Loi travail, Emmanuel Macron, islam: Ce que pense Manuel Valls

SOCIETE Le Premier ministre réaffirme par ailleurs avoir « toujours été de gauche »…

Clémence Apetogbor
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Manuel Valls s'est longuement entretenu le quotidien Libération
Manuel Valls s'est longuement entretenu le quotidien Libération — PATRICK HERTZOG / AFP

Ce mercredi, alors que le projet de loi « égalité et citoyenneté » est présenté ce mercredi en Conseil des ministres, Manuel Valls revient dans les colonnes de Libération sur les polémiques qui ont secoué la majorité ces dernières semaines.

Loi travail, mesures en faveur des jeunes, lancement du mouvement d’Emmanuel Macron, place de l’islam dans la société, le Premier ministre s’est longuement exprimé dans les colonnes du quotidien.

L’islam compatible avec la République

Manuel Valls se dit « convaincu » de la possibilité de démontrer à une majorité de Français qui en doute la compatibilité de l’islam avec la République.

« Aujourd’hui, la laïcité est confrontée à la montée de l’islam radical mais aussi à la place de l’islam dans nos sociétés. Je crois en mon pays, à son message et à ses valeurs universelles. J’aimerais que nous soyons capables de faire la démonstration que l’islam, grande religion dans le monde et deuxième religion de France, est fondamentalement compatible avec la République, la démocratie, nos valeurs, l’égalité entre les hommes et les femmes », affirme le Premier ministre.

Cette démonstration n’est donc pas faite ? « Certains ne veulent pas y croire, une majorité de nos concitoyens en doute, mais moi, je suis convaincu que c’est possible », répond le chef du gouvernement. « C’est pour cela qu’il faut protéger -pro-té-ger- nos compatriotes de confession ou de culture musulmane de la stigmatisation, des actes antimusulmans », martèle-t-il.

Quant à l’opportunité de faire une loi sur le voile à l’université, le Premier ministre estime qu'« il faudrait le faire ». « Mais il y a des règles constitutionnelles qui rendent cette interdiction difficile. Il faut donc être intraitable sur l’application des règles de la laïcité dans l’enseignement supérieur », regrette-t-il.

En phase avec Emmanuel Macron

Concernant la division droite-gauche qu’entend balayer Emmanuel Macron, le Premier ministre estime que droite et gauche peuvent « parfaitement nouer des pactes », « sans nier » leurs différences, et « sur des grands sujets on peut parfaitement se rassembler ».

« A partir du moment où le paysage politique français est marqué par trois forces, une gauche morcelée dont une partie qui ne veut pas des responsabilités, une droite divisée et une extrême droite enracinée, on voit bien que la question qui se pose est de savoir comment gouverner et trouver une majorité », analyse Manuel Valls, qui réaffirme avoir « toujours été de gauche ».

Certes, une coalition gauche-droite à l’allemande, « n’est pas la tradition française », concède-t-il, mais ajoute : « Sans nier les différences entre la gauche et la droite, il est évident que l’on peut parfaitement nouer des pactes. » « Et de ce point de vue là, je suis en phase avec Emmanuel Macron (qui a lancé son mouvement En marche !, qui se veut ni de droite ni de gauche). Chacun devra se dépasser », poursuit le Premier ministre.

« Je continue à penser que le dépassement des clivages partisans s’impose », insiste Manuel Valls, pour lequel « la gauche est forte quand elle s’adresse à tous. C’est pour cela qu’elle doit se transcender. Et c’est ce que nous avons fait, notamment en matière de lutte contre le terrorisme ».

La loi travail, utile et efficace

Interrogé enfinsur la loi Travail, finalement remaniée alors qu’il avait promis « d’aller jusqu’au bout », Manuel Valls nuance. « Nous n’avons pas réussi à présenter cette réforme de manière positive, mais malgré cette erreur – il faut savoir reconnaître les choses  – nous aboutissons à un nouveau texte utile et efficace. »

Mais le Premier ministre admet une erreur sur la communication autour de la loi Travail qui n’a pas été présentée « de manière positive » et ne s’étonne pas de voir émerger un mouvement comme celui de la Nuit Debout.

« Il ne faut pas se plaindre de voir des jeunes se réunir, agir et rêver de collectif. C’est le signe que la société française a un souffle. Mon rôle est de faire que ces énergies soient associées à un travail collectif pour que cet élan soit constructif pour tout le monde […] Quand toute la société se questionne sur son avenir, la jeunesse s’interroge aussi. »