Qui est Bastien Millot, ex-patron de Bygmalion et proche de Copé?
POLITIQUE Portrait de ce fan de «Borgen» qui a préféré voter Ségolène Royal que Nicolas Sarkozy en 2007...
Il était celui qui murmurait à l'oreille de Jean-François Copé, celui qui conseillait le député-maire de Meaux, décrit comme un «Copé boy» ... Souvent vu comme «très habile» mais décrié par certains de ceux qui l'ont croisé, l'ex-dirigeant de Bygmalion Bastien Millot dit avoir «la conscience tranquille» face aux «affaires», dont l'une a fait chuter le président de l'UMP.
«C'est ma troisième campagne de presse» -contre lui s'entend- confie-t-il à la terrasse d'un café de Saint-Quentin (Aisne), sa ville natale. A 41 ans, l'ancien élève de Copé à Sciences-Po, veille à ne laisser poindre aucun signe de nervosité. «Je serais inquiet si j'avais fait quelque chose de réprehensible», justifie-t-il, placide, en sirotant un coca light. Depuis quelques semaines, il lit pourtant des «trucs délirants» et «des chiffres dans tous les sens» autour de Bygmalion.
De toute façon, assure-t-il, il n'a traité ni «de près» ni «de loin» à ce qui a trait à la campagne de Sarkozy de 2012. Copé le prend dans ses bagages quand il devient maire de Meaux en 1995. Millot le suit ensuite au gouvernement jusqu'en 2005, quand il rejoint France Télévisions.
Son rêve, devenir avocat
Il crée ensuite la société Bygmalion, avec Guy Alvès, un autre ancien «Copé boy». Les deux hommes sont aujourd'hui mis en examen pour «recel de favoritisme» pour des contrats passés entre la société et France Télé.
Mais depuis fin février, la presse accuse Bygmalion d'avoir pratiqué des fausses factures pour plusieurs millions d'euros. Bastien Millot n'est plus dirigeant de Bygmalion depuis l'été 2013 parce que, dit-il, il est devenu avocat, un de ses «rêves». Dans sa nouvelle vie, il fait donc la navette entre la Picardie, où il va ouvrir des chambres d'hôtes dans une maison de famille, Paris et le barreau de Marseille, où il a prêté serment début mars.
«Ma vie, ce n'est pas qu'une relation à Jean-François Copé», souligne ce quadra au visage poupin. Pour lui, l'épisode actuel est «moins douloureux» que sa première affaire judiciaire quand il était élu à Beauvais début 2000.
Logé dans l'appartement de fonction de Copé
Pour la maire de Beauvais, Caroline Cayeux, il est un souvenir pénible, un homme contre qui elle a porté plainte à l'époque. Au prononcé du nom de Millot au téléphone, elle lâche un «Oh mon Dieu!», suivi d'un «c'est un monsieur très brillant» avec qui «j'ai eu un conflit de valeurs» et s'empresse de raccrocher. Il est alors condamné à une amende pour détournements de fonds publics, complicité de faux et usage de faux pour des heures supplémentaires fictives.
Sa deuxième campagne de presse, Bastien Millot la connaît au moment de l'affaire Gaymard en 2005. Copé est lui aussi pointé du doigt pour occuper un logement de fonction alors que son propre appartement -en travaux- est prêté à... Millot.
«C'est la clé du sytème Copé», lâche un membre de l'UMP qui le connaît depuis longtemps. Comme beaucoup de détracteurs, il tient à rester anonyme et brosse un portrait à charge d'un homme «talentueux» qui suscite tout à la fois «attrait» et «répulsion».
«C'est l'un des hémisphères du cerveau de Copé», dit un détracteur. Un autre l'accuse de «courir après la reconnaissance» du fait d'origines modestes, un troisième d'avoir «un problème avec l'argent»... Et l'un d'eux de délivrer ce diagnostic définitif: «avec Bastien, cela se termine toujours mal». Et si Copé chute, lui demandait-on la semaine dernière ? «Je serais triste pour lui car il ne mérite pas ça».
Electeur de Royal et fan de Borgen
Peu acceptent de parler de lui publiquement quand certains prétendent maladroitement ne l'avoir jamais croisé. Benoist Apparu, qui le connaît «plutôt de loin», n'a pourtant «pas le sentiment qu'il soit ultra-clivant», «moins que son patron» en tout cas.
Aurore Gorius, coauteure du livre «Les gourous de la com», se souvient qu'«à l'époque (2011 ndlr) il n'a pas du tout une réputation sulfureuse dans le milieu de la communication». On apprend dans l'ouvrage qu'il est ami avec la socialiste Anne Hidalgo. Il ne cache pas avoir voté Royal en 2007.
«Il connaît le monde des médias par coeur», explique aussi Anne Gorius, en réference à sa carrière de chroniqueur sur Europe 1 et I-Télé, mise en veilleuse depuis cet hiver.
Ces temps-ci, il se délecte de la série danoise Borgen, où l'un des personnages les plus savoureux, Kasper Juul, est un brillant et très secret conseiller en communication politique.