VIDEO. Démission de Christiane Taubira: Les dessous d'un départ
GOUVERNEMENT Opposée à la déchéance de nationalité, la ministre de la Justice a démissionné, mercredi, après un mois d’atermoiements…
Il lui a fallu un mois pour acter sa décision. Mais Christiane Taubira avait compris dès le 23 décembre qu’elle devrait quitter le gouvernement. Ce mercredi-là, lors du Conseil des ministres, la Guyanaise comprend que François Hollande ne reculera pas sur la déchéance de nationalité. Peu importe, pour lui, que sa ministre de la Justice ait annoncé, deux jours avant à la radio algérienne, que la mesure serait abandonnée : le chef de l’Etat a choisi de passer en force.
>> Revivez en live le départ de Christiane Taubira
En chantre de la synthèse, François Hollande tente toutefois de retenir la caution de gauche de son gouvernement. Selon Le Monde, « il lui fait miroiter un arrangement possible » lors de leurs entretiens. La garde des Sceaux s’envole passer les fêtes dans sa Guyane natale et se donner le temps de la réflexion. Avant de prendre l’avion, elle charge ses équipes de travailler sur une nouvelle mouture de la déchéance de nationalité. Lasse, elle sait déjà qu’elle n’obtiendra pas gain de cause…
Négociations sur le tarmac d’Orly-sud
Début janvier, l’horloge tourne. Christiane Taubira a en ligne de mire le début de l’examen à l’Assemblée nationale de la mesure controversée. Elle ne peut pas assister à ça. Elle ne le veut pas. Samedi 23 janvier, un mois tout pile après le Conseil des ministres, elle annonce donc sa démission à François Hollande tout juste rentré d’une visite à Colmar (Haut-Rhin). Quelques heures plus tard, elle accorde une longue interview à Michel Denisot, à qui elle demande de garder le secret.
Le chef de l’Etat doit s’envoler pour l’Inde. Le timing n’est pas idéal. Les grandes manœuvres attendent donc son retour mardi soir. A sa descente d’avion, c’est Manuel Valls qui l’accueille vers 23h sur le tarmac d’Orly-sud. Selon Le Parisien, les deux têtes de l’exécutif s’accordent sur la déchéance de nationalité « nouvelle formule » et sur le nom du nouveau garde des Sceaux. Ce sera Jean-Jacques Urvoas.
>> Portrait : Qui est Jean-Jacques Urvoas, le nouveau garde des Sceaux ?
« Ah, excusez-moi, je suis garde des Sceaux »
Ce dernier n’est encore que président de la commission des Lois à l’Assemblée nationale, mercredi 27 janvier, quand il reçoit un texto à 8h45. Interrompant les débats en cours, il annonce : « Ah, excusez-moi, je suis garde des Sceaux ».
Au même moment, les collaborateurs de Christiane Taubira voient les alertes défiler sur leurs smartphones. Ils n’ont pas été prévenus. Les cartons ne sont pas faits. Pire, certains d’entre eux sont venus avec leur valise pour accompagner la ministre en voyage officiel aux Etats-Unis. Elle n’est plus ministre. Le voyage est-il maintenu ?
Christiane Taubira, elle, a quitté l’Elysée avant le conseil du mercredi. Elle rentre place Vendôme, déjeune avec ses collaborateurs et organise la passation de pouvoirs avec Jean-Jacques Urvoas, prévue l’après-midi même. Emue, elle quitte son ministère à vélo. « Parfois, résister, c’est rester. Parfois, résister, c’est partir », avait-elle annoncé, quelques heures plus tôt sur Twitter.
Parfois résister c’est rester, parfois résister c’est partir. Par fidélité à soi, à nous. Pour le dernier mot à l’éthique et au droit. ChT
— Christiane Taubira (@ChTaubira) January 27, 2016