François Hollande et Manuel Valls: Le début de la discorde?

POLITIQUE Le couple exécutif semble vivre quelques turbulences...

Maud Pierron
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François Hollande et Manuel Valls le 22 octobre 2010 à l'Elysée.
François Hollande et Manuel Valls le 22 octobre 2010 à l'Elysée. — A. JOCARD / AFP

La fin de l’entente cordiale entre François Hollande et Manuel Valls? Le chef de l’Etat en a «un peu marre» que Manuel Valls «fasse provoc sur provoc. Il tire un peu trop sur la corde», a-t-il lancé devant ses conseillers selon le Canard Enchaîné. «Il fait de la communication, encore de la communication, et les réformes n’avancent guère», se plaint encore François Hollande.

Invité de RTL ce mercredi matin, le Premier ministre a nié tout problème et vanté sa relation de «confiance» avec le chef de l’Etat. Il a aussi rappelé les conditions de sa nomination en avril dernier à Matignon, quand François Hollande a dit «"Valls doit faire du Valls". Eh bien moi, je fais du Valls. Ma mission, c’est de réformer et je vais réformer parce que ce pays a besoin de réformes.»

Le piège de la petite phrase

Mais toujours selon le Canard Enchaîné, Manuel Valls se plaint du flou du chef de l’Etat. «A un moment il faut sortir du flou et des ambiguïtés. Hollande doit nous dire le 6 novembre s’il tient encore aux 50 milliards d’économies et au pacte de responsabilité», s’énervait en petit comité le Premier ministre, après que le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll a jugé la contribution assassine de Martine Aubry «bienvenue» et dont certains points «méritent débat». 

Depuis la nomination de Manuel Valls, les observateurs sont aux aguets d’une éventuelle mésentente entre deux personnalités aux caractères si opposés, avec un Valls bien plus populaire qu’un Hollande, même s’il est à la baisse. Jusque-là, les deux hommes et leur entourage avaient évité les pièges de la petite phrase assassine. Mais c’est la première fois qu’une critique aussi vigoureuse du chef de l’Etat visant Manuel Valls affleure dans les médias.

Un accroc peut-être pas si innocent. En effet, la semaine dernière, publiquement, François Hollande avait déjà tancé son Premier ministre, l’air de ne pas y toucher mais avec une ironie mordante qui avait déconcerté dans le cadre très solennel de sa remise de la grand-croix de l’Ordre national du mérite. Il avait par exemple rappelé que le modèle de Manuel Valls est George Clemenceau, un «personnage controversé, y compris au sein de la gauche française».

Un couple sous pression

«C'est sans doute pour ça que vous l'avez choisi, car vous aimez la controverse, à condition qu'elle soit facteur de débat, de contradiction et en même temps de synthèse. Car il faut aussi qu'il y ait des hommes de synthèse dans la République. C'est très important dans les références que chacun peut avoir.» Juste après, toujours en évoquant Clemenceau, Hollande ajoute: «Il n'est pas devenu président de la République, mais on peut réussir aussi son existence sans être président de la République.»

Evidemment, les deux hommes réfutent tout problème entre eux, d’ordre politique ou relationnel, l’entourage de Manuel Valls ne cessant de répéter que le Premier ministre applique à la lettre la feuille de route décidée par le chef de l’Etat sur le fond comme sur la forme.

Mais il semble bien que, comme un couple lambda, celui de l'exécutif vit quelques tiraillements après avoir vécu une rentrée catastrophique, de la sortie d'Arnaud Montebourg et Hamon à Frangy-en-Bresse, en passant par la guérilla interne des frondeurs aux charges publiques de Martine Aubry, aux livres divers et variés.