Présidentielle: Emmanuel Macron candidat en banlieue, juste pour le symbole?

REPORTAGE L'ancien chef de l'Etat avait choisi un lieu très symbolique pour se déclarer candidat...

Thibaut Le Gal
Emmanuel Macron à Bobigny
Emmanuel Macron à Bobigny — PHILIPPE LOPEZ / AFP

En fin de matinée, près de cent journalistes patientent dans un garage. Emmanuel Macron doit se déclarer candidat, ici, à Bobigny, après plusieurs semaines de fausses rumeurs et démentis.

Un garage à Bobigny ? Oui, le héraut de l’ubérisation a choisi cette ville de Seine-Saint-Denis, et plus particulièrement le Campus des métiers et de l’entreprise, pour franchir le Rubicon. « La symbolique est forte. On annonce des choses en banlieue, pas sur le plateau de TF1 », raillait la veille, Patrick Toulmet, président de la chambre des métiers et de l’artisanat du 93.


En banlieue, sans jeunes de banlieue

Dans la salle régne une drôle d’impression. Cela ressemble à un atelier de réparation : les voitures sans roues, les capots ouverts, le tableau de clés, mais quelque chose manque à l’appel…


Mais où sont donc les apprentis, les jeunes étudiants de banlieue ? Aucun n’est présent. Il y a bien une poignée de jeunes ; ce sont des militants, t-shirt du mouvement sur les épaules.

Dans la foulée, des étudiants se voient refuser l’entrée. Un membre de la sécurité confirme : « On m’a demandé de ne pas faire entrer des jeunes de l’établissement ». Certains insistent pour voir l’ancien ministre. « Il y a une fenêtre en haut si vous voulez le voir ». Une petite vitre au premier étage, à quelques dizaines de mètres de l’estrade.


« Nous ne voulions pas instrumentaliser les étudiants, ni faire venir des groupies »

Soudain, ça crépite : Emmanuel Macron arrive. Dans son discours, le candidat souligne l’importance des plus jeunes. « Notre pays se redressera par sa jeunesse (…) Il ne s’agit pas de lui faire des promesses, on lui en a trop fait ». Paul, 22 ans, militant d’En Marche confirme : « C’est bien sûr le candidat des jeunes. Par son âge, par son projet, par son désir de renouveler la politique ».

Pourquoi aucun jeune n’a alors été convié ? « Il est déjà venu deux fois ici et les a rencontrés. Il y avait un besoin de solennité pour cette annonce de candidature », répond le jeune homme. Dans l’entourage de l’ex-ministre, on ne dit pas mieux. « Nous ne voulions pas instrumentaliser les étudiants, ni faire venir des groupies. Nous souhaitions éviter le mélange des genres. C’était une conférence de presse, pas un meeting ».

Le candidat à la présidentielle aura donc convoqué la presse en banlieue pour faire une déclaration d’une vingtaine de minutes, dans un cadre finalement très classique (fond bleu, pupitre, drapeaux français et européens), sans échanges, dans une salle remplie surtout de journalistes.

Certains comme Gokhan, des jeunesses communistes de la ville, aurait bien aimé mettre un peu de bruit. Mais le jeune étudiant a été recalé à l'entrée. « Les politiques viennent en banlieue en période électorale. Je voulais l’interroger sur ces propositions pour les quartiers populaires », regrette le jeune de 22 ans, venu d’une université juste à côté. « C’est vrai que le chômage est très haut dans le 93, mais on ne veut pas tous être , c’est plus une roue de secours qu’autre chose pour certains ».