Face au racisme, François Hollande appelle à «la plus grande fermeté»

M. Go. avec AFP
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Christiane Taubira, le 11 juillet dans son bureau à Paris.
Christiane Taubira, le 11 juillet dans son bureau à Paris. — M. BUREAU / AFP

François  Hollande a appelé, mercredi en Conseil des ministres, à «la plus grande  fermeté et à la plus grande vigilance», après les propos racistes contre  la ministre de la Justice, Christiane Taubira, a rapporté la  porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem. «Le président de la République a renouvelé son soutien à  Christiane Taubira face à la gravité extrême des insultes racistes qui  ont été proférées à son endroit. Il a appelé à la plus grande fermeté et  la plus grande vigilance en la matière», a déclaré Najat  Vallaud-Belkacem.

Dans une longue interview à Libération, la ministre de la Justice est revenue sur les attaques racistes dont elle a été victime. Comparée à un singe sur les réseaux sociaux, traitée de guenon par des enfants tenant des peaux de banane à Angers, la garde des Sceaux affirme avoir reçu «beaucoup de messages de soutiens», mais elle prévient.

«Le racisme n'est pas une opinion, c'est un délit» 

«Ces attaques racistes sont une attaque au cœur de la République. Est-on encore capable de réagir lorsque la société est ébranlée sur ses fondations? Les réactions n'ont pas été à la mesure. (...) Ce sont des analyses, pas une alerte, dans le sens où des consciences dans la société française pourraient dire: "Attention, ce n'est pas périphérique, c'est une alarme". Ce qui m'étonne le plus, c'est qu'il n'y a pas eu de belle et haute voix qui se soit levée pour alerter sur la dérive de la société française», déclare-t-elle tout en soulignant «le sujet, ce n’est pas ma personne». «Des millions de personnes sont mises en cause quand on me traite de guenon. Des millions de gamines savent qu'on peut les traiter de guenon dans les cours de récréation!»

>> Voir la tribune du journaliste Harry Roselmack sur Lemonde.fr, 20 Minutes en a parlé ici

Taubira analyse une dérive française. «C'est la cohésion sociale qui est mise à bas, l'histoire d'une nation qui est mise en cause», poursuit la ministre qui évoque des «digues qui tombent». «Je me ramasse depuis longtemps du "macaque"», du "Y’a bon Banania"», déclare la garde des Sceaux.

Tout en indiquant avoir dit à son cabinet «qu'on avait autre chose faire» que porter plainte, la ministre défend les actions judiciaires. «La réponse judiciaire est indispensable. Il faut rappeler que le racisme n'est pas une opinion, c'est un délit.»

Nicolas Sarkozy accusé

Dans l'interview à Libération, Christiane Taubira pointe les errements de Nicolas Sarkozy, une dérive qui procède «périodiquement, et encore sous le dernier quinquennat, on a construit un ennemi intérieur. Ceux qui sont incapables de tracer un horizon passent leur temps à dire au peuple français qu'il est envahi, assiégé, en danger.»

«Lorsqu'on regarde les chiffres de l'immigration, il faut arrêter d'en faire un feuilleton quotidien! En quoi l'immigration est-elle un problème? En quoi met-elle en danger la société française?», s’interroge la ministre qui a défendu le mariage homo et qui regrette «les polémiques autour des Roms». «On continue à dire aux Français: "Vous êtes 67 millions, mais continuez à mettre votre bouclier sur vos têtes parce que vous êtes assiégés" au lieu de généraliser des réponses efficaces. La parole politique doit être plus claire, plus déterminée, plus ancrée historiquement et plus projetée dans l'avenir.»