Loi travail, 49.3, «chantage à la démission»: Manuel Valls s'explique

PEDAGOGIE Il fait de la pédagogie tout en réaffirmant qu'il ne veut pas de «statu quo»...

M.P. avec AFP
Manuel Valls à Matignon pour ses vœux à la presse, le 28 janvier 2016
Manuel Valls à Matignon pour ses vœux à la presse, le 28 janvier 2016 — ALAIN JOCARD / AFP

Après une semaine compliquée pour le Premier ministre, marquée par un rejet dans son camp et l’opinion de la loi Travail et des rumeurs de démission sur fond de rivalité avec Emmanuel Macron, Manuel Valls s’explique ce dimanche dans les colonnes du JDD.


D’emblée, le chef du gouvernement promet des « améliorations » au projet de loi Travail, qui a réussi àréunir plus d’un million de signatures contre lui. Il promet de revenir sur « deux points » contestés : la création d’un plafond pour les indemnités prud’homales et l’extension du licenciement économique. « Concernant la barémisation pour les prud’hommes, disposition attendue par les chefs d’entreprise, des adaptations peuvent être possibles sans la remettre en cause. Nous allons en discuter », affirme-t-il, tout en prévenant qu’il allait refuser tout « immobilisme ».

« Ce qui serait terrible, c’est le statu quo »

Des propos qu’il devra mettre en oeuvre dès lundi, puisqu’il doit recevoir les organisations syndicales à Matignon et qu’il fera face à une grande grève ce mercredi à l’appel de plusieurs organisations. Les syndicats réformistes (CFDT, CFE-CGC, CFTC, Unsa) demandent le retrait de l’article sur le plafonnement de ces indemnités lors de licenciements abusifs. Le texte initial prévoit que les dommages et intérêts ne dépassent pas 15 mois de salaire, selon l’ancienneté, alors que la pratique est un mois de salaire par année d’ancienneté.

Concernant le licenciement économique, le texte prévoit que les difficultés économiques de l’entreprise soient caractérisées (baisse du chiffre d’affaires, commandes, pertes d’exploitation). Les réformistes veulent que les juges puissent continuer à « apprécier la réalité des difficultés économiques ».

S’il doit faire un pas vers les syndicats, le Premier ministre doit aussi veiller à ne pas trop froisser le patronat, qui l’accuse déjà de vider le texte de sa substance. Le passage en Conseil des ministres a été reporté de 15 jours, au 24 mars, pour tenter de trouver un compromis.

« Il faut bien sûr répondre aux interrogations, aux inquiétudes, et lever les ambiguïtés, et faire évoluer ce qui doit évoluer. Il faut enrichir et compléter cet avant-projet de loi », concède-t-il. « Mais ce qui serait terrible, c’est le statu quo », met-il en garde.

« Le narcissisme, l’égotisme et les caprices, je laisse cela à d’autres »,

Quant au 49.3, évoqué par la ministre du Travail Myriam El Khomri lorsqu’elle a présenté son texte dans la presse, sur, selon plusieurs sources, initiatives du Premier ministre, Manuel Valls a affirmé n’avoir « jamais évoqué l’idée de mettre en oeuvre le 49-3 ». « Moi, je veux convaincre les socialistes, les radicaux de gauche, les écologistes d’approuver cette loi mais je veux que la loi recueille aussi l’assentiment de tous ceux qui veulent réformer le pays », affirme-t-il. Il est « convaincu » qu’il y a une majorité « parmi les partenaires sociaux, comme au Parlement » pour réformer.

Outre la journée de mobilisation de ce mercredi, sept syndicats réclamant le retrait pur et simple du texte, dont la CGT, FO et Solidaires, ont en outre appelé à manifester et à faire grève le 31 mars contre un projet qui constitue une « régression sociale ».

Enfin, Manuel Valls l’assure : malgré les bruits de couloirs, « Jamais je n’ai fait et je ne ferai de chantage à la démission ». Et d’ajouter : « Le narcissisme, l’égotisme et les caprices, je laisse cela à d’autres », affirme-t-il, au moment où la mobilisation enfle contre le projet du gouvernement de réforme du code du travail. « Le seul sujet qui me préoccupe, c’est l’efficacité de cette réforme », assure-t-il.


« Il y aurait une forme d’indécence à poser le débat autour de ma personne », enfonce-t-il le clou après avoir énuméré les défis auxquels le pays est confronté : « la menace terroriste, la crise migratoire, le risque de dislocation de l’Europe ». Manuel Valls l’assure une dernière fois : « mon rapport avec le président de la République est empreint de loyauté personnelle et de respect des institutions ».