Décision jeudi sur l'utilisation du terme «fasciste" par Mélenchon à l'égard de Marine Le Pen
POLITIQUE «Pourquoi voulez-vous que le peuple français soit le seul peuple qui ait envie d'avoir un fasciste à sa tête? », avait lancé le leader d'extrême gauche...
La justice rend jeudi sa décision concernant les poursuites engagées contre le coprésident du Parti de Gauche Jean-Luc Mélenchon par Marine Le Pen (FN), qui s'estime injuriée par l'utilisation du terme « fasciste » à son égard.Le 5 mars 2011, invité à réagir sur un sondage donnant Mme Le Pen en tête au premier tour de la présidentielle de 2012, M. Mélenchon avait déclaré sur i-Télé: « Tout ça est une guignolisation de la vie politique, absolument invraisemblable », « pourquoi voulez-vous que le peuple français soit le seul peuple qui ait envie d'avoir un fasciste à sa tête? »
« Je n'ai pas injurié Mme Le Pen, je l'ai caractérisée », avait expliqué à la barre de la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris M. Mélenchon, assurant lors de l'audience du 6 mars avoir livré une « opinion politique ». M. Mélenchon, qui s'était présenté face à Mme Le Pen dans le Pas-de-Calais à Hénin-Beaumont à la législative de 2012 et avait été éliminé au premier tour de ce scrutin finalement remporté par le candidat socialiste, avait enfoncé le clou en affirmant devant le tribunal que « les fondateurs du Front national sont des fascistes avérés et assumés ».
«Le fait de vouloir interdire le terme de fasciste est typiquement fasciste»
Si M. Mélenchon n'avait « peut-être pas l'intention de commettre une infraction pénale », il y avait de sa part « une volonté d'injurier, invectiver, rabaisser, mépriser et faire mépriser Marine Le Pen », avait plaidé l'avocat de la leader frontiste, Me Wallerand de Saint-Just, pour qui « il n'y a pas d'injure plus grave, plus profonde ». Dans un lapsus, l'avocat avait réclamé un « franc » de dommages et intérêts, assurant que sa cliente ne cherchait pas à obtenir du tribunal « un brevet de républicanisme », « dont d'ailleurs elle n'a pas besoin ».
La représentante du parquet avait quant à elle estimé que M. Mélenchon n'avait « pas excédé les limites de la liberté d'expression ». « Le fait de vouloir interdire le terme de fasciste est typiquement fasciste », avait plaidé en défense Me Raquel Garrido, demandant pour son client 10.000 euros de dommages et intérêts pour procédure abusive.