Le gouvernement dans l'impasse face aux migrants

IMMIGRATIONS La gestion des migrants est d'autant plus délicate qu'elle divise l'opinion publique...

D.B. avec AFP
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Le 14 juin 2015, un camp de migrants à la gare d'Austerlitz à Paris. AFP PHOTO / JOEL SAGET
Le 14 juin 2015, un camp de migrants à la gare d'Austerlitz à Paris. AFP PHOTO / JOEL SAGET — AFP

Après la Chapelle, Vintimille : les arrivées de migrants posent un défi au gouvernement, entre règles européennes et risque de crispation de l’opinion publique.

Lundi, plusieurs dizaines de migrants, la plupart africains, campaient sur des rochers en bord de mer, après avoir été empêchés par les autorités françaises d’entrer en France à la frontière italienne à Vintimille.

 

 

Le problème ne concerne évidemment pas que la France : parlant de « pire crise des réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale », Amnesty International a dénoncé lundi l'« échec honteux » de la communauté internationale.

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Cazeneuve reste sur ses positions

Mais il pose la question de la solidarité européenne, à la veille d’une réunion des ministres de l’Intérieur à Luxembourg qui devront plancher sur l’éventuelle répartition de 40.000 réfugiés. Paris n’entend pas pour autant dévier de sa ligne sur le sujet : les migrants bloqués à Vintimille « n’ont pas à passer et ils doivent être pris en charge par l’Italie », a affirmé Bernard Cazeneuve lundi.

« Il n’y a pas de blocage de la frontière, parce que nous sommes dans un espace ouvert, il y a simplement le respect à la frontière franco-italienne des règles de Schengen et de Dublin », a martelé le ministre de l’Intérieur sur BFMTV et RMC, en soulignant que « nous avons eu près de 8.000 passages depuis le début de l’année, nous avons fait réadmettre plus de 6.000 personnes en Italie ».

Dimanche, le Premier ministre italien Matteo Renzi avait menacé d’un « plan B », qui ferait surtout « mal à l’Europe » si l’Italie n’est pas mieux soutenue par l’UE pour faire face à l’afflux de migrants.

Les Français divisés

Le sujet suscite des réactions fortes. Après les évacuations de campement à Paris, une partie de la gauche s’est engagée aux côtés des migrants, multipliant les actions de solidarité et dénonçant le traitement que leur réservent les pouvoirs publics.

« Il faut une tout autre politique en faveur des réfugiés », ont estimé lundi plusieurs représentants de partis de gauche (communistes, NPA…) à Paris en appelant à une manifestation mardi. Une centaine d’associations et d’ONG, dont Médecins du monde et la Ligue des droits de l’homme, réunies dans le collectif « Des Ponts pas des murs », a également appelé à manifester samedi à Paris « en solidarité avec les migrants ».

Mais le sujet divise, même à gauche. 70 % des Français - et 52 % des sympathisants de gauche - n’ont pas été choqués par les expulsions menées ces dernières semaines, selon un sondage Odoxa pour iTélé. Et à deux ans de la présidentielle, les thématiques migratoires occupent de plus en plus de place dans le débat public.

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L’idée d’un centre d’accueil des migrants à Paris fait débat

Samedi, Nicolas Sarkozy a appelé à un « nouveau Schengen » tout en s’interrogeant sur la nécessité de « remettre en cause » le droit du sol. « Cette question, incontestablement, est une question qui peut se poser », a-t-il affirmé.

L’idée d’un centre d’accueil des migrants à Paris, évoquée par la maire socialiste, Anne Hidalgo, ne fait pas non plus l’unanimité.

Quant à l'extrême droite, sa position est radicale : « Qu’on arrête de les loger, qu’on arrête l’aide médicale d’Etat qui coûte un milliard d’euros par an », a estimé dimanche la présidente du Front national, Marine Le Pen.