EELV: Comment rebondir après l'année de la lose?

POLITIQUE A la veille de leurs journées d'été, les écologistes veulent oublier l'annus horribilis passée...

Thibaut Le Gal
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Yannick Jadot et Cécile Duflot à Notre Dame des Landes
Yannick Jadot et Cécile Duflot à Notre Dame des Landes — SEBASTIEN SALOM-GOMIS/SIPA

2015-2016, une année politique à vite oublier pour les écologistes. scission, déroute électorale, affaire sexuelle… Depuis septembre dernier, les dix plaies d’Egypte semblent s’être abattues sur EELV. Pas vraiment l’idéal pour préparer les enjeux électoraux de 2017.

A la veille des journées d’été du parti, de jeudi à samedi à Lorient, 20 Minutes a interrogé Sandrine Rousseau, secrétaire nationale adjointe, et Julien Bayou, porte-parole, sur ces défis à surmonter.

>> Scission et hémorragie

- AFP PHOTO/ ALAIN JOCARD

Rentrée 2015, c’est sauve-qui-peut chez les écolos. François de Rugy (ancien co-président du groupe à l’Assemblée) et Jean-Vincent Placé (ex-patron des écologistes au Sénat) quittent le navire, en désaccord avec la stratégie du parti de ne pas rejoindre le gouvernement. Barbara Pompili et Stéphane Gatignon claqueront la porte quelques jours plus tard. Puis vient le tour d’Emmanuelle Cosse, nouvelle ministre. Le groupe EELV à l’Assemblée disparaît finalement en mai 2016, quand six députés écolos rejoignent le groupe PS.

La réponse : « Une clarification de la ligne politique »

« Les départs ne sont jamais une bonne chose, mais au moins, il y a eu une forme de clarification », répond Sandrine Rousseau. « Normalement dans les partis, il y a d’autres formes pour clarifier une ligne, avec des majorités, des minorités. Je vois ici la malignité de François Hollande, qui a réussi à mettre le bazar partout, avec la stratégie de diviser pour mieux régner ». La ligne d’une « rupture totale » avec le parti socialiste, portée par le nouveau secrétaire général David Corman, a été validée à 60 % lors du congrès en juin dernier.

>> La débâcle des Régionales

Les écologistes décident de ne pas s’associer au PS pour les élections. L’échec est important. EELV passe de 263 à 65 élus régionaux sur toute la France, mettant en péril les finances du parti.

La réponse : « Des candidatures indépendantes en 2017 » (ou presque)

Le parti décide malgré tout de poursuivre sur cette ligne. « EELV présentera des candidatures indépendantes aux législatives en 2017 », annonce même David Corman à Marianne, contrairement à la stratégie d’alliance des législatives précédentes. « Les accords de 2012 portaient les germes de la discorde à venir. Une partie des députés écologistes se sont sentis élus par des voix socialistes, il y a eu une espèce de flou », reconnaît Sandrine Rousseau.

Une stratégie risquée ? « Si on balaie toutes les hypothèses, partir avec le PG, avec les communistes, on pourrait risquer de perdre des électeurs… Dans la séquence actuelle, rien n’est safe », ajoute-t-elle. Julien Bayou est moins affirmatif. « La question des alliances n’est pas arrêtée, hormis le refus du PS. On tranchera ça en décembre ».

>> Hulot dit non aux espoirs écolos

Nicolas Hulot, président de la Fondation pour la Nature et l'Homme, le 31 mai 2016 à Nantes.
Nicolas Hulot, président de la Fondation pour la Nature et l'Homme, le 31 mai 2016 à Nantes. - SEBASTIEN SALOM-GOMIS/SIPA

Pour une fois, (presque) tous les écologistes s’étaient mis d’accord. Pour 2017, le parti s’était trouvé un champion : Nicolas Hulot. Mais début juillet, patatras ! L’écolo renonce. « Ce que je ne peux pas, c’est endosser l’habit de l’homme providentiel et présidentiel. Je ne me sens ni suffisamment armé, ni suffisamment aguerri pour cela », indique l’ancien animateur.

La réponse : Une primaire écologiste en octobre

Pour désigner leur candidat, les écologistes décident finalement de faire comme les autres : une primaire, au mois d’octobre. « S’il y’avait un candidat absolument naturel, la question ne se poserait pas. A nous de garder l’élan et les valeurs que la candidature Hulot a pu susciter », indique Sandrine Rousseau.

Sept écologistes sont candidats : ils devront rassembler 36 parrainages de membres du conseil fédéral (de 240 personnes). « Avec ce système, 3-4 personnalités devraient pouvoir se présenter », prévoit Julien Bayou. Yannick Jadot, Cécile Duflot, Michelle Rivasi, et Karima Delli sont favoris.

>> Faire de l’écologie un débat d’actualité

Entre l’affaire Baupin et les dissensions politiques, ce n’est pas vraiment pour les questions écologiques qu’EELV a été au centre de l’actualité.

La réponse : « Conserver notre indépendance d’esprit »

« Dans les pays ou l’écologie progresse, les partis ont su conserver leur indépendance d’esprit et une grande liberté de parole, ça a été la magie de Daniel Cohn-Bendit notamment », assure Sandrine Rousseau.

Julien Bayou poursuit. « L’écologie est à l’actualité tous les jours. On le voit par exemple avec la crise du lait, les algues vertes en Bretagne, l’enfouissement du déchet, etc. A nous de réussir à catalyser ces enjeux ».