Congrès de Poitiers: Trois défis que le parti socialiste va devoir relever

POLITIQUE De vendredi à dimanche, les socialistes se réunissent pour mettre en ordre de marche le parti...

Thibaut Le Gal
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Conférence de presse de Jean-Christophe Cambadélis, le 29 mai 2015.
Conférence de presse de Jean-Christophe Cambadélis, le 29 mai 2015. — CHAMUSSY/SIPA

Week-end en famille à Poitiers. De vendredi à dimanche, les socialistes organisent leur congrès. Au PS, on le répète, les sujets de friction appartiennent au passé. Le vote des militants a d’ailleurs tranché : Jean-Christophe Cambadélis a été sacré avec environ 70 % des voix. Pendant trois jours, cadres et militants tenteront de mettre en ordre de marche le parti pour 2017. Trois défis les attendent.

Poursuivre le rassemblement

A gauche comme à droite, le mot a la cote. « On a désormais une majorité claire. Le premier secrétaire a une légitimité forte pour conduire le rassemblement du parti », assure Olivier Faure. « Face à une droite divisée, déchirée entre ses ego, il faut faire la démonstration inverse et préparer ensemble les échéances à venir », ajoute le député de Seine-et-Marne. Le frondeur Christian Paul n’a-t-il pas lui-même appelé à « tourner la page de la fronde parlementaire » après sa défaite contre Cambadélis?

Au congrès, « il n’y aura pas d’enjeux, ce sera deux jours et demi de défilé de gravures », raille en privé un député de la motion « Camba ». Laurent Baumel donne une autre version. « Le vote a été clair. Mais des questions restent en débat ». Le député frondeur s’explique: « Nos demandes d’inflexion au gouvernement ont été reprises par la motion A pour l’emporter. Qu’en sera-t-il réellement ? Le congrès de Poitiers sera-t-il un Bourget bis à usage des militants ou servira-t-il réellement à nous rassembler autour d’un programme d’inflexion de la politique actuelle ? »

« Le navire est stable, stabilisé », espère l’entourage de Manuel Valls. Le Premier ministre tiendra un discours attendu samedi. « Il va vouloir démontrer qu’il a une emprise sur le PS, que les 60 %, c’est sa victoire à lui », siffle Laurent Baumel. Il ajoute, malicieux. « Reste à savoir si Martine Aubry acceptera de le voir s’approprier seul la victoire de la motion A… »

Militants : stopper l’hémorragie

Depuis près de dix ans, le PS se déplume. Le parti est passé de 170.000 à 131.000 militants depuis le congrès de Toulouse en octobre 2012. En 2006, ils étaient  280.000. « On est focalisés sur le vote des parlementaires socialistes, mais le premier symptôme de la fronde est la fuite des militants », se désole Laurent Baumel. « Un militant s’engage car il a des convictions. Il fait des efforts pour aider à gagner une campagne. Et à la fin, il regarde ce que font ses amis au pouvoir. Si ça ne correspond plus aux raisons qui l’ont fait adhérer au parti, il s’en va ».

Jean-Christophe Cambadélis s’est fixé pour mission de ramener le parti à 500.000 adhérents d’ici 2017. « Un vœu pieux », souffle le député d’Indre-et-Loire. Olivier Faure nuance la morosité des chiffres. « Un parti attire davantage dans les périodes d’opposition ou lors des campagnes », explique-t-il. « Mais le problème de fidélisation existe. Il faut faire évoluer le militantisme du XXe siècle: "Distribution de tracts et collage obligatoires". Les dirigeants locaux ont parfois tendance à dissuader les nouveaux venus. On n’entre pas en politique comme en religion. Assurons-nous de garder les portes grandes ouvertes ».

(Re) faire du PS une machine à gagner

Quatre élections, quatre défaites. Municipales, européennes, sénatoriales, départementales… Depuis les législatives de 2012, le Parti socialiste ne sait plus remporter un scrutin. « Si la machine s’est enrayée, c’est parce que le gouvernement a mené une politique contraire à tout ce qu’on avait promis, et ce qu’on attend de la gauche », avance Laurent Baumel. « Il n’existe aucun raccourci vers la victoire électorale. Le seul chemin à prendre est celui d’une politique plus juste, en donnant notamment plus de moyens pour la consommation populaire ».

Jean-Christophe Cambadélis croit aux lendemains qui chantent. Le patron du PS a déroulé sa « feuille de route » pour « tenter de gagner les élections » régionales et les présidentielles. Il pourrait d'ailleurs compter sur une aide inattendue. « Le retour de Sarkozy n’est pas inutile », souligne Olivier Faure. « L’absence de la droite nous a coûté. Il n’y avait pas de projet alternatif. Les Français vont enfin pouvoir se décider projet contre projet ».