Présidentielle 2017: Comment la gauche veut éviter un nouveau «21 avril»
POLITIQUE Quatorze ans après l'élimination de Lionel Jospin au premier tour de la présidentielle, la gauche voit de nouveau le spectre du «21 avril» se dessiner...

Le 21 avril 2002, à 20 heures, le visage de Jean-Marie Le Pen apparaîssait sur les écrans de télévision. Le candidat FN se qualifiait pour le second tour de la présidentielle, laissant la gauche dans le désarroi. Quatorze ans après, le spectre d’un nouveau « 21 avril » refait surface. Quelles cartes la gauche possède-t-elle en main pour éviter un tel scénario en 2017 ? 20 Minutes fait le point.
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Faire l’inventaire du quinquennat
C’est une solution avancée par une partie du PS : le rassemblement de la gauche passe par le bilan du quinquennat. « Il ne faut pas attendre que tous les candidats de la gauche aient perdu pour faire le droit d’inventaire. Si on veut avoir une chance de gagner, il faut réaliser ce travail sérieusement », assure Jean-Luc Carvounas, sénateur PS. Jean-Christophe Cambadélis a lancé la semaine dernière la « Belle Alliance Populaire » dans cette optique.
Lundi, Stéphane Le Foll lancera lors d’une réunion à Paris son mouvement de soutien à François Hollande intitulé « Hé oh la gauche ! » avec la volonté de mettre en lumière ce qui a été fait pendant le quinquennat pour remobiliser les électeurs. « Ces initiatives n’ont de sens que si on regarde aussi ce qui n’a pas marché pendant cinq ans. Il faut se situer entre la méthode Coué et l’autoflagellation pour que cela fonctionne », nuance, prudent, le frondeur Jérôme Guedj.
Organiser une primaire
« Normalement, François Hollande aurait dû être le candidat naturel. Ce n’est plus le cas. Un seul moyen reste pour désigner un candidat légitime : les primaires », avance Jérôme Guedj. « S’il souhaite convaincre à nouveau et recréer les conditions du rassemblement, le président sera obligé d’y passer », poursuit-il.
« François Hollande est le candidat légitime. Mais on voit bien qu’aujourd’hui il n’est pas le meilleur candidat sur le plan politique à gauche. La primaire peut être une épreuve de vérité et permettre ce rassemblement nécessaire », ajoute Luc Carvounas. « On va faire le boulot, parler avec nos camarades communistes et écologistes, même si je crains que ce soit installé un fossé entre les dirigeants et leur base militante ».
Abandonner Hollande en route
La primaire semble en effet avoir du plomb dans l’aile. Le PCF et EELV refusent de participer à un processus que pourrait remporter François Hollande. « Le président a déçu. Il est disqualifié. Pour éviter un 21 avril, évitons une candidature Hollande.Il y a déjà Juppé… », tacle Julien Bayou, porte-parole EELV. « Si primaire il y a, elle doit se faire autour d’un projet alternatif. Tout reste ouvert, il y a une aspiration à quelque chose de nouveau ».
« Ce sont les socialistes et leur politique qui sont responsables de cette situation. Est-il sérieux de se rassembler derrière les pyromanes pour éteindre l’incendie ? », interroge Alexis Corbière, porte-parole de Jean-Luc Mélenchon, candidat déclaré à la présidentielle. « Pour éviter l’élimination de la gauche, il faut rassembler le peuple, remobiliser les abstentionnistes majoritaires et ne pas s’unir artificiellement avec ceux qui sont responsables du problème ».
Utiliser la carte Macron
Star des sondages, Emmanuel Macron pourrait se déclarer candidat si François Hollande n’y allait pas. Selon une étude Viavoice publiée ce jeudi par Libération, 38 % des Français verraient en lui « un bon président de la République ».
Le ministre de l’Economie, qui vient de lancer le mouvement « En Marche ! », pourrait aussi s’avérer précieux en cas de candidature du chef de l’Etat pour attirer des voix du centre, voire de la droite. « Il faut recomposer l’échiquier politique, savoir où se trouvent les forces réformistes », avance Pascal Terrasse, député de l’aile droite du PS. « Macron peut être utile. Il est entendu par une partie du centre droit mais également par le monde ouvrier et une partie de la gauche ». Le ministre reste malgré tout très isolé. « Je ne pense pas qu’il soit utile à la gauche », indique Luc Carvounas.