Présidentielle: Sarkozy 2011 versus 2016, le match

CANDIDATURE L’ancien chef d’Etat a annoncé sa candidature à la présidence de la République, via la primaire à droite…

Anne-Laëtitia Béraud
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Montage 20 Minutes avec Nicolas Sarkozy en 2012 et en 2016.
Montage 20 Minutes avec Nicolas Sarkozy en 2012 et en 2016. — Montage 20 Minutes/SIPA

Le vrai-faux suspense concernant Nicolas Sarkozy a été levé lundi soir. Oui, l’ancien chef d’Etat est bien candidat à l’Elysée. Et oui, il se soumettra à la primaire de la droite et du centre, aux côtés d’ Alain Juppé, François Fillon ou encore Bruno Le Maire. L’ex-chef de l’Etat redevenu chef de parti avant d’être candidat de l’opposition a bien évolué en cinq ans. 20 Minutes compare la figure politique de 2011, versus celle de 2016…

Nicolas Sarkozy, le 26 juillet 2016, à Paris.
Nicolas Sarkozy, le 26 juillet 2016, à Paris. - NICOLAS MESSYASZ/SIPA

Le positionnement : avantage Sarkozy 2016

Sur le fond, le Sarkozy de 2016 est globalement sur la ligne de celui de 2011. Ses thèmes favoris sont la nation, l’identité, l’autorité, la sécurité et l’immigration. C’est le fil directeur de son livre-programme publié mercredi, Tout pour la France, ou encore de meeting à Saint-André-Lez-Lille, le 9 juin 2016. Mais, comme le rappelle Laurent Bouvet, professeur de sciences politiques à l’université de Versailles-Saint-Quentin, « ce positionnement idéologique est plus en phase avec la société de 2016 [que celle de 2011], car elle est traumatisée après les attentats sur le territoire national. »

L’espace politique : égalité

En 2011, président de la République, Nicolas Sarkozy incarnait le candidat « naturel » de la droite pour la présidentielle. Une position a priori plus confortable qu’en 2016: il concourt aujourd’hui avec douze prétendants à la primaire de la droite, et Alain Juppé caracole toujours en tête des intentions de vote.

Ce serait oublier le démarrage poussif de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2011… et que l’homme est un animal politique taillé pour les campagnes, comme en 2006 lorsqu’il avait torpillé la candidature du Premier ministre chiraquien Dominique de Villepin.

Nicolas Sarkozy lors de son interview télévisée concernant le dernier sommet européen, le 27 octobre 2011.
Nicolas Sarkozy lors de son interview télévisée concernant le dernier sommet européen, le 27 octobre 2011. - SIPA

L’image médiatique : avantage Sarkozy 2011

Chef d’Etat en 2011, candidat en 2016… Selon le professeur Laurent Bouvet, l’une des grandes difficultés de Nicolas Sarkozy aujourd’hui est de convaincre de nouveau les Français, alors qu’il a déjà été au sommet de l’Etat. « Il a pris cinq ans de plus, a été battu à la présidentielle », rappelle le professeur de sciences politiques. « L’antisarkozysme est encore vivace dans la société, tout comme l’aspiration au renouvellement politique. Et il ne faudrait pas oublier le poids de la candidate FN, créditée aujourd’hui de 25 % à 30 %. Si Nicolas Sarkozy est capable de gagner la primaire de la droite en 2016, les choses sont beaucoup plus compliquées pour la présidentielle », résume Laurent Bouvet.

Procédures judiciaires : avantage Sarkozy 2011

Nicolas Sarkozy a bénéficié d’un non-lieu ou a été écarté des affaires Bettencourt, Karachi, les pénalités de 2012 réglées par l’UMP, ou encore dans l’arbitrage Tapie. Mais en 2016, plusieurs procédures judiciaires pourraient le gêner, comme dans l’affaire des écoutes dans laquelle il a été mis en examen en 2014. « Si elles ne le pénalisent pas aujourd’hui, ces affaires peuvent considérablement assombrir son avenir politique. Et ses concurrents ne manqueront pas d’en parler au cours de la campagne », assure le professeur Laurent Bouvet.

Nicolas Sarkozy et Brice Hortefeux, le 7 avril 2011, lors d'une visite de la fonderie Alcan, à Issoire, dans le Puy-de-Dôme.
Nicolas Sarkozy et Brice Hortefeux, le 7 avril 2011, lors d'une visite de la fonderie Alcan, à Issoire, dans le Puy-de-Dôme. - LUDOVIC-POOL/SIPA

Cercle, soutiens et alliés : avantage Sarkozy 2011

En 2011, Nicolas Sarkozy disposait d’une équipe qui était peu ou prou la même que la « dream team » de sa campagne de 2007. Outre son conseiller politique Patrick Buisson, Nicolas Sarkozy était entouré de Pierre Giacometti, expert en opinion, Henri Guaino, sa « plume », Guillaume Lambert, le préfet logisticien, Franck Louvrier, conseiller chargé de la communication, Emmanuelle Mignon, le « cerveau », sans oublier Brice Hortefeux, le fidèle ami et conseiller, ou encore Sébastien Proto, autre proche conseiller.

En 2016, le sulfureux Patrick Buisson a été viré, Henri Guaino est candidat à la primaire, Guillaume Lambert et Emmanuelle Mignon ont été mis en examen dans des affaires distinctes, Franck Louvrier a pris de la distance… Du côté des parlementaires comme des chefs d’entreprise, Nicolas Sarkozy a, là encore, perdu par rapport à 2011,nombre de soutiens ayant rallié d’autres candidats à la primaire.