Qui est Bastien Millot, ex-patron de Bygmalion et proche de Copé?

POLITIQUE Portrait de ce fan de «Borgen» qui a préféré voter Ségolène Royal que Nicolas Sarkozy en 2007...

M.P. avec AFP
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Bastien Millot, cofondateur de Bygmalion, le 8 février 2012.
Bastien Millot, cofondateur de Bygmalion, le 8 février 2012. — BALTEL/SIPA

Il était celui qui murmurait  à l'oreille de Jean-François Copé, celui qui conseillait le député-maire de Meaux, décrit comme un «Copé boy» ... Souvent vu  comme «très habile» mais  décrié par certains de ceux qui l'ont croisé,  l'ex-dirigeant de  Bygmalion Bastien Millot dit avoir «la conscience  tranquille» face aux «affaires», dont l'une a fait chuter le président  de l'UMP.

«C'est ma troisième campagne de presse» -contre lui s'entend-   confie-t-il à la terrasse d'un café de Saint-Quentin (Aisne), sa ville   natale. A 41 ans, l'ancien élève de Copé à Sciences-Po, veille à ne   laisser poindre aucun signe de nervosité. «Je serais inquiet si j'avais fait quelque chose de  réprehensible»,  justifie-t-il, placide, en sirotant un coca light.  Depuis quelques  semaines, il lit pourtant des «trucs délirants» et «des  chiffres dans  tous les sens» autour de Bygmalion.

De toute façon, assure-t-il, il n'a traité ni «de près» ni «de loin» à ce qui a trait à la campagne de Sarkozy de 2012. Copé le prend dans ses bagages quand il devient maire de Meaux en  1995. Millot le suit ensuite au gouvernement jusqu'en 2005, quand il  rejoint France Télévisions.

Son rêve, devenir avocat

Il crée ensuite la société Bygmalion, avec Guy Alvès, un  autre  ancien «Copé boy». Les deux hommes sont aujourd'hui mis en examen  pour  «recel de favoritisme» pour des contrats passés entre la société et   France Télé.

Mais depuis fin février, la presse accuse Bygmalion d'avoir  pratiqué  des fausses factures pour plusieurs millions d'euros. Bastien Millot  n'est plus dirigeant de Bygmalion depuis l'été 2013 parce que, dit-il,  il est devenu avocat, un de ses «rêves». Dans sa nouvelle vie, il fait donc la navette entre la  Picardie, où  il va ouvrir des chambres d'hôtes dans une maison de  famille, Paris et  le barreau de Marseille, où il a prêté serment début  mars.

«Ma vie, ce n'est pas qu'une relation à Jean-François Copé»,   souligne ce quadra au visage poupin. Pour lui, l'épisode actuel est   «moins douloureux» que sa première affaire judiciaire quand il était élu   à Beauvais début 2000.

Logé dans l'appartement de fonction de Copé

Pour la maire de Beauvais, Caroline Cayeux, il est un souvenir pénible, un homme contre qui  elle a porté plainte à l'époque. Au prononcé du nom de Millot  au téléphone,  elle lâche un «Oh mon Dieu!», suivi d'un «c'est un  monsieur très  brillant» avec qui «j'ai eu un conflit de valeurs» et  s'empresse de  raccrocher. Il est alors condamné à une amende pour détournements de  fonds  publics, complicité de faux et usage de faux pour des heures   supplémentaires fictives.

Sa deuxième campagne de presse, Bastien Millot  la connaît au moment  de l'affaire Gaymard en 2005. Copé est lui aussi  pointé du doigt pour  occuper un logement de fonction alors que son  propre appartement -en  travaux- est prêté à... Millot.

«C'est la clé du sytème Copé», lâche un membre de l'UMP qui  le  connaît depuis longtemps. Comme beaucoup de détracteurs, il tient à   rester anonyme et brosse un portrait à charge d'un homme «talentueux»   qui suscite tout à la fois «attrait» et «répulsion».

«C'est l'un des hémisphères du cerveau de Copé», dit un  détracteur.  Un autre l'accuse de «courir après la reconnaissance» du  fait  d'origines modestes, un troisième d'avoir «un problème avec   l'argent»... Et l'un d'eux de délivrer ce diagnostic définitif: «avec   Bastien, cela se termine toujours mal». Et si Copé chute, lui demandait-on la semaine dernière ? «Je serais triste pour lui car il ne mérite pas ça».

Electeur de Royal et fan de Borgen

Peu acceptent de parler de lui publiquement quand certains prétendent maladroitement ne l'avoir jamais croisé. Benoist Apparu, qui le connaît «plutôt de loin», n'a pourtant  «pas  le sentiment qu'il soit ultra-clivant», «moins que son patron» en  tout  cas.

Aurore Gorius, coauteure du livre «Les gourous de la com», se   souvient qu'«à l'époque (2011 ndlr) il n'a pas du tout une réputation   sulfureuse dans le milieu de la communication». On apprend dans   l'ouvrage qu'il est ami avec la socialiste Anne Hidalgo. Il ne cache pas   avoir voté Royal en 2007.

«Il connaît le monde des médias par coeur», explique aussi  Anne  Gorius, en réference à sa carrière de chroniqueur sur Europe 1 et   I-Télé, mise en veilleuse depuis cet hiver.

Ces temps-ci, il se délecte de la série danoise Borgen, où  l'un des  personnages les plus savoureux, Kasper Juul, est un brillant et  très  secret conseiller en communication politique.