familles, le pourcentage de boursiers, le nombre d’élèves ayant une autre langue maternelle que le français… Cet indice permettra de déterminer les établissements les plus défavorisés et d’y concentrer les moyens.


Donner un coup d’accélérateur à l’enseignement supérieur

C’est la priorité de Vincent Peillon. « Je mettrai le paquet sur l’université et sur la recherche. Je propose 5 Mds d’euros sur le quinquennat », indique-t-il dans le Parisien de dimanche. Il souhaite notamment recruter 8.000 enseignants supplémentaires « Nous devrons consacrer 1 milliard d’euros par an à nos universités », estime pour sa part Manuel Valls dans son Projet pour la France.

Quant à Sylvia Pinel, elle propose une idée originale : « décentraliser les concours des grandes écoles au sein de tous les lycées de France ». Une manière de permettre « à tous les élèves de pouvoir se familiariser avec ces concours ». Plus iconoclaste, Jean-Luc Bennahmias souhaite quant à lui introduire des cours en amphi au lycée, afin d’habituer les élèves à la prise de note avant d’aller en fac.


Mieux aider les élèves en difficultés

Lors du débat de dimanche sur BFMTV, iTELE et RMC, Benoît Hamon a déclaré qu’il souhaitait instaurer un service public d’aide aux devoirs. Concrètement, il s’agirait de séances de devoirs animés par des enseignants payés en heures supplémentaires. Arnaud Montebourg souhaite lui, « associer des retraités de l’Education nationale, défrayés, et des enseignants autour de certains élèves en difficulté afin de les faire réviser », indique-t-il dans une interview au Parisien dimanche. Jean-Luc Bennahmias souhaite appliquer le dispositif « plus de maîtres que de classes » qui a bien fonctionné à l’école primaire, au collège. Pendant qu’un enseignant ferait son cours « l’autre suivrait les élèves qui décrochent », a-t-il expliqué lors du débat de dimanche.

Revaloriser les salaires des profs

« Particulièrement en début de carrière », indique Vincent Peillon. Manuel Valls veut quant à lui mieux reconnaître financièrement « les efforts des enseignants pour améliorer les performances de leurs élèves », indique-t-il dans son projet pour la France. Benoît Hamon souhaite aussi augmenter les enseignants, tout comme Arnaud Montebourg et Jean-Luc Bennahmias.


Booster l’apprentissage

C’est l’un des axes majeurs de la politique éducative de Sylvia Pinel qui souhaite revaloriser les formations en alternance en incitant les fédérations professionnelles à présenter leurs métiers aux lycéens. Dans son programme, elle prône aussi « un déploiement plus important du programme européen d’échanges en matière d’apprentissage ( Erasmus +) ».


Pourquoi ne pas récompenser l’innovation pédagogique ?

C’est l’idée originale de François de Rugy. « Des dotations exceptionnelles en personnel et en moyens financiers seront accordées à un nombre limité d’établissements scolaires […] qui choisiront […] de mettre en œuvre un projet d’établissement spécifique ou une pédagogie adaptée aux caractéristiques de la population scolaire », indique-t-il dans son programme

Prérecruter les profs pour susciter des vocations

C’est l’idée de François de Rugy, qui souhaite le faire dès la fin de la terminale. Les étudiants bénéficieront d’une bourse d’étude et « suivront des stages de formation à la pédagogie en parallèle de leur cursus universitaire », explique-t-il dans son programme. Ils devront en contrepartie dix ans de service à l’Education nationale. Vincent Peillon souhaite aussi mettre en place des pré recrutements lors de la première année universitaire.


Jumeler les établissements pour les ouvrir

Cette idée originale provient de François de Rugy Les deux établissements ne devront pas être situés dans la même région et avoir un contexte socio-économique différents. Des échanges entre élèves auront lieu pour les « confronter chacun à la diversité sociologique de la France », déclare-t-il dans son programme.


Développer la formation continue des profs, une urgence

En tous cas pour Vincent Peillon et Manuel Valls. Ce dernier veut instaurer « un stage obligatoire chaque année » pour permettre à chaque enseignant de développer ses compétences. Arnaud Montebourg souhaite de son côté « que les inspecteurs d’académie soient davantage présents dans les écoles et qu’ils contribuent plus à la formation des maîtres », déclare-t-il dans une interview au Parisien dimanche. Benoît Hamon est sur la même ligne : « En fonction de son ancienneté et des besoins qu’il exprimera, chaque enseignant bénéficiera tous les ans de 3 jours, 5 jours ou 10 jours de formation », détaille-t-il dans son programme.