Critiques de Batho sur le gouvernement: «Une crise politique majeure» pour Borloo... «Un acte de résistance» pour le Parti de Gauche
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Les propos de Delphine Batho sur les «forces» économiques qui souhaitaient son éviction nécessitent «des réponses» du gouvernement et de François Hollande, a estimé le sénateur écologiste, Jean-Vincent Placé.
«Ce qu'elle raconte des pressions des lobbies patronaux industriels productivistes est extrêmement inquiétant» et cela «nécessite des réponses du ministre du Budget, du Premier ministre et des réponses du président de la République», a déclaré le sénateur à l'AFP.
Le patron des députés PS a estimé jeudi après la conférence de presse de Delphine Batho que «la responsabilité c'est d'assumer ses propres erreurs, pas de l'imputer à la ligne politique du gouvernement», a estimé Bruno Le Roux dans les couloirs de l'Assemblée, peu après les déclarations de Delphine Batho qui a mis en cause avec virulence le tandem de l'exécutif.
Dans un communiqué, le porte-parole de la Gauche unitaire écrit: «Delphine Batho, tirant avec courage les enseignements de son éviction brutale du gouvernement, en vient-elle aux mêmes conclusions que le Front de gauche. Comme nous, elle constate que l'austérité interdit au peuple d'accéder au changement qui lui avait été promis (...) L'ancienne ministre de l'Environnement reste, bien sûr, solidaire du dogme de l'équilibre budgétaire au nom duquel le gouvernement cherche à plier la France à une ligne en tout point opposée à ce que la majorité de ses citoyens attendait en mai et juin 2012».
Le député PS de l'Essonne a déclaré à la presse, dans les couloirs de l'Assemblée nationale. «Je l'ai trouvée digne, émouvante, ça m'a redonné de la fierté d'être à gauche quand je vois une femme comme elle. Elle représente tout ce dont notre génération a envie, des gens qui ne baissent pas la tête, qui restent au combat (...) Quand elle dit qu'il n'y a plus de collégialité au sein du gouvernement, elle renvoie à un sentiment que l'on ressent ici au groupe socialiste: plus ça devient difficile politiquement, moins on demande leur avis à ceux qui participent de ce combat... L'idée qu'un gouvernement de gauche pratique comme un gouvernement de droite, ce n'est pas possible».
Alors que Delphine Batho a indiqué jeudi qu'elle apporterait son «aide» et son «expérience» à la Fondation Nicolas Hulot, celle-ci tient à préciser ce jeudi soir:
«Tout cela est très informel. Il y a eu des échanges ces derniers jours avec Nicolas Hulot et ils se sont dits qu'il fallait qu'ils puissent continuer à travailler ensemble», a-t-il ajouté.
Des déclarations qui n’ont rien de tiède. L'ex-ministre de l'Écologie Delphine Batho a accusé jeudi le gouvernement d'avoir cédé à «certaines forces économiques», liées notamment au gaz de schiste et au nucléaire, qui «voulaient (s)a tête». Ses propos ont fait vivement réagit la classe politique.
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Le ministre délégué au Budget Bernard Cazeneuve a assuré ce jeudi que son ancienne collègue Delphine Batho n'avait pas, contrairement à ce qu'elle a affirmé, réclamé une «réunion d'arbitrage» avec le Premier ministre Jean-Marc Ayrault pour contester la baisse des crédits de l'Écologie.
Pas de réunion demandée par Batho, affirme Cazeneuve
«Lorsque les ministres ont souhaité des arbitrages à Matignon, des réunions se sont tenues à Matignon en présence du Premier ministre et des ministres concernés pour qu'il soit procédé (...) aux arbitrages qui devaient être faits», a réagi Bernard Cazeneuve. Or, selon lui, l'ex-ministre de l'Écologie n'a pas demandé une telle réunion, contrairement à ses collègues de l'Outre-Mer, du Travail et de l'Éducation nationale.