L'Elysée craint l'explosion sociale
Alors que le «mariage pour tous» enflamme les médias et l’Assemblée depuis 15 jours, l’Elysée semble en ce moment beaucoup plus concentrée sur une autre actualité. La détérioration du climat social et la radicalisation de certains leaders syndicaux inquiète l’entourage de François Hollande. «Tous les ingrédients sont réunis pour que ce soit violent», explique un conseiller.
Confusion sur l’avenir de la raffinerie Petroplus de Petit-Couronne, fermeture de l’usine Goodyear d'Amiens-Nord, licenciements à PSA ou encore à Virgin, les dossiers s’accumulent sur le bureau du ministère du redressement productif. Au moins 50.000 emplois sont d’ores et déjà menacés par un plan social. «On sait que la période avant le printemps est traditionnellement compliquée», poursuit ce proche de Hollande.
Premier objectif: rassurer
Même si l’Elysée fait attention de ne pas court-circuiter Arnaud Montebourg, les conseillers de François Hollande, notamment Michel Yahiel en charge des questions sociales, s’activent pour désamorcer ces situations explosives. Avec une stratégie: rassurer tout en restant ferme.
Lundi, François Hollande a ainsi annoncé en marge de son déplacement à Pierrefitte-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) qu’une loi sur les sites rentables «trouvera sa place dans le calendrier parlementaire». Ce texte est en cours de préparation et pourrait être présentée à l’Assemblée «dans les semaines à venir». Sous la pression des députés socialistes, le gouvernement avait déjà donné son accord mi-janvier à la proposition de loi dite Florange qui oblige à céder un site industriel rentable. L’Elysée reste en revanche beaucoup plus floue sur une hypothétique loi, réclamée par les syndicats, qui interdirait les licenciements boursiers. Pour porter et incarner cette dynamique législative, Hollande devrait parler aux Français lors d’une intervention télévisée dont la date n’est pas encore fixée.
Ferme face aux violences
Inquiète par la radicalisation de certains conflits, notamment à Aulnay ou chez Goodyear qui appelle à la mobilisation mardi, l’Elysée assume le déploiement de forces policières. «L’ordre républicain doit être respectée dans les deux sens», explique un proche de Hollande qui admet que «le dialogue est plus compliqué» avec de jeunes leaders syndicaux radicaux. «Nous demandons à ce que de l’huile ne soit pas rajoutée sur le feu.» Sur cet aspect des conflits sociaux, Hollande semble donc sur la même longueur d’onde que Manuel Valls, son ministre de l’Intérieur, qui s’est montré très ferme, jeudi dernier. «Il n'y a pas de place pour la violence, et je lance évidemment un avertissement, la police, elle fait son travail, mais on ne peut pas admettre qu'on cherche à casser l'outil de travail, à briser des mobiliers urbains, qu'on s'attaque à des édifices publics, qu'on lance des boulons sur des policiers», avait-il déclaré sur Europe 1.