Primaire à droite: Rythmes, bac, uniforme... Les idées de Fillon et Juppé sur l'éducation
COMPARATIF (2/7) « 20 Minutes » passe au crible les propositions des deux candidats au second tour de la primaire de droite…
Pour Alain Juppé, la réforme de l’éducation est la « mère de toutes les réformes ». Il lui a même consacré un livre, . Quant à François Fillon, son passé de ministre de l’Education lui a permis de mesurer les enjeux dans ce domaine. 20 Minutes revient sur les déclarations et les projets des deux candidats à ce sujet afin de vous aider à cerner leurs différentes visions.
Ils veulent sabrer des postes d’enseignants
La réduction du nombre de fonctionnaires aura évidemment une incidence sur le nombre de profs. François Fillon est celui qui va plus loin dans ce domaine en évoquant un objectif de 500 000 fonctionnaires en moins sur le quinquennat, mais n’a pas donné de chiffrage précis sur le nombre de postes d’enseignants concernés. Alain Juppé vise quant à lui, les 300 000 fonctionnaires en moins, mais reste flou sur le sort qu’il réserve aux postes d’enseignants : « On ne peut pas vivre avec zéro recrutement de policiers, d’enseignants et d’infirmières pendant cinq ans », a-t-il par exemple déclaré
Mettre le paquet sur le premier degré, un consensus
Alain Juppé estime qu’il faut concentrer ses efforts sur le primaire et la maternelle et envisage même une réaffectation progressive de certains postes du secondaire vers le primaire. Il veut « augmenter le taux d’encadrement en maternelle et CP et porter un effort massif sur les élèves en difficulté, en créant plus facilement de petits groupes de 4-5 élèves », Il souhaite aussi mettre en place un système d’évaluation « tout au long de la primaire ».
De son côté, François Fillon veut avancer la scolarité obligatoire à 5 ans, au lieu de 6 ans. Il le justifie dans son document intitulé : « Commencer la scolarité obligatoire à cinq ans (au lieu de six) de sorte que l’apprentissage de la lecture débute plus tôt, pendant l’année de grande section de maternelle. » Il souhaite aussi recentrer les programmes sur les savoirs fondamentaux et « mettre fin à l’interdiction des devoirs à l’école élémentaire », .
Augmenter les enseignants, leur priorité
Les deux candidats souhaitent augmenter les profs. Alain Juppé a évoqué une revalorisation de 10 % de la rémunération des enseignants du primaire dès 2017 alors que François Fillon n’a pas donné de précision, même s’il évoque son souhait de « développer une part de mérite dans le salaire ». L’ancien Premier ministre de a aussi clairement annoncé son souhait d’augmenter le temps de travail des enseignants dans son programme : « Dans les missions du professeur doivent être inscrits l’accompagnement personnalisé des élèves et la formation des jeunes enseignants. C’est pourquoi il faudra augmenter progressivement le temps de présence des enseignants du second degré dans l’établissement : le temps de présence passerait de 648 heures à 800 heures par an, mais le temps de cours serait inchangé », indique-t-il.
Ils veulent des établissements plus autonomes
Permettre aux chefs d’établissement de recruter les enseignants selon leurs propres critères, de les évaluer et de gérer le budget. L’idée plaît à François Fillon et Alain Juppé.
Réformer le collège, mais différemment
François Fillon souhaite que les élèves n’aient que cinq professeurs différents qui se chargent de l’ensemble des matières du programme, du moins lors des deux premières années du secondaire. Il souhaite aussi instaurer trois semaines de découverte des métiers pour les collégiens. Quant à Alain Juppé, il souhaite abroger la réforme du collège de . « J’abrogerai ce qui a été décidé sur les classes bilangues et l’enseignement des langues anciennes », a-t-il ainsi déclaré en octobre sur Europe 1.
Fillon veut développer les établissements privés
François Fillon veut favoriser le développement d’établissements scolaires privés, en déplafonnant les fonds qui leurs sont alloués par l’Etat. Il le précise dans son livre paru en 2015: « Si l’enseignement privé donne de bons résultats, nous n’avons aucune raison de vouloir nous en passer, et nous devrions même resserrer les carcans qui en limitent la portée. Depuis un quart de siècle, la part des établissements privés sous contrat est limitée à 20 %. Il faut se poser la question de savoir s’il convient de revenir sur cette contrainte, surtout si l’on voit naître de plus en plus, dans toutes les couches sociales, une volonté de libre choix […]. Je soumets cette question à une réflexion qui prendra le temps qu’il faudra ».
Le retour de l’uniforme, pourquoi pas pour Fillon
François Fillon n’est pas hostile à cette idée, comme il l’a indiqué lors du deuxième débat télévisé : « Je propose un uniforme parce que je pense que c’est moderne, une bonne manière de montrer à un enfant qu’il rentre dans une nation. »
Réformer le bac, un impératif
Juppé veut réduire le en taillant dans le nombre d’options et d’épreuves. Quant à François Fillon, il souhaiterait que le baccalauréat soit organisé plus tard qu’actuellement, c’est-à-dire en juillet. Histoire de permettre aux lycéens qui ne sont pas en terminale d’avoir cours plus longtemps.
Changer la manière d’enseigner l’histoire pour Fillon
François Fillon propose de renouveler le programme d’histoire en primaire. S’il est élu, il réunira trois académiciens pour réécrire les programmes d’histoire avec l’idée de les concevoir comme un récit national, un enseignement centré sur les grands hommes et les grandes dates de l’histoire de France.
Le retour de la suspension des allocations familiales pour les élèves trop souvent absents
Suspendre les allocations familiales pour les parents dont les enfants seraient trop souvent absents en classe. Cette mesure existait lors du quinquennat de Nicolas Sarkozy et a été abrogée lors de celui de François Hollande. Mais Alain Juppé et François Fillon voudraient la voir ressurgir.
Retoucher les rythmes scolaires
S’ils étaient élus, Alain Juppé et laisseraient le choix aux communes de continuer à appliquer la réforme des rythmes scolaires ou de s’en défaire. Mais Alain Juppé prône aussi un raccourcissement des vacances d’été pour allonger l’année scolaire.
Des frais de scolarité fluctuants à l’université
Juppé estime que devraient pouvoir fixer librement leurs frais de scolarité « dans leurs formations sélectives, telles que les masters, doctorats ou école d’ingénieurs. » Quant à François Fillon, il souhaite « une augmentation progressive des droits d’inscription en licence avec un objectif de 500 euros par an, tout en continuant à en dispenser les étudiants boursiers. »
Booster l’apprentissage, une évidence
S’il y a bien un consensus entre les candidats, c’est sur l’intérêt de miser sur l’apprentissage pour améliorer l’insertion des jeunes. François Fillon estime qu’il faut « mobiliser tout le pays en faveur de l’apprentissage à 15 ans et de redéployer les fonds destinés aux emplois aidés vers les aides aux entreprises pour favoriser l’embauche d’apprentis et pour augmenter leurs rémunérations ». Juppé estime aussi dans son programme qu’il faut « réduire substantiellement le coût de l’alternance pour les entreprises et stabiliser les aides » et « développer la création de CFA dans les lycées professionnels ».